Mettez-vous les mains dans le cambouis ou déléguez-vous ?
Pierre-François Le Louët (NellyRodi) : Je délègue dans beaucoup de cas, mais je suis très au courant des choses, car je rencontre beaucoup de patrons qui nous posent des questions en espérant des réponses précises. Il n’y a pas une semaine où je n’ai pas au téléphone quatre ou cinq dirigeants de société sur des sujets très précis.
« Les cahiers de tendances en sont plus un diktat »
NellyRodi existe aujourd’hui à Paris, à Tokyo et New York. Ce développement a-t-il été impulsé depuis votre arrivée ?
Le bureau de Tokyo, créé en 1987, était déjà là. En revanche, celui de New York n’existait pas ; je l’ai ouvert en 2016. Nous avions des projets et des clients qui nous demandaient une présence plus accrue que celle de nos agents sur place. La deuxième chose que j’ai renforcée, c’est notre relation avec la Chine, dès mon arrivée dans les années 2000. Nous avons beaucoup développé le marché chinois en travaillant pour des marques locales.
Dans les années 90, l’image de l’agence NellyRodi, c’était l’élaboration de ses fameux cahiers de tendances…
Oui, le territoire de la tendance s’est beaucoup élargi dans ces années-là. Si ma mère a apporté quelque chose à ces industries créatives, c’est bien cela : travailler sur l’extension de la question de la tendance aux domaines de la beauté, de la maison, du design, de la « food » et à plein d’autres domaines d’activités de biens de consommation pas encore touchés par un renouvellement rapide des collections. On en était au début de la réflexion marketing appliquée au domaine des industries créatives. Le cahier de tendances a beaucoup évolué. Il y a vingt ans, il était encore conçu comme un diktat. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
« La nouveauté émerge ne ligne »
Il y a vingt ans, les Français, bien qu’intéressés, semblaient sceptiques face aux tendances.
Peut-être parce ce qu’il y avait de grandes « pythies » qui prédisaient l’avenir et qui ensuite guidaient le développement d’un certain nombre de produits. Aujourd’hui, c’est très différent, parce que les sociétés se sont beaucoup plus structurées en interne. Ces outils sont devenus des sources d’inspiration, mais pas du tout des bibles à appliquer telles quelles. Du coup, tout cela est complété par de multiples autres sources d’information qui viennent nourrir le développement des produit des marques.
Considérez-vous Instagram comme un poste d’observation fiable ?
Nous sommes extrêmement attentifs à Instagram parce que chez un certain nombre de clients, c’est un baromètre. Pour eux, l’aune du succès se mesure au nombre de followers. On peut le regretter. D’après moi, la qualité et les démarches disruptives ne se mesurent pas au nombre de followers. Cela dit, la nouveauté émerge aussi en ligne. Beaucoup de nouveaux designers se découvrent sur ce réseau et plus uniquement dans des salons professionnels. Il permet aussi à nos clients de savoir qui sont leurs réels clients. Quand on étudie les hashtags associés aux produits ou aux noms des marques, c’est souvent un très grand choc pour elles de découvrir la grande différence qui existe entre leur cible rêvée et la réalité.