Véronique Cotrel : sa nouvelle approche créative

Si elle a donné son nom à l’agence, Véronique Cotrel officie au côté de son mari François Mille depuis 2010. Ensemble, et avec leur quinzaine de collaborateurs, ils créent des projets de rénovation haut de gamme, majoritairement pour des particuliers, qui font la part belle à la créativité.

Ce matin-là, dans les bureaux de la rue Turgot, à Paris (IXe), totalement revus par Véronique Cotrel, l’ambiance est studieuse, mais il règne toutefois un je-ne-sais-quoi d’excitation dans l’air… La venue d’un journaliste dans ces lieux, qui ont pour originalité d’abriter, d’un côté, le siège de l’agence et, de l’autre, l’adresse personnelle du couple à sa tête, ne saurait expliquer la chose. C’est une alerte Instagram qui donne la clé : un post annonce le lancement d’une antenne new-yorkaise.


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Une nouvelle aventure

Esprit typiquement parisien pour cet intérieur aux décorations en staff : les moulures, les colonnes et le parquet d’origine ont guidé le projet. Installée dans l’ancienne salle à manger, la cuisine a pris place dans une niche existante.
Esprit typiquement parisien pour cet intérieur aux décorations en staff : les moulures, les colonnes et le parquet d’origine ont guidé le projet. Installée dans l’ancienne salle à manger, la cuisine a pris place dans une niche existante. Amaury Laparra

Rien de moins ! François Mille, le directeur, raconte : « Océane, l’une des architectes qui travaille avec nous depuis cinq ans, souhaitait s’installer à New York. Quant à nous, nous entretenons depuis des années avec cette ville fascinante une drôle de relation. Nos publications sont souvent likées et commentées par des New-Yorkais au point que plusieurs clients parisiens nous ont connus par des amis vivant là-bas. Nous avons été à de multiples reprises contactés pour des réalisations sur place, mais il nous manquait un relais. L’occasion se présente et c’est formidable ! Nous avons l’habitude de mener des projets à distance, nous le faisons déjà au Touquet, à Deauville, à Genève comme à Dubai et à Madagascar. » Leur recette ? Une préparation au cordeau, conduite conjointement par Véronique Cotrel pour la partie création et par François Mille pour les aspects économiques et administratifs, auxquels est toujours associée une cheffe de projet (outre François, l’équipe d’une quinzaine de personnes ne compte qu’un seul homme).

« J’ai démarré en solo pour des amis, ce qui m’a permis de me mettre en confiance, rappelle l’architecte d’intérieur. François et moi sommes ensemble depuis longtemps. Lui a fait une école de commerce, il a une expérience du secteur de l’hôtellerie et il m’a beaucoup épaulée pendant cette période. Nous avons peu à peu pris goût à ce travail en commun et le fait qu’il me rejoigne en 2010 à la création de l’agence a professionnalisé notre approche. Un projet d’architecte, ce n’est pas juste quelque chose de beau. Cela repose avant tout sur un budget, mais il faut aussi gérer le portefeuille clients et contrôler les entreprises avec lesquelles nous collaborons. François et moi sommes très complémentaires, lui avec son esprit cartésien et moi avec mon imagination, pour proposer à la fois une relation rassurante et une offre créative. »

Le travail d’équipe : la clé du succès de Véronique Cotrel

Cet appartement en rotonde accueille tout en élégance une cuisine et son îlot central, attenant à la salle à manger et au séjour.
Cet appartement en rotonde accueille tout en élégance une cuisine et son îlot central, attenant à la salle à manger et au séjour. Amaury Laparra

Cette organisation sans faille permet de mener de front plusieurs projets. « Nous en avons entre 25 et 30 par an, à 80 % pour des particuliers, que je connais tous, poursuit Véronique Cotrel. Avec une cheffe de projet, je leur présente les plans, l’organisation, ce que l’on veut raconter d’une époque, d’un détail… François, lui, maîtrise chaque dossier sur la partie économie du bâtiment, le chiffrage, l’assurance… » L’occasion d’avoir deux interlocuteurs spécialisés tranquillise les clients. Quant à la cheffe de projet, elle doit composer avec les deux entités. « Elle suit le chantier et en est la mémoire, car il faut souvent plus d’un an pour mener à bien une réalisation. » L’agence conçoit à chaque fois une « bible » qui fixe les objectifs, expose les plans, les intentions 3D, le budget par corps d’état (fournitures et main-d’œuvre), afin que le client sache exactement ce qu’il paye.

Une servitude ? « Plutôt une façon de se sentir libre une fois que tout a été fixé au départ, estime l’architecte d’intérieur. La contrainte a son intérêt, elle aide à la créativité. C’est très libérateur de connaître l’enveloppe disponible pour une salle de bains ou un dressing. Arbitrer en amont permet d’éviter les déceptions et cela n’empêche en rien de faire évoluer les choses en cours de route. »

Sous les toits, au cœur du Marais (Paris 4e), une rénovation qui a fait la part belle aux matériaux naturels, comme le noyer, la pierre ou encore le chêne clair vieilli du parquet.
Sous les toits, au cœur du Marais (Paris 4e), une rénovation qui a fait la part belle aux matériaux naturels, comme le noyer, la pierre ou encore le chêne clair vieilli du parquet. Amaury Laparra

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