À quoi ressemblerait le musée imaginaire de Franklin Azzi ?

Commandes publiques ou privées, réhabilitation, commissariat d’exposition… Franklin Azzi se révèle aujourd’hui incontournable. En son nom ou au sein de l’entité Nouvelle AOM (collectif créé en juin 2016 pour répondre au concours international « Demain Montparnasse » et issu de l’association de trois agences parisiennes), il multiplie les projets et les réalisations, investissant aussi l’architecture intérieure. Pour IDEAT, il se confie sur l'esthétique de son musée imaginaire.

Nous devons à Franklin Azzi la rénovation du restaurant la Tour d’Argent et la restructuration du 26 Champs-Élysées (bureaux, commerces et rooftop). À venir, des interventions sur la tour Ariane, à la Défense (92), sur le siège de Gucci France, sur la gare de L’Haÿ-les-Roses (94) et sur la tour Montparnasse. Le musée imaginaire de ce féru d’art contemporain fait figure de panthéon personnel d’hommes et de femmes de l’art. Découverte.


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L’architecture globale de Franklin Azzi

« Même imaginaire, mon musée serait ancré dans une réalité vivante et incarnée. Je suis très investi dans l’art contemporain, avec une tendresse particulière pour les musées-ateliers. L’artiste y a vécu, travaillé et a parfois construit le bâtiment. Il nous permet d’entrer dans son intimité, voire dans son esprit, comme au Noguchi Museum, à Long Island, dans l’État de New York, ou à la Judd Foundation, à Marfa, au Texas.

Isamu Noguchi dans son studio de Long Island City, Queens, 1964. The Noguchi Museum Archives, 07281.
Isamu Noguchi dans son studio de Long Island City, Queens, 1964. The Noguchi Museum Archives, 07281. Isamu Noguchi Foundation et Garden Museum

Si l’incarnation du lieu est primordiale, la création est intimement liée au mode de vie, à l’environnement, à une culture et à une langue. Les musées-monuments ou les fondations-monuments sont intimidants. Heureusement, les plasticiens mettent leurs œuvres à portée de main: les land-artistes dans la nature et les street-artistes en milieu urbain.

Mon site se situerait plutôt en montagne, près d’un lac, et fusionnerait son enveloppe avec la nature toute proche. Passionné d’architecture troglodyte, j’imagine une meurtrière percée dans une forêt qui pourrait être l’œuvre de l’architecte-paysagiste Michel Desvigne.

Y seraient accueillies les installations spectaculaires du land-artiste Michael Heizer, mais aussi la Sagrada Familia et le parc Güell d’Antoni Gaudí, dont les formes découlent de la nature, de même que la Fondation Cartier, conçue par Jean Nouvel, d’une grande poésie, bien intégrée dans la ville et son jardin sauvage signé Lothar Baumgarten.

À l’intérieur de la Fondation Cartier.
À l’intérieur de la Fondation Cartier. Jean-Baptiste Le Mercier

De multiples arts, métiers et disciplines seraient représentés, des personnes issues de différents univers croiseraient leurs projets artistiques, leurs interrogations sociétales, leurs visions anticipatrices. Si bien que se chevaucheraient la peinture, la sculpture, les arts textiles (les œuvres de Sonia Delaunay sont de l’art pur!), l’artisanat d’art du bois, du verre ou de la céramique et l’architecture.

À ce propos, j’inviterais Alvar Aalto – il n’a jamais dérogé à ses principes –, Tadao Ando et Renzo Piano, sans oublier Édith Girard et son approche sensible de la question du logement ainsi qu’Eileen Gray. L’architecte et designeuse a conçu l’agencement intérieur de la villa E-1027, puissant et subtil manifeste d’architecture cosigné avec Jean Badovici à Roquebrune-Cap-Martin.

Signé Renzo Piano, le Stavros Niarchos Foundation Cultural Center abrite les impressionnants volumes de la Bibliothèque nationale.
Signé Renzo Piano, le Stavros Niarchos Foundation Cultural Center abrite les impressionnants volumes de la Bibliothèque nationale. Filippo Bamberghi pour IDEAT

Je pense aussi à Pierre Chareau, à la fois architecte et designer. Parmi mes photographes préférés, Thomas Mailaender, dont l’humour fait du bien, pourrait cohabiter avec Tatiana Trouvé – mon agence est intervenue sur l’aspect technique de ses sculptures monumentales –, une artiste méticuleuse dont l’installation 350 Points à l’infini (350 fils à plomb en lévitation et en diagonale) m’a beaucoup impressionné lors d’une exposition au Tripostal, à Lille.

Je proposerais une carte blanche à Sophie Calle et à Nina Childress. Et sans aucun doute, il y aurait les vitraux et les textiles de l’ornemaniste Pierre Marie. Enfin, mon musée appliquerait les règles du feng shui, elles sont de bon sens, et il faut se sentir bien dans un espace ! »


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