À partir de 1996, le village de Vals en Suisse – à ne surtout pas confondre avec Vals-lesBains, en Ardèche, en France – va connaître une médiatisation sans précédent. Une raison à cela: l’inauguration d’un nouvel édifice pour les thermes dont la conception a été confiée à Peter Zumthor.
À lire aussi : Un hôtel de Peter Zumthor à Vals (Suisse) revampé par Morphosis
Des cimes et des bains grandioses
L’architecte des Grisons n’est pas encore la star internationale qu’il va devenir en 2009 après avoir décroché le prestigieux Pritzker Prize et, pourtant, la municipalité de cette bourgade en fond de vallée décide de lui confier la refonte de ses équipements. Cela fait plus d’un siècle que l’eau de Vals, qui jaillit à 33 °C de la montagne, fait l’objet de cures.
Dans les années 60, des investisseurs allemands décident de faire ériger cinq bâtiments de dix étages près de la source, portant à 220 chambres la capacité de ce complexe hôtelier. Mais l’affaire fera banqueroute quelques années plus tard, ce qui amènera Zumthor à s’impliquer entièrement dans l’histoire.
Plutôt qu’une construction aux formes ostentatoires, il propose un projet en grande partie enterré qui rend grâce à la pierre locale, le quartzite. Il utilise quelque 60000 blocs pour réaliser ce qui, de l’extérieur, ressemble à un parallélépipède minéral, mais qui, à l’intérieur, s’apparente à une caverne sensorielle.
Dans un bruit d’eau, les visiteurs sont invités à expérimenter l’usage des lieux d’une manière plutôt ludique, au gré de bassins, de bains de vapeur et de salles de relaxation. En très peu de temps, les thermes de Vals deviennent une référence à l’échelle mondiale, ce qui suscite parfois des envies de prendre part à cette dynamique.
Un appel à la méditation
Plusieurs projets commencent à voir le jour : les propriétaires de l’hôtel Alpina, sur la place du village, sollicitent un autre architecte local, Gion A. Caminada, pour rénover leur établissement vieillissant. Le Néerlandais Bjarne Mastenbroek, avec l’aide du Suisse Christian Müller, construit une maison troglodytique qui, comme un heureux hasard, se trouve à une centaine de mètres des thermes.
Un couple dano-suisse, Thomas Schacht et Ruth Kramer, tombé sous le charme de la localité décide de s’y installer et ouvre une pension de quelques chambres. L’endroit respire les influences scandinaves pour le design, mais s’affiche résolument montagnard dans l’esprit. Et ce, juste en face du pont enjambant le Valser Rhein que l’ingénieur Jürg Conzett – sur des plans de Peter Zumthor, dont il était un ancien collaborateur – a été chargé de remplacer en 2009.
En 2012, la gestion des thermes et de l’hôtel attenant est confiée, après votation, à l’homme d’affaires Remo Stoffel, originaire de Vals, qui rebaptise le complexe du code postal de la commune (7132). L’entrepreneur voit lui aussi grand, peut-être un peu trop: il sollicite l’architecte américain Thom Mayne (Morphosis) pour rénover le bâtiment d’accueil, mais surtout pour plancher sur une tour de 381 mètres de haut permettant d’accueillir un hôtel hyper-luxueux.
Sa réalisation va faire grand débat et avorte finalement, car les fondations viendraient mettre à mal les sources de la fameuse eau, dont l’embouteillage est d’ailleurs aujourd’hui géré par Coca-Cola. Qu’à cela ne tienne, Stoffel lance un second projet hôtelier plus facilement réalisable dans l’un des immeubles des années 60 où Zumthor est déjà intervenu.
Il demande à Thom Mayne, ainsi qu’à Tadao Ando et à Kengo Kuma, de revisiter des habitations, un peu à la manière de capsules. Les soixante-treize chambres ainsi modifiées sont baptisées 7132 House of Architects tandis que Kuma se voit aussi confier la réhabilitation des vingt chambres du bâtiment principal aux normes 5 étoiles.
Désormais à l’écart du projet des thermes – son épouse en a un temps été la directrice –, Peter Zumthor décide en 2016 de réaliser trois chalets dans le hameau de Leis. Ils sont aujourd’hui accessibles à la location. Dernière œuvre architecturale en date, le siège social signé Kengo Kuma pour l’entreprise Truffer, qui réalise l’extraction de la pierre de Vals, sans laquelle les fameux thermes n’auraient pas vu le jour. Selon les dernières informations, ces installations sont retournées sous la gestion de la municipalité, qui souhaite que l’équipement demeure d’utilité publique.
Aller à Vals
En train, TGV Lyria Paris-Zurich (Tgv-lyria.com). Six rotations par jour en 4h04. Aller simple à partir de 49 €. Ensuite, emprunter les Chemins de fer fédéraux suisses (Sbb.ch) jusqu’à Ilanz, via Chur, puis une navette routière (PostBus) jusqu’à Vals (2h32). En avion, Swiss (Swiss.com) et Air France (Airfrance.fr) desservent Zurich depuis ParisCharles-de-Gaulle en 1h15. Deux à 4 rotations quotidiennes. Aller-retour à partir de 115 €. En voiture, à 2h15 de Zurich en passant par Chur et Ilanz.
> Office de tourisme de Suisse (Myswitzerland.com). Office de tourisme de Vals, Poststrasse 44A. Tél.: +41 81 920 7070. Vals.ch
À lire aussi : Refuges de montagne : la durabilité au sommet