Utopies architecturales : ces projets fous que la réalité n’a jamais rattrapés

Des phares censés illuminer Paris, des pyramides futuristes abritant des cités entières, des gratte-ciels géants défiant les lois de la physique… Certains architectes ont rêvé plus fort que la réalité. Visionnaires (ou mégalos?), ces projets inachevés racontent une autre histoire du premier art : celle de ses utopies architecturales.

Des villes suspendues dans les airs, des gratte-ciels défiant l’apesanteur ou des pyramides plus que pharaoniques… Les architectes ont parfois eu la folie des grandeurs et ont tenté de rendre réel l’imaginaire en proposant des projets visionnaires… mais irréalisables, car trop coûteux ou trop techniques. Ces concepts, nés de l’esprit de génies audacieux, ont participé à repousser les limites de l’ingénierie et de la créativité, mais sont restés à l’état de dessins ou de maquettes. Voici 6 projets visionnaires, véritables utopies architecturales qui invitent grandement à la rêverie.


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1. Aeropolis 2001 : la mégastructure qui voulait toucher le ciel

En 1931, année de son inauguration, l’Empire State Building à New York a lancé la course folle des nations vers le gratte-ciel le plus haut du monde. Aujourd’hui, le record est détenu par les Émirats arabes unis avec la tour Burj Khalifa, à Dubaï, haute de “seulement” 828 mètres – une broutille comparée à certains projets restés dans les tiroirs.

Aeropolis 2001 : le rêve japonais d’un gratte-ciel vertical
Aeropolis 2001 : le rêve japonais d’un gratte-ciel vertical

Parmi eux, Aeropolis 2001, imaginée en 1989 par la société japonaise Obayashi Corporation. Du haut de ses 2 001 mètres, cette mégastructure devait dominer la baie de Tokyo et abriter plus de 300 000 personnes, qui se seraient chaque matin réveillées face à une vue aérienne spectaculaire. Mais l’effondrement de la bulle immobilière au début des années 1990, combiné à la nature sismique du sol japonais, a rapidement réduit le rêve à néant. Un rêve de ville verticale futuriste resté à l’état de concept.


2. The Cloud : deux gratte-ciels unis dans le ciel de Séoul

Né en 2011 d’une réflexion du studio néerlandais MVRDV, le projet The Cloud devait unir deux gratte-ciels de 260 et 300 m autour d’un « nuage » pixelisé, dans le quartier de Yongsan, à Séoul, en Corée du Sud. Ce méga complexe aurait intégré des appartements de 80 à 260 mètres carrés avec salons panoramiques et terrasses végétalisées, ainsi que des espaces publics tels que des restaurants, un centre de bien-être et des jardins suspendus. – restaurants, centre de bien-être, jardins aériens…

The Cloud : quand MVRDV voulait relier les cieux de Séoul
The Cloud : quand MVRDV voulait relier les cieux de Séoul

Tout avait été pensé pour offrir une qualité de vie élevée et un brin de rêve, la tête dans les nuages. Trop coûteux, il ne restera qu’à cet état. Une utopie et surtout une folie architecturale qui continue d’inspirer les architectes du monde entier.


3. La pyramide de Shimizu : archéologie du futur à l’échelle pharaonique

La pyramide de Shimizu, imaginée en 1996 par la société japonaise Shimizu Corporation, compte parmi les projets les plus pharaoniques jamais présentés, mais relève davantage de la science-fiction architecturale que du concret.

La pyramide de Shimizu : une utopie architecturale s’il en est
La pyramide de Shimizu : une utopie architecturale s’il en est

Elle devait être construite entre 2080 et 2100 et renfermer 55 pyramides ayant chacune la taille de celle de Khéops. Reposant sur une surface de 8 kilomètres carrés et s’élevant à 2 004 mètres de haut, cet édifice aurait accueilli 750 000 habitants et serait devenu une véritable cité autonome du futur. Un projet colossal d’architecture futuriste et de mégastructure écologique, de quoi faire se retourner les pharaons dans leur tombeau !


4. La Tour Cybernétique : la sculpture qui voulait dépasser la Dame de fer

Il s’en est fallu de peu pour que la tour Eiffel (encore elle) se fasse voler la vedette par la Tour Cybernétique, en 1990. Proposée par le sculpteur franco-hongrois Nicolas Schöffer pour La Défense, cette structure monumentale devait culminer à 347 mètres, détrônant ainsi la Dame de fer.

La Tour Cybernétique : sculpture ou gratte-ciel du futur ?
La Tour Cybernétique : sculpture ou gratte-ciel du futur ?

Mieux encore : fort de ses 3 226 projecteurs, 2 000 flashs lumineux et 350 miroirs, elle devait fusionner sculpture, architecture, lumière et interactivité pour devenir le nouveau phare de la capitale. Mais son coût astronomique et ses défis techniques, trop avant-gardistes pour l’époque, ont porté un coup fatal au projet. Schöffer a finalement revu ses ambitions à la baisse et en a réalisé, à Liège, une version de 52 mètres, plus réaliste. Un projet de gratte-ciel artistique avant l’heure.


5. Un pont d’eau sur la Seine : quand Paris rêvait de flotter

Vous l’aurez peut-être remarqué, la rue de Rennes commence au numéro 41. Cela n’est dû ni à une erreur, ni à la démolition d’immeubles, mais au projet d’un pont singulier imaginé à l’époque des grands travaux haussmanniens, à la fin du XIXᵉ siècle. Il devait prolonger cette artère jusqu’à la Seine, pour relier la rive droite à la gare Montparnasse – pratique.

Ce pont devait prolonger la rue de Rennes afin de relier la rive droite à Montparnasse.
Ce pont devait prolonger la rue de Rennes afin de relier la rive droite à Montparnasse.

Mais l’idée d’y ajouter huit fontaines verticales monumentales, ainsi que d’autres se déversant dans le fleuve, a finalement noyé le projet, jugé trop coûteux et surtout peu adapté aux passants, qui auraient été constamment arrosés, même par beau temps. Un rêve urbain d’architecture hydraulique resté dans les cartons.


6. Un phare pour éclairer Paris : la rivale oubliée de la tour Eiffel

Il s’en est fallu de peu pour que la tour Eiffel ne voie jamais le jour, tant ses rivales redoublaient d’audace. Le Brestois Jules Bourdais avait proposé à la place une tour en granit de 300 mètres, surmontée d’un phare électrique de 50 mètres destiné à éclairer la Ville Lumière.

Un phare pour Paris : quand la Ville Lumière voulait briller plus fort
Un phare pour Paris : quand la Ville Lumière voulait briller plus fort

Couronnée d’une ceinture d’étoiles et d’une statue ailée symbolisant le génie de la Science, la structure devait faire rayonner la puissance de la France bien au-delà de ses frontières. Mais le projet s’est révélé bien trop lourd à porter, au sens propre comme au figuré. Sa masse colossale et ses coûts disproportionnés ont fini par l’enterrer. Un phare aussi ambitieux qu’impossible.


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