Tendances 2021 : Les prédictions du spécialiste Pierre-François Le Louët (NellyRodi)

Depuis sa fondation en 1985, NellyRodi cultivait l’image d’un bureau de tendances et de styles qui renseignait les marques, les stylistes et la presse sur l’air du temps. Pierre-François Le Louët, président et CEO de NellyRodi, nous explique la mission actuelle de l’agence, qui va plus loin, puisqu’elle touche à la stratégie commerciale. Comme si le fait de connaître le monde dans lequel on vit était devenu plus vital que jamais, que l’on soit créateur, producteur ou consommateur.

L’agence NellyRodi a été fondée par votre mère en 1985. Vous en assurez la présidence depuis vingt ans. On ne peut pas parler de continuité…
Pierre-François Le Louët (NellyRodi) :
Ah non, je vous le confirme ! L’agence est née sous la forme d’un bureau de styles, concentré sur une analyse prospective de l’air du temps. Nous publions toujours des cahiers de tendances, mais le côté style ne représente plus qu’un quart de notre activité. NellyRodi fait aujourd’hui beaucoup de conseil en stratégie pour des marques. L’agence accompagne plus de dirigeants d’entreprises que de stylistes…

Les gens qui viennent vous voir sont-ils démunis ou plutôt soucieux d’affiner leur vision ?
Nous travaillons pour des groupes du luxe et la grande distribution. Bien équipés en interne, avec un staff et des outils déjà très puissants, ils ont pourtant besoin d’un œil extérieur et d’une méthodologie spécifique.

Pierre-François Le Louët, 46 ans, président de NellyRodi, agence de conseil en création et en stratégie, sise à Paris, New York et Tokyo.
Pierre-François Le Louët, 46 ans, président de NellyRodi, agence de conseil en création et en stratégie, sise à Paris, New York et Tokyo. NellyRodi

Chez NellyRodi, on parle de « prospective appliquée ». Jusqu’où ce conseil venu de l’extérieur intervient-il ?
Une fois définie, une stratégie va jusqu’à l’accompagnement des managers, qui vont devoir transmettre des messages opérationnels aux équipes. Ce travail se construit ensemble, avec beaucoup d’intelligence collective et de workshops, pour que les actions puissent avoir un réel impact.

« On n’est pas là pour servir la soupe »

Vos clients sont-ils ouverts à la critique ?
Oui, car, en général, quand ils viennent chez nous, c’est pour trouver la solution à un problème. Et parfois, le problème lui-même n’est pas bien identifié. Ils nous demandent d’agir avec eux en toute autonomie et indépendance. Nos équipes sont pédagogues et intègres : on n’est pas là pour leur servir la soupe !

La salle de réunion de l’agence, installée dans l’hôtel Cromot du Bourg, un bâtiment du XVIIIe siècle (Paris IXe).
La salle de réunion de l’agence, installée dans l’hôtel Cromot du Bourg, un bâtiment du XVIIIe siècle (Paris IXe). Yannick Labrousse

Existe-t-il une méthode pour décrypter le monde ?
Effectivement, on part du consommateur, on l’observe, on analyse les usages actuels et les récents facteurs de désirabilité qui marquent les nouvelles clientèles, dont les univers culturels ont changé, ainsi que leurs comportements. Les facteurs de désirabilité évoluent. Les marques installées, malgré leur puissance, sont beaucoup moins attractives que de jeunes labels qui arrivent sur le marché, avec toute leur fraîcheur et leur sincérité. Il s’agit donc de mettre nos clients au diapason de ce monde-là.