À Lambersart, commune située près de Lille et réputée pour ses demeures imposantes, se niche cette somptueuse villa moderniste des années 1940, malheureusement dénaturée par ses anciens propriétaires. La nouvelle acquéreuse, qui tenait à y effectuer une rénovation complète, a fait appel à Guillaume Gibert et Baptiste Rischmann de l’agence RMGB. « Certains attributs ont certes été conservés en bon état, mais la base de la maison a été saccagée par des travaux qui n’avaient aucun sens », nous confie ainsi ce dernier.
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Quelques libertés prises par rapport à l’aménagement d’origine
Tels des artisans, le duo a cherché à redonner son éclat et son harmonie à cette spacieuse demeure de 240 mètres carrés. Ils ont ainsi composé une architecture d’intérieure sans ostentation dans une projection moderne, en veillant toutefois à ne pas désacraliser l’aspect patrimonial historique.
«Avant même de démarrer les travaux, nous avons effectué un gros travail d’analyse pour chacune des pièces, reprend Baptiste Rischmann. Un travail quasi archéologique nous a permis de découvrir des éléments cachés ou abimés. L’idée n’était pas de faire une reconstitution, mais de faire en sorte que cette maison retrouve son naturel ».
Dès l’entrée, l’attention se pose sur le garde-corps de l’escalier et la verrière, deux ouvrages remarquables dont la restauration a été confiée à des artisans d’art. Respectueux du plan d’origine, les deux acolytes ont fait attention à lier entre eux les espaces, s’autorisant quelques libertés. « Nous avons retiré certaines portes qui avaient tendance à rendre la circulation moins évidente », continue Baptiste Rischmann.
Les encadrements en bois massif ont ainsi été repeints dans la même teinte que les murs afin de ne pas refermer les perspectives. Des parquets ont été posés ou restaurés, ainsi que des moquettes. Presque tous les attributs ont été conservés dans la cuisine, qui s’est vu dotée d’un espace dinatoire, le rose du tissu de la banquette faisant écho aux teintes de la peinture de Katinka Lampe.
Près d’un an de travaux
Au rez-de-chaussée, la salle à manger – avec au centre une table en marbre Rosso Levanto dessinée par l’agence – se transforme à l’envie en bureau. « Nous avons hybridé certaines pièces sans pour autant être trop interventionnistes, cette maison avait globalement un cachet qu’il ne fallait pas travestir », souffle l’architecte. À l’étage, les quatre chambres disposent chacune d’une salle de bain.
Après quelques recherches, l’ancienne vasque stockée depuis plusieurs années dans la cave a fait l’objet d’un travail de restauration. La faïence murale, très abîmée par la rénovation des anciens occupants, a été produite sur-mesure afin de reconstituer la teinte coquille d’œuf et le craquelé des carreaux.
Ce premier chantier a duré presque cinq mois. « Il a fallu ensuite rapatrier, rénover, retapisser le mobilier, cela a nécessité plus de quatre supplémentaires pour un total de près d’un an de travaux », confie Rischmann. Les fondateurs de l’agence RMGB ont en effet déniché un ensemble de meubles vintage datant principalement des années 1960 à 1980.
Des pièces rares comme une paire de chauffeuses de Bernard Govin présente dans le petit salon ou bien les assises Boomerang de Rodolfo Bonetto dans le living principal. « Notre cliente ne souhaitait pas que l’on fasse le tour de toutes les grandes signatures du XXe siècle. Nous avons dû chercher des choses plus rares, à la fois modernes, simples d’utilisation, mais assez pointues dans l’histoire du design, sans être pompeuses, et qui puissent être déplacées à l’envie », conclut-il. Une précision chirurgicale.
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