Implanté dans une ancienne bibliothèque de la fin du XIXe siècle, le Camden Arts Centre présente jusqu’au 14 janvier 2018 Other Rooms. Dans cette exposition, Nathalie du Pasquier utilise « les outils du peintre pour transformer l’espace et transporter le spectateur ».
Née à Bordeaux en 1957 mais installée à Milan depuis le début de sa carrière de designer et artiste, Nathalie Du Pasquier est notamment l’une des fondatrices du groupe Memphis, aux cotés de Michele de Lucchi et Ettore Sottsass. Un mouvement apparu en Italie au début des années 1980 et qui a révolutionné le monde du design en s’affranchissant de la fonctionnalité et en assumant l’emploi simultané de couleurs vives.
Convaincue qu’art et design sont indissociables car tout deux attachés au travail de « la ligne, de la couleur et de la forme », Nathalie du Pasquier joint rapidement les deux disciplines par l’intermédiaire du design graphique. Suite à ses premiers motifs, imaginés pour des textiles ou des tapis, elle décide dès 1987 de se consacrer à la peinture et réalise des œuvres au langage abstrait, influencées par les formes de représentation architecturales.
Au sein d’Other Rooms, ses compositions formelles se libèrent de la surface de la toile pour investir les volumes des espaces d’exposition du Camden Arts Centre. A partir d’un « alphabet de 25 modules graphiques » aléatoirement combinés, l’artiste nous plonge dans un paysage architectural aux lignes strictes, comme tracées par des « robots ».
Un ensemble géométrique qui navigue « entre la deuxième et la troisième dimension » grâce à une représentation isométrique. Une technique propre à la conception architecturale qui, à la différence de la perspective, conserve toutes les proportions mais diminue la sensation de profondeur, accentuant ainsi l’aspect paradoxal des compositions, à mi-chemin entre architecture et abstraction.
Dans la plus grande salle, parcourue de bandes colorées, Nathalie du Pasquier insère deux nouvelles pièces pour habiter l’espace. La première abrite des dessins réalisés au crayon au cours de l’été. Toujours emplis d’influences architecturales et abstraites, ils s’accompagnent de dessins clairement figuratifs, en forme d’entonnoir ou de morceaux de bois, qui les confrontent au réel.
A leurs cotés, sept sculptures en céramique incarnent chacune un jour de la semaine. Une durée que l’artiste considère ici comme un motif temporel, répété à longueur d’année et indéniablement lié à nos modes de vie. Utilisant le quotidien comme « matière première », les sculptures empruntent leurs formes à des objets ordinaires : de la vaisselle et des pots, simplement superposées les uns sur les autres pour composer « des jeux de construction ».
Dans la seconde pièce, une série de peintures découpées et collées à même les murs semblent léviter devant un papier peint aux motifs tout aussi colorés, juxtaposés comme des carreaux de faïence au style seventies. Des références désuètes qui contrastent avec la sobriété des peintures pour mieux s’en détacher et créer une troublante impression de profondeur.
Entre la réalité et l’abstraction, Nathalie Du Pasquier joue avec les illusions d’optique pour créer un « trompe-l’œil à une échelle immersive » grâce une multitude de compositions spécialement conçues pour l’exposition. Intégrées à l’espace, elles disparaîtront inéluctablement le 14 janvier prochain. Une raison de plus – s’il en fallait une – pour se plonger dans l’univers unique de ces Others Rooms.
« Other Rooms » de Nathalie du Pasquier au Camden Arts Centre. Arkwright Road, London NW3 6DG.
Jusqu’au 14 janvier 2018.
Du mardi au dimanche, de 10 heures à 18 heures. Le mercredi, de 10 heures à 21 heures.