Derniers jours pour voir Josef Hoffmann et Ettore Sottsass à la Galerie Romain Morandi

En quarante pièces, l’exposition « Sécessions » de la Galerie Romain Morandi révèle des passerelles entre les deux étoiles de l’architecture et du design européens.

En 1897, à Vienne, quand l’architecte autrichien Josef Hoffmann (1870-1956) fonde le mouvement de la Sécession viennoise avec son confrère Josef Maria Olbrich et le peintre Gustav Klimt, l’Italien Ettore Sottsass (1917-2007) n’est pas né. L’exposition de la Galerie Romain Morandi rappelle d’emblée qu’Ettore Sottsass est né à Innsbruck, en Autriche, pays de sa mère, Antonia Peintner.


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Deux emblèmes réunis

Modèle de fauteuil no 670, dit « Sitzmaschine » (1905), de Josef Hoffmann (J.J. Kohn).
Modèle de fauteuil no 670, dit « Sitzmaschine » (1905), de Josef Hoffmann (J.J. Kohn).  Galerie Romain Morandi

Pourtant, selon le curateur Ivan Mietton, grand spécialiste d’Ettore Sottsass, des passerelles existent entre les univers des deux hommes. Ils ont en effet, chacun à leur manière, « fait sécession » en rejetant tout esprit académique.

L’Autrichien Hoffmann, lui, est culturellement italophile, comme beaucoup de créateurs européens de sa génération. Autre point de rencontre, le mouvement de la Sécession viennoise déclare vouloir « réunir des artistes et des architectes pour renouveler les arts appliqués ».

L’armoire Superbox, 1968, d’Ettore Sottsass.
L’armoire Superbox, 1968, d’Ettore Sottsass. Ivan Mietton

L’ennemi et, plus tard, celui d’Ettore Sottsass, est désigné dès le premier numéro de la revue Ver Sacrum (1898) : « Les colporteurs qui se font passer pour des artistes et qui ont un intérêt commercial à ne pas laisser l’art s’épanouir. »

Pour l’Italien, le design, au-delà de l’ornement, a même un rôle sociétal à jouer. Design et architecture conditionnent ainsi de nouveaux cadres de vie qui influent sur l’existence même de ceux qui les habitent. Il exècre donc le design de masse, perçu comme sans âme.

La banquette mod. 729, dite Fledermaus, 1905, de Josef Hoffmann. 
La banquette mod. 729, dite Fledermaus, 1905, de Josef Hoffmann.   Galerie Romain Morandi

Pour son aîné, Josef Hoffmann, un objet doit être aussi beau que bon. Car même quand il est industriel, on doit sentir qu’il a été manufacturé. L’exposition souligne la parenté entre la table Vienna (1974), d’Ettore Sottsass, et l’ensemble de sièges « Fledermaus » (1905), de Josef Hoffmann.

Même intérêt pour la géométrie des formes, les arrondis, les lignes, les rayures ou encore l’usage de la laque. Il y a du Viennois dans Sottsass et de l’Italien dans Hoffmann ! On finit par se demander si c’est ce qu’ils étaient qui a fait leur destin… ou le contraire.

> « Sécessions ». À la Galerie Romain Morandi, 18, rue Guénégaud, 75006 Paris. Tél. : 06 76 91 20 92, jusqu’au 15 octobre. Romainmorandi.com


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