En plein cœur du 7e arrondissement de Paris, tout près de l’emblématique cinéma La Pagode, un pied-à-terre parisien se métamorphose en cabinet de curiosités élégant et maîtrisé. Signé Sandra Benhamou, ce projet conjugue lignes modernistes, références cinématographiques et mobilier à forte personnalité. Visite guidée.
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L’art de la surprise discrète
Dès le seuil, un marbre bleu ciel capte la lumière et les regards : un choix inattendu, presque irrévérencieux, qui donne le ton. Ici, chaque matière est une intention, chaque meuble un manifeste silencieux. L’architecte Sandra Benhamou orchestre l’espace comme un récit visuel à la fois doux et assumé. La structure intérieure a été entièrement repensée, les volumes redessinés avec précision, conférant une unité graphique au lieu. Plus qu’un simple fil conducteur, le bois d’iroko, dense, agit comme un cadre, une ponctuation, une respiration. Un choix qui structure, sans enfermer.










Dans cet appartement pensé pour un collectionneur londonien, la décoration est une affaire de culture autant que de contraste. On passe ainsi d’un buffet vintage en bois aux reliefs sculptés à une chaise de Gaetano Pesce aux airs de sculpture dadaïste, à mi-chemin entre design et performance plastique en passant par le fauteuil Culbuto de Marc Held tapissé de tissu léopard.
Sobriété apparente, complexité maîtrisée
Malgré cette pluralité d’influences, l’ensemble demeure lisible, fluide et cohérent. Sandra Benhamou a ainsi su marier le classicisme d’un encadrement haussmannien à des audaces de textures, de formes et d’objets sans jamais rompre l’harmonie de l’ensemble. Les matières brutes (bois, plâtre, métal) s’associent à des finitions douces et des textiles délicats. Un vase de Camille Romagnani répond à une céramique de Christian Duc, pendant qu’un pouf signé par la designer (le modèle Dolly) ponctue l’espace de sa rondeur assumée.
L’appartement semble suspendu entre deux tempos : l’élégance patrimoniale du 7e arrondissement et l’imaginaire personnel d’un collectionneur nomade. Forte de ses dix années de carrière dans le cinéma, Sandra Benhamou compose des espaces comme on monte une séquence de film — avec des ruptures, des silences, des effets de montage. L’émotion est là, sans artifice. Et le spectateur, installé sur un tabouret Josef Hoffmann, n’en perd pas une miette.
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