Road-trip : Weimar-Dessau-Berlin, le Bauhaus en héritage

Il y a cent ans, le Bauhaus devenait à la fois une école, un atelier et un laboratoire d’idées. Entre 1919 et 1933, Weimar, Dessau, puis Berlin allaient accueillir successivement l’institution. IDEAT a adoré faire ce road-trip architectural, réalisé l’année de la célébration du centenaire du Bauhaus. Un périple qui reste une excellente option pour un long week-end à travers une Allemagne méconnue.

La légende du Bauhaus débute à Weimar, lorsque l’architecte Walter Gropius reçoit, dans l’Allemagne défaite de 1919, ses premiers élèves, qui rêvent d’un monde nouveau. La modernité de son bureau scotche d’emblée les visiteurs. Des luminaires au mobilier, tout a été pensé par des créateurs d’exception. Weimar, berceau de cette modernité, est pourtant la cité classique qui accueillit Bach, Schiller et Goethe !

Entre la Thuringe et la Saxe-Anhalt, il faut aussi voir 39 bâtiments qui doivent au Bauhaus leur caractère. L’école migre en 1925 à Dessau, fuyant l’ire des milieux conservateurs de Weimar. Gropius en érige la principale construction. En 1932, son escalier graphique inspirera au peintre Oskar Schlemmer l’une de ses plus belles toiles, qui représente des étudiants en train de gravir les marches.

Une cité-jardin restée dans son jus

Les différentes ailes de ce complexe abritent des ateliers, un auditorium, un café et des chambres. Autre émotion : celle qui étreint le visiteur dans les maisons des maîtres, inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Bienvenue chez Josef et Anni Albers, Oskar Schlemmer, László Moholy-Nagy et Vassily Kandinsky !

Le directeur Hannes Meyer, successeur de Gropius entre 1928 et 1930, trouvait un peu systématique cette symphonie de murs blancs et vivait dans la couleur… On ne repart pas sans une visite du côté de Törten, où toute une cité-jardin de 314 habitations, construites de 1926 à 1928, est restée dans son jus.

Le Bauhaus rayonne au-delà de ses frontières

Suivre un itinéraire Bauhaus immerge le pèlerin dans du design, mais aussi dans l’histoire même de l’Allemagne. Quand Mies van der Rohe, son directeur à partir de 1930, déménage l’école à Berlin, les crédits lui seront coupés malgré ses efforts pour faire passer l’institution comme apolitique. Il n’y a donc pas de bâtiment emblématique à Berlin, en 1933.

Mais, grâce à une kyrielle de designers et d’architectes qui vont s’expatrier, le Bauhaus rayonnera au-delà de ses frontières…

 

Façade de l’établissement du Bauhaus Dessau.
Façade de l’établissement du Bauhaus Dessau. DR
A gauche : A Dessau, signée Carl Fieger, la rotonde du restaurant Kornhaus. A l’intérieur, de la fourchette au portemanteau, tout rappelle les trois âges d’or du Bauhaus. A droite : Salle de conférence de l’école du Bauhaus.
A gauche : A Dessau, signée Carl Fieger, la rotonde du restaurant Kornhaus. A l’intérieur, de la fourchette au portemanteau, tout rappelle les trois âges d’or du Bauhaus. A droite : Salle de conférence de l’école du Bauhaus. DR
A gauche : Symphonie de couleurs ultra-graphiques dans les escaliers du Bauhaus de Dessau. A droite : A Berlin, la cour de la maison Lemke, signée Mies van der Rohe.
A gauche : Symphonie de couleurs ultra-graphiques dans les escaliers du Bauhaus de Dessau. A droite : A Berlin, la cour de la maison Lemke, signée Mies van der Rohe. DR
A gauche : A Bernau, l’école fédérale de la Confédération syndicale allemande générale (ADGB). Sa construction a été conduite par Hannes Meyer, architecte et urbaniste suisse, marxiste et directeur du Bauhaus de 1928 à 1930.
A gauche : A Bernau, l’école fédérale de la Confédération syndicale allemande générale (ADGB). Sa construction a été conduite par Hannes Meyer, architecte et urbaniste suisse, marxiste et directeur du Bauhaus de 1928 à 1930. DR