Une invitation à la sérénité. À Minorque, au milieu d’un parc de 130 hectares de nature sauvage, une ancienne ferme traditionnelle de 1 000 mètres carrés a été transformée par le cabinet d’architecture Atelier du Pont en petit hôtel écologique de 14 chambres. Son Blanc, c’est son nom, est un havre de paix de haute volée aux accents écolo. Visite guidée.
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Son Blanc : l’hôtel qui vise l’autosuffisance
Grâce à la mise en place d’un dispositif de géothermie, de panneaux photovoltaïques, de planchers chauffants, ainsi qu’à des systèmes de refroidissements, l’hôtel, qui recycle en outre l’eau de pluie grâce à une petite station d’épuration naturelle, ambitionne l’autosuffisance énergétique. Des arbres, des animaux, des potagers et des ruches contribuent également à l’autosuffisance alimentaire.
« C’est la philosophie générale. Une expérience immersive dans un endroit où le luxe peut aussi être respectueux de la planète », explique Anne-Cécile Comar, la fondatrice de l’Atelier du Pont, l’agence à l’œuvre de cette rénovation. Exit donc climatisation et télévision, le luxe et le tourisme durable se rejoignent sur la bissectrice d’un certain zen.
Atelier du Pont a obtenu le Prix French Design 100 pour ses travaux sur cette bâtisse du XIXe siècle. Abandonné depuis plusieurs années, le corps de ferme principal était pratiquement en ruine. L’architecte a ainsi porté son attention à la préservation de la structure originelle, veillant à révéler ses éléments remarquables. « Il y a eu tout un travail pour retrouver les arches anciennes fabriquée en marès, une pierre assez tendre présente à Minorque. Le lieu était dénaturé par les anciens propriétaires qui avaient voulu en faire huit appartements, avec des parpaings ».
La nature de l’île a inspiré le projet. Dans les intérieurs, les matières sont claires, laissées majoritairement brutes et modelées dans des formes organiques. Outre la pierre, le bois d’olivier sauvage et l’argile, des matériaux biosourcés, sont principalement utilisés.
Dans le volume de la Boyera, pièce principale de 500 m2, les poutres s’entrelacent dans la nouvelle charpente, et un cloisonnement intérieur courbe en texture terreuse vient délimiter les espaces, tel un paravent qui occulte les zones techniques et sépare les différentes fonctions de la bâtisse.
Des touches contemporaines sont apportées, à l’image de l’escalier principal qui dessert les chambres. Toute en pierre, sa rampe sinueuse est le fruit d’une collaboration entre les maçons minorquins et l’architecte.
L’Atelier du Pont vit dans le temps long
Pour le mobilier et les œuvres artistiques, un travail approfondi a été entrepris afin de sélectionner des matières naturelles provenant, en grande majorité d’Espagne et de France. Des éléments textiles, des céramiques et des créations en plâtre viennent ponctuer les espaces.
« Les tables de chevet en terre cuite ont été dessinées par notre atelier, confirme l’architecte. Nous avons travaillé avec plusieurs artisans et artistes pour produire des pièces spéciales pour l’endroit ». Autre ornement, et pas des moindres, pour cet hôtel de luxe : une piscine taillée dans la roche. Son Blanc est un lieu de lâcher-prise : il dispose d’une salle de yoga et de danse où l’on peut également travailler sa méditation.
Les travaux ont duré presque 5 ans, interrompus par la pandémie et des délais administratifs très longs pour obtenir différents permis. « Ça n’a pas été un chantier linéaire, concède Anne-Cécile Comar, mais c’était intéressant car il y a eu avec les artisans une vraie synergie qui a contribué à l’unicité du projet ». Comme quoi, finalement, il est utile de prendre son temps.
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