Studio Marcel Poulain : le canapé Terence se fait la malle

Concentré de références – à Terence Conran notamment, fondateur d’Habitat –, mais aussi manifeste exigeant de durabilité et exercice narratif à tiroirs, Terence a vu se pencher, outre ses créateurs, Clémence Plumelet et Geoffrey Pascal, beaucoup de fées sur son berceau. Un objet qui a plus d’un tour dans son sac.

Rencontrés une première fois à l’occasion du festival Design Parade en 2021 (voir IDEAT #149), où leur proposition Folle envie allait remporter le prix Mobilier national, Clémence Plumelet et Geoffrey Pascal, les fondateurs du studio Marcel Poulain, insistaient déjà sur l’importance de la dimension narrative dans leur travail : « Nos profils combinés de designer d’objets et de designer textile nous poussent à démarrer un projet par l’écriture d’un scénario, sur lequel se greffent une matière puis une forme, desquelles émerge la conception d’un écrin pour les accueillir. »

Un vent de créativité bienvenu

Clin d’œil au nomadisme historique du mobilier de cour, Terence est le fruit d’une résidence de ses deux concepteurs au Mobilier national. L’objet y a été réalisé aux côtés de l’ARC (Atelier de recherche et de création), avec le soutien du Lit national et de la Maison Le Manach (Pierre Frey).
Clin d’œil au nomadisme historique du mobilier de cour, Terence est le fruit d’une résidence de ses deux concepteurs au Mobilier national. L’objet y a été réalisé aux côtés de l’ARC (Atelier de recherche et de création), avec le soutien du Lit national et de la Maison Le Manach (Pierre Frey). DR

Cette même approche a présidé à la naissance de leur canapé Terence, « arrivé en juillet dernier au palais d’été d’un certain Marcel Poulain » – à l’ancien évêché de Toulon dans les faits. Réalisé dans le cadre d’une résidence au Mobilier national – sous l’aile protectrice de son fameux Atelier de recherche et de création (ARC) –, l’objet a été pensé dans les moindres détails pour être aisément transportable. Il s’inscrit ainsi dans le droit fil de ses ancêtres au sein d’une institution vénérable sur laquelle souffle aujourd’hui un vent de créativité bienvenu* : imaginé comme une malle de voyage, il voit ses poignées se muer en soutien de l’assise et ses sangles de transport maintenir le coussin dorsal en place une fois le sofa déployé.

Terence et la vie nomade

Arrivée au palais d’été » : Terence dans son environnement viscontien, soigneusement scénographié, à l’ancien évêché de Toulon lors de la 6e édition de Design Parade. À l’arrière-plan, la reproduction imprimée, sous le patronage de Pierre Frey, d’une tapisserie de 1946 de Jean Picart Le Doux : L’Été.
Arrivée au palais d’été » : Terence dans son environnement viscontien, soigneusement scénographié, à l’ancien évêché de Toulon lors de la 6e édition de Design Parade. À l’arrière-plan, la reproduction imprimée, sous le patronage de Pierre Frey, d’une tapisserie de 1946 de Jean Picart Le Doux : L’Été. DR

Mais Terence est également profondément durable, dans tous les sens du terme. « La conservation fait partie des missions historiques du Mobilier national et nous voulions transcrire cette notion en rendant facilement démontables tous les éléments présents, avec une pièce tapissée qui ne tombe pas dans le travers des meubles agrafés. Notre volonté a donc été de trouver une manufacture ne travaillant qu’avec des techniques artisanales et des matériaux naturels : laine et latex naturel biosourcé.»

Dessiné spécialement par les deux designers, À travers champs tapisse le canapé. Tissé dans les Hauts-de-France par la Maison Le Manach, il s’apprête à intégrer le catalogue de Pierre Frey. 5/ La structure en contreplaqué moulé en feuilles de frêne a été réalisée grâce au savoir-faire des artisans de l’ARC.
Dessiné spécialement par les deux designers, À travers champs tapisse le canapé. Tissé dans les Hauts-de-France par la Maison Le Manach, il s’apprête à intégrer le catalogue de Pierre Frey. 5/ La structure en contreplaqué moulé en feuilles de frêne a été réalisée grâce au savoir-faire des artisans de l’ARC. Lucile Casanova

«Cette recherche nous a amenés à contacter Le Lit national, qui a tout de suite accepté avec enthousiasme de collaborer sur le principe du mécénat de compétences** », expliquent les deux designers, dorénavant regroupés sous l’appellation du studio Marcel Poulain – « Les noms de jeunes filles de nos mères ainsi accolés composent aussi une sorte de personnage que l’on pourrait emmener d’un projet à l’autre. » Dans l’attente des nouveaux scénarios qui ne manqueront pas de s’écrire, Clémence et Geoffrey aimeraient voir Terence vivre sa vie nomade en série limitée. Avis aux éditeurs… 

* Avec l’arrivée de René-Jacques Mayer à la tête de la création, le Mobilier national, dirigé par Hervé Lemoine, ne peut que renforcer en beauté cette dynamique.

** Mise à disposition gracieuse de collaborateurs au profit d’un organisme d’intérêt général.