À Paris, un élégant appartement contemporain aux volumes lumineux

En travaillant sur la sinuosité, Alexandra Boussagol a su apporter à un pied-à-terre désuet une denrée rare : la douceur. Tour du propriétaire.

Repenser un espace pour lui insuffler une nouvelle identité sans forcément éliminer le charme de son passé, tel fut le challenge que remporta haut la main l’architecte d’intérieur Alexandra Boussagol en intervenant par touches délicates. L’appartement contemporain qu’elle a relooké se situait à l’origine dans un petit hôtel particulier parisien de plusieurs étages, divisé au fil des années en appartements.

L’architecte d’intérieur Alexandra Boussagol, perchée sur le tabouret Zig Zag (Pols Potten), devant une œuvre signée Yang Yongliang.
L’architecte d’intérieur Alexandra Boussagol, perchée sur le tabouret Zig Zag (Pols Potten), devant une œuvre signée Yang Yongliang. Didier Delmas

Pour rendre cet appartement contemporain, elle a évolué autour de trois axes : la courbe, l’utilisation de bois sophistiqués et de pierres nobles – pour dessiner du mobilier sur mesure et réaliser certains habillages –, et la couleur – travaillée de manière ponctuelle, choisie en fonction de son intensité afin de contrebalancer la blancheur des murs.



La rampe de l’escalier en chêne est d’origine. En chêne toujours, mais clair, le parquet Oscar Ono, assemblé en forme de rosace, réfléchit la lumière. Table basse de l’architecte et designer Benoit Viaene. Dessus, totems en céramique « Villa Arev » de Gabrielle Thomassian. Suspensions Knot en verre soufflé d’Ali Siahvoshi et Marco Marin (Brokis). Au mur, tableau de Jean-Pierre Pincemin (1944-2005).
La rampe de l’escalier en chêne est d’origine. En chêne toujours, mais clair, le parquet Oscar Ono, assemblé en forme de rosace, réfléchit la lumière. Table basse de l’architecte et designer Benoit Viaene. Dessus, totems en céramique « Villa Arev » de Gabrielle Thomassian. Suspensions Knot en verre soufflé d’Ali Siahvoshi et Marco Marin (Brokis). Au mur, tableau de Jean-Pierre Pincemin (1944-2005). Didier Delmas

« On a cherché à adoucir par des jeux de courbes et d’arches la dominante masculine générée par les volumes, la tonalité du mobilier et des œuvres d’art, par l’eucalyptus fumé de certains rangements et la pierre d’autres revêtements », explique-t-elle. Cela se remarque surtout dans la cuisine, dont les arches, créant des alcôves dallées de travertin, ont également inspiré les lignes de deux armoires et celles de l’îlot central.

La cuisine offre une belle illustration du travail sur la courbe. L’îlot central, de forme organique, accueille la tablede cuisson et des tiroirs de rangement. Dessous, il se compose d’eucalyptus fumé et, dessus,de travertin, comme l’intérieurde l’arche, au fond. Suspensions Shadows de Dan Yeffetet Lucie Koldova (Brokis).
La cuisine offre une belle illustration du travail sur la courbe. L’îlot central, de forme organique, accueille la table
de cuisson et des tiroirs de rangement. Dessous, il se compose d’eucalyptus fumé et, dessus,
de travertin, comme l’intérieur
de l’arche, au fond. Suspensions Shadows de Dan Yeffet
et Lucie Koldova (Brokis). Didier Delmas

« Il s’agissait de réaliser pour le propriétaire de ce lieu, désormais sans enfants à charge, et pour sa compagne, un pied-à-terre chic et contemporain pour profiter de la vie parisienne et occasionnellement pour y travailler », reprend l’architecte d’intérieur. Soit 130 m2 baignés de lumière, répartis sur deux niveaux séparés par un escalier en chêne, dont la rambarde d’origine a été conservée. 

Dans la salle à manger, autour d’une table signée Benoit Viaene, chaises DC10 en noyer, design Inoda + Sveje (Miyazaki Chair Factory). Suspension H d’Ohlab (Contain). Au mur, toile de Jean-Pierre Pincemin.
Dans la salle à manger, autour d’une table signée Benoit Viaene, chaises DC10 en noyer, design Inoda + Sveje (Miyazaki Chair Factory). Suspension H d’Ohlab (Contain). Au mur, toile de Jean-Pierre Pincemin. Didier Delmas

Dans l’entrée, située au niveau inférieur de cet appartement contemporain, le parquet en chêne clair à motif de rosace apporte une belle luminosité. À l’étage se trouvent les pièces de vie – salle à manger et salon –, la cuisine, la chambre principale et celle d’amis, la salle de bains et le bureau. « Dans ces pièces, il y a eu très peu de changements, poursuit-elle, on a simplement déplacé certaines cloisons pour agrandir la cuisine par exemple. Les chambres, dans lesquelles on a créé des placards, ont en revanche connu davantage de modifications. »



Dans le salon, la bibliothèque en bois blanc sablé a été dessinée sur mesure. Rideaux Élitis. Tabouret Zig Zag (Pols Potten).
Dans le salon, la bibliothèque en bois blanc sablé a été dessinée sur mesure. Rideaux Élitis. Tabouret Zig Zag (Pols Potten). Didier Delmas
Devant le canapé Jelly Pea, d’India Mahdavi, tables basses de Benoit Viaene. Sur celle du fond, sculpture en bronze de Pauline Baste Morand. Fauteuil Doron Hotel de Charlotte Perriand (Cassina). Au sol, Fragment, tapis de Réda Amalou (Toulemonde Bochart).
Devant le canapé Jelly Pea, d’India Mahdavi, tables basses de Benoit Viaene. Sur celle du fond, sculpture en bronze de Pauline Baste Morand. Fauteuil Doron Hotel de Charlotte Perriand (Cassina). Au sol, Fragment, tapis de Réda Amalou (Toulemonde Bochart). Didier Delmas

Dans le salon de cet appartement contemporain, à la belle hauteur sous plafond de 3,20 mètres, les murs sont restés blancs pour accueillir la collection d’œuvres d’art du propriétaire. Autre élément architectural fort de cet espace, les deux portes de 3 mètres de hauteur en bois gougé à la main et teinté wengé. 

Maîtrise de l’espace et belle ouvrage

Tapis Alliances, design Géraldine Prieur (Toulemonde Bochart). Canapé Extrasoft en cuir de Piero Lissoni (Living Divani). Au mur, tirage photo de Didier Delmas et Virginie Lucy-Duboscq pour IDEAT # 136 (février 2019).
Tapis Alliances, design Géraldine Prieur (Toulemonde Bochart). Canapé Extrasoft en cuir de Piero Lissoni (Living Divani). Au mur, tirage photo de Didier Delmas et Virginie Lucy-Duboscq pour IDEAT # 136 (février 2019). Didier Delmas
Dans le bureau, la bibliothèque et les éléments de rangement en noyer américain ont été conçus sur mesure. Bureau Kepler, design G. Azzarello (Porada). Suspension Respiro de Philippe Nigro (DCW Éditions).
Dans le bureau, la bibliothèque et les éléments de rangement en noyer américain ont été conçus sur mesure. Bureau Kepler, design G. Azzarello (Porada). Suspension Respiro de Philippe Nigro (DCW Éditions). Didier Delmas

Une performance artisanale qui démontre la passion que voue Alexandra Boussagol des lieux, diplômée de l’école Boulle, à la belle ouvrage. Parquet en point de Hongrie, corniches, cimaises et panneautage replongent la pièce dans son esprit d’autrefois.

Seule exception à la monochromie blanche, le noir aux reflets prune habillant les murs de l’escalier, le bleu intense Farrow & Ball dans le bureau ou encore le papier peint en fibre végétale CMO Paris dans la chambre principale.

Dans la chambre, les murs sont tapissés d’un papier peint de la collection « Palmier mural » en fibre végétale (CMO Paris). Liseuses Biny de Jacques Biny (DCW Éditions). Lampe à poser Bambou (CFOC). Coussins et édredons Élitis. Plaid écossais Brun de Vian-Tiran. Au-dessus du lit, œuvre de Bonnie Colin.
Dans la chambre, les murs sont tapissés d’un papier peint de la collection « Palmier mural » en fibre végétale (CMO Paris). Liseuses Biny de Jacques Biny (DCW Éditions). Lampe à poser Bambou (CFOC). Coussins et édredons Élitis. Plaid écossais Brun de Vian-Tiran. Au-dessus du lit, œuvre de Bonnie Colin. Didier Delmas
Dans la salle de bains, le meuble en noyer, le plan en granit noir et les miroirs ont été dessinés sur mesure. Appliques Pillar (Original BTC). Robinetterie Lutezia Plus de Jean-Michel Wilmotte (CEADesign).
Dans la salle de bains, le meuble en noyer, le plan en granit noir et les miroirs ont été dessinés sur mesure. Appliques Pillar (Original BTC). Robinetterie Lutezia Plus de Jean-Michel Wilmotte (CEADesign). Didier Delmas

Alexandra Boussagol a créé son agence en 2018 et a réalisé depuis de nombreux appartements privés dans la capitale. Dans tous ses chantiers, elle octroie une grande importance à la maîtrise des volumes et de la lumière, mais également à la circulation, à la fluidité et aux percées visuelles.

Sa prédilection pour les matières nobles et pour les lignes organiques va de pair avec un sens du détail auquel elle apporte sa petite musique personnelle. Des recettes qu’elle manie avec beaucoup de sensibilité pour créer des lieux à la fois sobres et sophistiqués. Prochainement, une maison à Saint-Tropez et une autre en Tunisie. 


> Aboussagol.com