Fondatrice de The Great Design Disaster avec l’architecte d’intérieur et galeriste Gregory Gatserelia, Joy Herro partage avec sa clientèle son expertise de l’art contemporain et du design, mais lui propose aussi de s’impliquer dans le processus de création. Un concept qui donne naissance à des pièces uniques comme celles ponctuant l’appartement de la designeuse.
C’est en 2017, lors d’un dîner à Beyrouth, au Liban, que Joy Herro et Gregory Gatserelia se sont rencontrés. « Gregory avait commandé des mezze et j’ai créé accidentellement une œuvre comestible en renversant la nourriture sur la table », se rappelle, amusée, la jeune femme.
Le gourmet est dépité, l’esthète ravie. De cette rencontre naîtra, en 2019, The Great Design Disaster (TGDD), dont l’objectif est de faire participer pleinement les collectionneurs et les particuliers à la conception de leurs objets.
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« Nous sommes partis d’un constat : les gens ont de plus en plus tendance à accumuler de belles choses et à personnaliser leur environnement. Avec TGDD, on avait envie de revenir aux sources, à une ère préindustrielle où le prêt à l’emploi n’existait pas encore et où le sur-mesure était la règle. C’est exactement notre vocation : réaliser des œuvres qui correspondent à l’esprit et au sens esthétique de nos clients », expliquent les deux fondateurs.
Née au Liban, Joy Herro quitte Beyrouth à l’âge de 22 ans pour s’installer à Rome où elle étudie le design de produits puis intègre différents cabinets d’architecture intérieure avant de gérer une galerie basée à Rome, spécialisée dans le design italien des années 50 à 70. Gregory Gatserelia est, lui, originaire de Géorgie, dans le Caucase. Il passe son enfance en France.
Diplômé de l’Académie libanaise des beaux-arts, à Beyrouth, ce globe-trotteur entame sa carrière d’architecte d’intérieur dans les années 80 à Toronto, au Canada, où il fonde en 1985, avec son frère Alexander, Gatserelia Design. À la fin de la guerre civile libanaise, le designer et conseiller en art contemporain déménage son studio à Beyrouth où il multiplie avec succès les projets aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Passionnée de design et d’art contemporain, la clientèle de TGDD vient pour l’essentiel de Londres, de Paris, de Dubai, de Beyrouth et de Marrakech. Depuis la première création – un vestibule recouvert de 10 000 carreaux en métal, travaillés un à un à la main –, une trentaine de projets ont été honorés.
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« On a des demandes originales, d’autres plus classiques comme une table ou une console, mais ce n’est jamais simple. Il faut toujours s’assurer que la forme est adaptée au matériau ou vice versa, et si ce n’est pas le cas, on entre dans la phase de recherche. Quelquefois, les requêtes nécessitent une réalisation au centimètre près, ce qui peut se révéler compliqué en termes techniques avec certains matériaux, comme le verre de Murano », indique Joy Herro.
« On s’est installé à Milan pour être au plus près des artisans, précise-t-elle. Je passe la majeure partie de mes journées dans leur atelier pour suivre le travail en cours. » Triée sur le volet, cette vingtaine de professionnels maîtrise aussi bien le travail du bois, du verre, du textile, du métal que du bronze.
« Le désir du client déclenche tout le processus, explique la designer. Avec l’équipe de TGDD, nous l’aidons à exprimer sa vision à travers des dessins et des rendus 3D. Ensuite, nous choisissons avec l’artisan la meilleure option pour concrétiser l’idée initiale. Nos collaborateurs prennent en charge toutes les étapes : de l’estimation des coûts jusqu’au résultat définitif. Nous ne sommes pas dans un contexte industriel, aussi le cheminement est long. Mais c’est la beauté de l’expérience ! C’est une aventure de gestation affective, un peu comme une mère attend la venue de son bébé. »
Une fois n’est pas coutume, The Great Design Disaster vient de signer un tapis pour la galerie Nilufar. Et d’ici octobre, la plate-forme devrait inaugurer un espace à Milan. Une nouvelle étape qui confirme le succès du concept.
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