Le duo a conquis sans effort la Milan Design Week 2024. À peine l’événement terminé, Cléo Döbberthin et Lorenzo Lo Schiavo, fondateurs du studio pluridisciplinaire Palma, préparent déjà leur première exposition à Genève qui ouvrira en mai prochain. Un rendez-vous annonciateur d’un brillant avenir. Portrait d’un duo uni par l’amitié et la créativité.
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L’histoire d’une rencontre
Si Cléo Döbberthin et Lorenzo Lo Schiavo voyagent à travers le monde, São Paulo reste sans équivoque leur camp de base, leur bulle créative. Ils se sont rencontrés dans cette ville effervescente puis ont décidé de s’y installer pour fonder Palma, un studio pluridisciplinaire, refusant de se limiter, optant à l’inverse pour des décisions menées par leur passion et leurs centres d’intérêts. Une approche qui paye, les projets s’enchaînant à toute allure quatre ans seulement après sa création.
Mais retournons un peu en arrière. Quatorze ans plus tôt exactement. Cléo et Lorenzo sont tous les deux étudiants en première année d’architecture à l’Université de São Paulo. Leur amitié se présente comme une évidence, les deux jeunes créatifs peinant à trouver leur place dans l’enseignement moderniste, qu’ils jugent légèrement dépassé, de leur cursus. « Ayant tous les deux grandis à l’époque où Tumblr battait son plein et les réseaux sociaux comme la plateforme YouTube étaient en pleine expansion, nous étions curieux d’esthétiques beaucoup plus variées et cela nous semblait à la fois absurde et anachronique, cet attachement à la pureté de la forme, à la véracité du matériau. Nous recherchions tous les deux une architecture capable de retranscrire la cacophonie de notre jeunesse, loin de cette rigidité », confie sans détour le duo.
Une année leur suffit pour comprendre que leur place n’est pas ici. Cléo quitte l’école pour étudier les arts visuels à la FAAP de São Paulo. Lorenzo, lui, s’envole pour Londres et se forme à l’architecture dans la capitale britannique. Ils perdent contact. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais non. Neuf ans plus tard, en 2019, ils se retrouvent dans la ville où tout a commencé. Lui s’épanouit en tant qu’architecte , elle, à la tête de son atelier, s’adonne notamment à la sculpture. Le hasard – et les amis communs – les réunissent, et après avoir renoué leur lien ils décident d’unir leur talent pour un premier projet. La graine Palma est plantée.
Un design en constante redéfinition
Dès le départ, la pluridisciplinarité se place au cœur de leur pratique. Issus de milieux différents, ils associent leurs savoirs et leurs expériences au profit d’une grande variété de projets. Boutiques, intérieurs privés, mobilier, scénographies… Cléo Döbberthin et Lorenzo Lo Schiavo refusent rapidement de choisir. « Nous pensons que la pluralité de notre travail lui permet de se nourrir lui-même, rendant possible de revisiter des idées et des processus de manières différentes, avec des objectifs différents. Une sorte de serpent créatif qui se mord la queue », assurent-ils.
Cette approche plurielle se retrouve également dans un désir constant de recherche et d’expérimentation qui nourrit leur travail. « Étant deux individus avec des références différentes, nous cherchons constamment à les réunir. Cet amalgame allié à l’expérimentation matériel – les erreurs jouent un rôle très important dans notre processus créatif – nous permet d’aboutir à des résultats novateurs et inattendus dans la réalisation et l’expression de nos envies », ajoutent en cœur le duo.
La patte du design Palma se trouve dans sa constante redéfinition. De l’organique à la géométrie rigoureuse, de la recherche de la perfection au désir de créer de l’imperfection, le duo créatif refuse de se cantonner à un style unique. Ce désir de mutation constante, Cléo Döbberthin et Lorenzo Lo Schiavo l’expliquent encore une fois par les stimuli qui les exaltent et leur passion pour la recherche. Une curiosité qui les fait passer des livres aux voyages, d’internet à la culture underground, du Brésil au reste du monde, en passant par l’IA et des débats sans fin.
En feuilletant leur portfolio, difficile de trouver une ligne directrice tant leur identité tend à évoluer. Lors de la dernière édition de la Milan Design Week, Palma s’associait au studio chilien Bravo pour présenter sa dernière collection de mobilier, Bingo. Alliant techniques artisanales traditionnelles et savoir-faire modernes, ils proposaient une collection ludique mêlant peinture à l’éponge et mosaïque coquille d’œuf, laiton et bois, des formes tantôt organiques tantôt géométriques, démontrant une nouvelle fois une identité mouvante.
S la ville où tout à commencé pour eux, et où tout continue. Une mégalopole vibrante, aux multiples facettes, où comme le rappellent les deux designers il faut savoir chercher la beauté pour la trouver dans le chaos. Cette cité bouillonnante les influence au quotidien, « pour le meilleur comme pour le pire« , ajoutent-ils. Si la beauté ne domine pas toujours, ils trouvent cependant une liberté vivifiante dans le caractère plus humble, moins « starifié » de l’art et du design propre à l’Amérique Latine.
Dans le quartier où ils ont installé leur studio, Barra Funda, les locaux industriels ont peu à peu laissé place à des artisans, des designers, des artistes, des galeries d’art et autres producteurs locaux, dont la diversité inspire. Cléo Döbberthin et Lorenzo Lo Schiavo manifestent l’amour pour leur quartier à travers leur participation à l’événement Design na Barra Funda où, pendant un weekend, les studios ouvrent leurs portes aux visiteurs pour leur faire découvrir leur univers.
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