La nouvelle galerie de Romain Morandi fait place au jeu

Dans sa nouvelle galerie de Saint-Germain-des-Prés, Romain Morandi fait dialoguer les grands noms du design du XXe siècle. Sa singularité s’exprime dans un objet particulier qui est aussi un exercice de style captivant : le jeu d’échecs.

Rien n’intéresse plus le galeriste Romain Morandi que de provoquer des rencontres fertiles entre deux pièces de mobilier d’époques différentes. Dans l’espace qu’il a récemment ouvert rue Guénégaud, à Paris (6e), il a disposé une table de Charlotte Perriand avec deux chaises de Martin Szekely de 1991.

Une galerie captivante

Paire de chaises en frêne et tissu de Nestor Perkal (1996) pour la Maison européenne de la photographie.
Paire de chaises en frêne et tissu de Nestor Perkal (1996) pour la Maison européenne de la photographie.  Galerie Romain Morandi

L’association prend son sens dans l’emploi, de part et d’autre, de structures tubulaires. Même familiarité entre la table basse en acajou de Franck Lloyd Wright dessinée en 1956 et deux chaises de Nestor Perkal plus jeunes de tout juste quarante ans.

Il ne s’agit pas seulement d’harmonie esthétique, mais aussi de filiation entre deux philosophies. « Plutôt que de me spécialiser dans une période du XXe siècle, je cherche un mobilier cultivé faisant référence aux anciens, déclare ce spécialiste de l’histoire de l’art. Mon rôle est de révéler la logique interne du designer et de mettre en perspective les générations. »

Une passion pour les jeux d’échecs

Sa passion pour les chocs d’époques et de styles trouve son illustration dans la collection de jeux d’échecs qu’il réunit depuis quatorze ans.
Sa passion pour les chocs d’époques et de styles trouve son illustration dans la collection de jeux d’échecs qu’il réunit depuis quatorze ans.  Galerie Romain Morandi

Sa passion pour les chocs d’époques et de styles trouve son illustration dans la collection de jeux d’échecs qu’il réunit depuis quatorze ans. Romain Morandi vient de signer Chess Design, un livre-somme analysant les œuvres de 300 artistes. Et où l’on découvre que tous les courants ont projeté leur grammaire graphique sur un échiquier : surréalisme, brutalisme, Art déco, Bauhaus, nouveau réalisme, art cinétique, pop art…

En septembre, l’exposition inaugurale de la galerie montrait des pièces remarquables : jeu en verre de Bohême des années 20, pièces signées Pierre Cardin ou Victor Vasarely, abstraites, sculptées, en bronze, en bois, en cuir… « Les échecs sont un monde en soi, explique Romain Morandi. C’est un exercice rêvé pour un designer. Sur un damier, on a tout : le bien et le mal, la dualité, le miroir, le fini et l’infini, la guerre… Le galeriste y rencontre toutes ses problématiques, de la même façon que pour les meubles : est-ce un objet d’art, de design ? Produit en série ou bien unique ? » De la même façon que pour les meubles, une pièce de la galerie est consacrée en permanence aux échecs.

> Galerie Romain Morandi. 18, rue Guénégaud, 75006 Paris.