Riken Yamamoto, lauréat du Pritzker Prize 2024

En désignant l’architecte japonais comme récipiendaire, le prestigieux prix récompense un homme qui n’a eu de cesse de promouvoir le lien social au travers de son travail.

Parfois, le Pritzker Prize célèbre l’évidence : David Chipperfield l’an passé. Parfois, il crée la surprise. Comme cette année avec Riken Yamamoto, peu connu du grand public, mais dont le travail mérite largement le feu des projecteurs. Souvent comparée au Nobel de l’architecture tant son impact et sa médiatisation sont importants, la récompense suprême vient distinguer le neuvième Japonais depuis sa création en 1979.


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Un architecte avant-gardiste

Diplômé de la Nihon University en 1968 et de l’université des arts de Tokyo en 1971, Riken Yamamoto fonde son agence en 1973 à Yokohama après avoir entrepris une série de voyages en Afrique, au Népal, en Espagne ou encore au Pérou, dont il reviendra durablement imprégné des architectures vernaculaires.

Le Yokosuka Museum of Art, ouvert en 2007, abrite une collection de 5000 oeuvres. Entouré sur trois côtés par un parc face à la baie de Tokyo, il offre une immersion dans la nature. Librairie, boutique, restaurant, l’établissement ménage aussi des espaces d’exposition et de travail pour des ateliers ou des conférences.
Le Yokosuka Museum of Art, ouvert en 2007, abrite une collection de 5000 oeuvres. Entouré sur trois côtés par un parc face à la baie de Tokyo, il offre une immersion dans la nature. Librairie, boutique, restaurant, l’établissement ménage aussi des espaces d’exposition et de travail pour des ateliers ou des conférences. Tomio Ohashi

À 79 ans, il a essentiellement construit en Asie, s’intéressant avec acuité aux relations entre intérieur et extérieur, entre espace public et sphère privée, à tout ce qui se joue dans les entre-deux. Son travail autour du logement est à ce titre riche d’enseignements. Il a notamment fait voler en éclats le principe de la maison familiale, actant bien avant l’heure qu’elle ne pouvait plus constituer un modèle.

Relier les générations

Coutumier des réalisations de grande échelle, il s’est toujours attaché à valoriser aussi le microvoisinage, à créer les conditions d’une vie en communauté qu’il définit comme un « sentiment de partage d’un même espace », déconstruisant les notions de liberté et d’intimité. Pour Riken Yamamoto, l’architecture relie les citoyens et les générations.

À Pékin, Jian Wai Soho désigne un ensemble de neuf tours résidentielles et quatre « small office home office » (SOHO), des espaces mixant logements et locaux d’activité.
À Pékin, Jian Wai Soho désigne un ensemble de neuf tours résidentielles et quatre « small office home office » (SOHO), des espaces mixant logements et locaux d’activité. Riken Yamamoto & Field Shop

« L’approche actuelle met l’accent sur la vie privée, niant la nécessité des relations sociétales. Cependant, nous pouvons honorer la liberté de chaque individu tout en vivant ensemble dans un espace architectural en tant que république, favorisant l’harmonie entre les cultures et les phases de la vie », constate-t-il. Il recevra son prix lors d’une cérémonie officielle en mai prochain, à Chicago.


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