Berlin, le laboratoire arty pauvre mais sexy

Vibrante et effervescente, Berlin est un bouillon créatif sans limites. Près de trente ans après la chute du mur, la capitale allemande transforme ses bunkers, usines et brasseries en espaces culturels. Mécènes et collectionneurs privés y avancent leurs pions, ouvrant des lieux plus séduisants et atypiques les uns que les autres.

Berlin, « pauvre mais sexy ». Cette déclaration de 2003 du maire de l’époque, Klaus Wowereit, sied encore aujourd’hui à la capitale, lourdement endettée. Son côté rugueux de lendemain de fête attire toujours. EasyJet-setters et étudiants Erasmus continuent de frapper à sa porte. S’y ajoutent de jeunes Italiens, Espagnols, Grecs, Colombiens et Israéliens qui viennent goûter à sa Deutsche Vita, à l’esprit bohème et lässig (décontracté).

Le long de la Spree, vestige du mur de Berlin devenu aujourd’hui le support de messages d’espoir.
Le long de la Spree, vestige du mur de Berlin devenu aujourd’hui le support de messages d’espoir. Stevens Frémont pour IDEAT

Suivant le pouls de la ville, ils dansent au rythme de la techno, s’adonnant à un temps follement élastique, à l’instar des nuits infinies du célèbre club Berghain. Le travail ? Il y en a peu et les salaires, maigrichons, incitent à jongler entre plusieurs petits boulots. Mais peu importe. Malgré la récente envolée des loyers, les prix restent encore bas pour une capitale. Berlin a ainsi tout pour incarner un laboratoire des possibles.

Implanté dans une cour de Kreuzberg, VooStore distribue des labels connus ou plus confidentiels, traduisant une vision personnelle de Berlin à travers des choix d’objets locaux et internationaux. L’occasion aussi d’y goûter un café maison, un thé artisanal et des pâtisseries fraîches.
Implanté dans une cour de Kreuzberg, VooStore distribue des labels connus ou plus confidentiels, traduisant une vision personnelle de Berlin à travers des choix d’objets locaux et internationaux. L’occasion aussi d’y goûter un café maison, un thé artisanal et des pâtisseries fraîches. Stevens Frémont pour IDEAT

On y teste de nouveaux concepts, à l’image du snack Good Bank, où l’on mange de la salade en en regardant d’autres pousser derrière la vitre de serres électriques InFarm. On y lance des espaces hybrides mêlant éditeurs de meubles et curieux (Aptm) et on transforme des crématoriums en lieux culturels (The Silent Green Kulturquartier). Et bien sûr, les start-up y posent leurs bureaux. L’anglais, plus que l’allemand, fait le lien entre les nationalités. Le faible coût de la vie aimante les artistes en tout genre. « Ils continuent à produire sur place même si certains préfèrent les grands studios de Leipzig », avance Joseph Djenandji, cofondateur des guides de voyage Lost In. « Les galeries d’art, qui se plaignent du faible pouvoir d’achat à Berlin, utilisent la ville pour découvrir des talents. Elles ont, en général, une autre adresse à Hambourg, Munich ou Düsseldorf. »

L’esprit frais et bohème qui traverse les 36 logements du Gorki Apartments séduira les curieux du Berlin animé et branché.
L’esprit frais et bohème qui traverse les 36 logements du Gorki Apartments séduira les curieux du Berlin animé et branché. Stevens Frémont pour IDEAT

Entre pinceaux et cimaises, les mécènes et les collectionneurs privés sont eux aussi séduits par le buzz artistique de la ville. Aussi viennent-ils déposer leurs œuvres et leurs noms dans des espaces qu’ils créent dans une sorte de douce frénésie. Le projet BerlinCollectors.com, loin d’être exhaustif, rassemble une vingtaine de lieux privés. On y retrouve, entre autres, la Haubrok Foundation, dans le quartier excentré de Lichtenberg, ou encore Me Collectors Room Berlin/Olbricht Collection, dans Mitte, rassemblant des objets du XVIe siècle et de l’art contemporain (Cindy Sherman, Gerhard Richter…). « Les premiers à avoir ouvert leurs collections au public furent sans doute les Hoffmann (en 1997, dans leur appartement, NDLR). Mais le phénomène a vraiment démarré il y a dix-quinze ans », remarque le sympathique Denhart von Harling, porte-parole du Kindl-Centre for Contemporary Art. « Ces collections privées ont commencé à concurrencer les musées publics sans pour autant endosser de mission éducative. »

Berlin pratique

Y ALLER
Depuis décembre 2017, EasyJet propose deux lignes au départ de Paris vers Berlin :
• Paris-Orly – Berlin- Schönefeld : aller-retour à partir de 61 €.
• Paris-Charles-de-Gaulle – Berlin-Tegel : aller- retour à partir de 85 €.
Easyjet.com/fr

SE DÉPLACER
Berlin propose différents moyens de transport en commun, dont le bus, le tram, le métro (U-Bahn) et le chemin de fer express urbain (S-Bahn). L’avantageuse Berlin WelcomeCard est un pass officiel de transports en commun couplé à des entrées à tarifs réduits dans de nombreux musées et attractions touristiques. À choisir, de 48 h jusqu’à 6 jours, pour un adulte et 3 enfants (6-14 ans) : à partir de 19,90 € (transports en commun de Berlin centre, zones A et B, et trajet aéroport Tegel inclus).
Berlin-welcomecard.de

SE RENSEIGNER
Office de tourisme de Berlin : Visitberlin.de/fr
Office de tourisme allemand : Germany.travel/fr

PROFIL EXPRESS
• Superficie : 892 km2, soit environ 8 fois celle de Paris.
• Nombre d’habitants : plus de 3,5 millions en 2016.
• Densité : avec 3 947 Berlinois/km2 (2016), c’est la plus forte concentration en Allemagne.
• Nombre de visiteurs en 2016 : 12,7 millions (à titre de comparaison, Londres accueillait 19,1 millions de visiteurs la même année).