Défi technique ou esthétique, souvent les deux à la fois, le tapis haut de gamme sait s’imposer, qu’il soit éclatant ou « silencieux ». À cette fin, les éditeurs experts en la matière se sont, en général, adjoints des professionnels, artistes ou designers, dont les qualités créatives s’animent à l’idée de travailler cette autre dimension.
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Édition 1.6.9, le voyage immobile
Spécialiste des tapis et de tissus d’ameublement d’exception, Édition 1.6.9 est une maison parisienne dont le studio est dirigé par Cécile Meuleau et la direction artistique assurée par Marie Bastide. Les collaborations sont au cœur du projet, avec des créations signées KRJST Studio, Jean-Philippe Nuel, Nathalie Ryan… Dernièrement, l’entreprise a invité Hugo Toro, après que les fondateurs, David et Olivier Aouate, ont rencontré l’architecte d’intérieur lors du chantier du restaurant parisien Gigi.
De là est né Marycruz, un tapis noué main avec effet abraché, soit des couleurs entremêlées et changeantes selon la disposition du tapis et les tons qui l’entourent. Celui-ci s’inspire d’une peinture réalisée par Hugo Toro, puisant sa source dans la nature et l’art précolombien. Confectionné en soie et en lin tressé, Marycruz est édité en 12 exemplaires. O.W.
Toulemonde Bochart réédite Andrée Putman
L’entreprise française, qui a choisi en 2023 la designeuse Florence Bourel comme directrice artistique, après une décennie de collaboration, poursuit son exploration, entamée il y a plus de soixante ans, de l’univers des tapis. En marge de la nouvelle collection, Toulemonde Bochart réédite des icônes du design, soit trois modèles d’Andrée Putman, au catalogue de la marque depuis la fin des années 80.
Trasimène, le tapis le plus vendu de la maison alors en tissé machine, est désormais proposé en tufté main, en noir ou en blanc ; Baïkal, qui ornait le bureau de l’architecte d’intérieur, reprend vie lui aussi ; ainsi qu’Exclamation, dernière création d’Andrée Putman pour l’éditeur. O.W.
Édition Bougainville, le sol haute couture
S’appuyant sur un patrimoine d’archives familiales, Édition Bougainville enrichit chaque année son catalogue de créations haut de gamme, imaginées par ses designers et exécutées de main de maître par ses tisseurs experts, dans ses deux ateliers (de noué main et de tufté main). Pour 2024, l’éditeur propose neuf collections, dont deux nouvelles : « Atlantide », 23 tapis outdoor réalisés dans des matières résistantes aux intempéries et « Metropolitan », 21 modèles aux motifs simples et géométriques destinés à un plus large public.
Au total, pas moins de 86 modèles complètent la gamme, comme Andros Blueberry et Ningaloo Curaçao, qui appartiennent à la collection « Chromatic », et Divide Azurite, Tuul Jade et Zarga Flamingo, extraits d’« Inspiration ». La ligne « Texture » s’étend avec Elm Dune et Khumbu Iceberg. O.W.
Tai Ping valorise le savoir-faire
L’éditeur haut de gamme Tai Ping, créé en 1956 à Hongkong par les frères Lawrence et Horace Kadoorie, et qui a repris la française Manufacture Cogolin en 2010, peut se targuer d’un panel de collaborations impressionnant. Arik Levy, Stéphanie Coutas, Elliott Barnes, Yabu Pushelberg, Gilles & Boissier ou, dernièrement, Elena Salmistraro sont quelques-uns des talents qui ont travaillé avec la marque.
Pour la rentrée 2024, l’entreprise lance la collection « Callidus Guild », du nom de l’atelier de papiers peints faits main new-yorkais, fondé et dirigé par Yolande Milan Batteau. Cette artiste, experte dans les revêtements muraux, propose ainsi une collection de tapis noués main avec six dessins de composition et quatre à motifs de petite échelle dans divers coloris. Au total : 18 créations inspirées du travail de l’atelier spécialiste des techniques et des matériaux traditionnels. O.W.
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CC-tapis, les jeux optiques
Quand le groupe LVMH confia l’intérieur d’un bijou architectural de Frantz Jourdain (1847-1935) à George Yabu et Glenn Pushelberg, ceux-ci lui rendirent la très contemporaine Samaritaine Paris Pont-Neuf. Que l’éditeur CC-tapis leur donne carte blanche et le duo livre à la maison de Nelcya Chamszadeh et Stefano Cantoni, les fondateurs, sept tapis surréels.
Comme des toiles, ils figurent au mur ou au sol aussi bien des volumes architecturaux asymétriques que des objets échoués laissant leur empreinte sur le sable. Telle est « Memento », une collection de tapis en laine de l’Himalaya, noués à la main par des artisans tibétains dans l’atelier de la marque au Népal. Voilà ce qui arrive quand la substance des rêves des créateurs s’allie à la culture du tapis de l’éditeur. G.-C.A.
Diacasan Édition, par amour du beau
L’histoire de Diacasan Édition débute fin 2000, lorsque Sandrine Demas part pour l’Inde rencontrer des artisans. Depuis, la dirigeante propose des tapis originaux imaginés par des designers et des artistes, comme Jean-Paul Espinosa, Renaud Allirand, Sylvain et Plume ou Christian Signorel.
Après « Céleste », sa collection colorée très remarquée, ce dernier revient chez Diacasan Édition avec « Bestiaire ». Le designer s’inspire de l’Antiquité pour dessiner des créatures (hydre, scarabée, poulpe) stylisées sur six tapis en laine tuftés main en Inde ainsi que sur une série d’accessoires (coussins, poufs et miroirs). O.W.
Sybille de Tavernost, l’imaginaire
Éditrice de tapis depuis 2017, Sibylle de Tavernost crée des tapis comme elle peindrait des tableaux. Cette grande voyageuse, qui a commencé sa carrière dans l’industrie du parfum, a concilié sa passion du voyage et des savoir-faire en se consacrant à l’édition. Conçus à Paris et noués à la main en Inde du Nord, ses tapis sont aussi le fruit d’échanges avec l’équipe de tisserands qu’elle a constituée dans l’atelier qu’elle a fondé sur des bases éthiques avec une jeune entrepreneuse indienne.
Fabriquées avec des matières naturelles selon des techniques traditionnelles (teintures au chaudron et patines issues de l’exposition au soleil), les créations de Sybille sont pourtant très contemporaines, inspirées aussi bien de l’Afrique (qu’elle a parcourue à cheval) que de l’art moderne. L’originalité de son travail tient en outre à quelques collaborations avec des designers et des architectes. Mais aussi au service qu’elle propose : du vrai sur-mesure en matière de motifs comme de dimensions. À découvrir dans son showroom parisien du VIIe arrondissement. V.C.
Nanimarquina, terre de designers
Cela fait plus de trente-cinq ans que Nani Marquina poursuit l’aventure de la création avec des produits aussi élégants que respecteux de ceux qui les fabriquent comme de l’environnement. La dirigeante de Nanimarquina sait aussi s’entourer en faisant régulièrement appel à des designers et des créateurs de tous horizons.
Parmi les dernières collections, Ronan Bouroullec signe « Doblecara », des tapis réversibles aux lignes graphiques. La designeuse turque Begüm Cânâ Özgür imagine pour sa part « Haze », des modèles qui jouent sur les interactions chromatiques. Matthew Hilton nous surprend avec Oblique, un tapis comme une juxtaposition, tandis qu’Improvisación, de Gian Padilla, rend hommage à l’art ancestral du tissage. O.W.
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Jan Kath, tapis iconoclastes
Basé à Bochum, en Allemagne, Jan Kath est depuis des années passé maître dans l’art de réinterpréter des motifs et des visuels classiques ou contemporains, souvent issus de ses voyages, pour les transposer dans des tapis produits à la main à Katmandou.
C’est le cas d’Azer Pulse, qui reprend le traditionnel modèle de tapis Heriz (d’Azerbaïdjan). Erased Caucasus est un autre témoignage des recherches du créateur sur la mémoire du travail du tapis dans cette région. Lost Weave, pour sa part, puise son inspiration dans le Haut Atlas marocain et dans les tapis berbères boucherouite (« chute de tissus »). Pour la collection « Spectrum », Jan Kath s’est laissé imprégner par les couleurs dansantes des aurores boréales dans le ciel de Sibérie. O.W.
Deirdre Dyson, l’éloge de la couleur
Chaque année, Deirdre Dyson imagine une collection thématique de tapis de pure laine tibétaine et de soie, qui joue très finement avec les teintes (plus de 5 000). En 2024, la créatrice propose « Graduation », sa nouvelle ligne. Cette série présente neuf tapis en cachemire et en soie, comme une palette inspirée de la nature, entre horizons terrestres et paysages marins. La couleur est au cœur des modèles, entre lavis subtils pour Plumberry, Heliotrope, Verdigris, Cassata et compositions graphiques pour Ingots, Impulse, Pink Fizz, Astral ou Topaz. Chaque pièce peut être adaptée aux souhaits des clients ou imaginée sur mesure. O.W.
Gan vivifie intérieurs et extérieurs
Marque du Gandía Blasco Group, Gan se focalise sur l’édition de tapis, poufs et accessoires. Son offre pour l’intérieur comme pour l’extérieur est marquée par un travail artisanal de tressage ou de tissage.
Autre particularité, elle s’appuie aussi bien sur son savoir-faire interne, avec des projets signés Alejandra Gandía-Blasco Lloret, directrice de la création de Diabla, qui signe cette année le tapis Sunset Red, que sur les compétences de designers indépendants.
Notons, cette année, le travail de Patricia Urquiola, qui réalise la collection d’assises et de tapis outdoor « Mangas », celui de Made Studio, auteur de la collection « Saline » en PET recyclé, et celui de Jorge Garaje, à l’origine de kilims outdoor aux couleurs ultra-vitaminées, tels que Citrus. O.W.
Codimat Collection, à main levée
Les deux premiers tapis de la dessinatrice Christelle Téa, pour Codimat Collection, enchantent, qu’on les regarde fixés au mur ou étendus à nos pieds. Quelle gageure pour la marque de reproduire fidèlement l’impact graphique du travail de l’artiste qui trace ses œuvres à main levée, sans ébauche ni repentir ! Un mouvement dans son trait fait vibrer l’encre de Chine de son dessin initial. Le premier opus de cette collaboration restitue la vue que l’on a depuis la bibliothèque de l’Académie nationale de médecine, à Paris (photo). Le second figure une bibliothèque idéale. Pour le troisième, l’artiste s’est perdue dans le musée national d’Histoire naturelle de Paris pour croquer les grands carnivores du quaternaire ! À voir aussi chez Codimat Collection, le tapis du grand scénographe de théâtre Richard Peduzzi, un élément sorti d’un tableau de Giorgio De Chirico. G.-C.A.
Serge Lesage, quarante ans de création en tapis
Depuis 1984, la maison française édite des tapis contemporains. Reprise en 2004 par un groupe textile du nord de la France, la nouvelle direction a introduit le concept de « créateur d’intérieur ». Cette année, la nouvelle ligne se veut poétique avant tout : entre formes arrondies qui cassent la rigueur traditionnelle du tapis et motifs vintage chics jouant avec les textures. À l’exemple de Target, Blueprint et Rebel, qui surfent sur la minéralité. Dip et Moon, de leur côté, valorisent l’usage de la couleur. En ce début 2024, Serge Lesage présente aussi une collection capsule appelée « Cocoon », composée de trois modèles jouant avec le noir et le blanc, les motifs géométriques et les découpes de silhouettes. O.W.
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