Studiopepe, le duo créatif italien du moment

Milan, Copenhague, New York… Les designers Arianna Lelli Mami (41 ans) et Chiara Di Pinto (40 ans) voient leur notoriété monter en flèche. Au–delà du design industriel, leur Studiopepe supprime la frontière entre art, design et mode. Mobilier, objets, magasins, showrooms, appartements ou catalogues, elles font de tout, partout, mais toujours avec discernement.

Studiopepe. Le nom sonne comme une marque de sherry espagnol. Pourtant, fondé à Milan, il rend hommage à Guglielmo Pepe (1783-1855), patriote italien qui a donné son nom à la rue du quartier Garibaldi où, en 2006, Arianna Lelli Mami (la brune) et Chiara Di Pinto (la rousse) ont fondé leur studio. Depuis, elles ont quitté l’immeuble de leurs débuts, signé du grand architecte Giuseppe Terragni (1904-1943) et travaillent dans le quartier Città Studi, non loin du Politecnico où se sont formés tous les grands noms du design italien. Arianna y a étudié l’architecture intérieure et Chiara, venue des Beaux-Arts, le design industriel. En 2016, le duo fait désormais partie de ceux dont on parle. Il ne signe pourtant que peu de mobilier. Arianna rappelle justement que le design excède la seule sphère du design industriel de mobilier : « Ce que nous préférons, c’est créer des concepts dans tous les domaines. »

Sur leurs croquis, les objets se multiplient et l’ouverture récente d’un pôle design pour le studio, très multidisciplinaire, en est la concrétisation.
Sur leurs croquis, les objets se multiplient et l’ouverture récente d’un pôle design pour le studio, très multidisciplinaire, en est la concrétisation. Andrea Ferrari

Maison, scénographie ou installation, peu importe. Un jour, il s’agit de donner des idées à une entreprise en quête d’elle-même sous forme de valeurs à affirmer, le lendemain, de métamorphoser une boutique. Comme Arianna a été journaliste et styliste pour de prestigieux magazines, elle est même sollicitée pour des séances de shooting. Elle et Chiara ont plusieurs fois donné du caractère, sinon du sens, aux pages de catalogues d’éditeurs de design comme Rimadesio.

Une maison de luminaires comme l’autrichienne Kalmar Werkstaetten a vite compris que, malgré son histoire et ses collaborations avec des designers comme Garth Roberts, un Studiopepe est l’arme fatale pour se distinguer, de la vitrine de magasin au carnet de tendances.  Aujourd’hui, malgré la présence en leur sein de directeurs artistiques, les marques consultent à tour de bras. Résultat, chez Spotti, boutique milanaise de design, le décor, comme saisonnier, est régulièrement changé par Studiopepe pour éviter l’ennui.

Architectes, d’intérieur ou pas, designers… Une petite dizaine de personnes travaille chez Studiopepe.
Architectes, d’intérieur ou pas, designers… Une petite dizaine de personnes travaille chez Studiopepe. Andrea Ferrari

En 2014 à Copenhague, Norm.Architects avait conçu le showroom du label danois &Tradition. Studiopepe y a ensuite déployé une petite symphonie de rideaux et de tissus d’ameublement aux coloris choisis, avec des panneaux textiles, du papier peint et des installations lumineuses. Le tout diffuse dans les lieux transformés un large éventail d’émotions esthétiques. La même année, à Milan, chez l’éditeur de tissus danois Kvadrat, Studiopepe avait créé tout un univers avec les tissus mis au point par le styliste de mode Raf Simons. Inoubliable dans le décor, trônait le fauteuil F51 de Walter Gropius (Tecta, 1920), tendu de tissu noir et jaune.

La suspension « Statica » (2013), emblématique d’une collaboration sans nuages avec Spotti Edizioni.
La suspension « Statica » (2013), emblématique d’une collaboration sans nuages avec Spotti Edizioni. Andrea Ferrari
Le portemanteau « Voilà » (Ivano Redaelli, 2010) et le fauteuil « Cloe » (Spotti Edizioni, 2010), une même présence sans « show off ».
Le portemanteau « Voilà » (Ivano Redaelli, 2010) et le fauteuil « Cloe » (Spotti Edizioni, 2010), une même présence sans « show off ». Andrea Ferrari