Entre Roche Bobois et Christophe Delcourt, le fil de leur histoire commune ne s’est jamais rompu. L’éditeur et le designer se retrouvent régulièrement autour d’une collection, comme en ce début 2024, avec « Palatine ».
À lire aussi : Baxter : Christophe Delcourt dans son élément
Une collaboration de longue date
« Nous nous connaissons depuis une vingtaine d’années, ayant collaboré pour éditer ses gammes “Rive droite”, puis “Legend”, précise Nicolas Roche, chef de groupe meubles de la marque française. J’apprécie son travail d’exploration de la matière brute et des formes sculpturales, son approche artisanale de la conception. C’est encore le cas avec la dernière ligne, qui regroupe des assises, une table de repas disponible en quatre dimensions et un buffet. »
Une nouvelle fois, le designer autodidacte a laissé libre cours à son imagination : « Mon processus créatif part, en général, de la matière : je suis attiré par une pierre, une essence, une couleur… Je suis un peu comme un sculpteur, j’aime follement la forme, les pleins, les vides, les détails, un rai de lumière qui passe à travers une rainure. J’utilise toujours ces paramètres dans ma réflexion préparatoire. Pour la collection “Palatine” en particulier, l’Italie s’est révélée une source d’inspiration inépuisable : son architecture, son art de vivre, son histoire et son élégance, associée à une recherche continue d’équilibre entre sobriété, matériaux et savoir-faire, entre formes expressives et qualités physiques. »
La ligne va en effet puiser dans ses richesses naturelles, en les faisant s’opposer et dialoguer. « Je souhaitais une construction autour du bois et de la pierre, plus précisément du noyer Canaletto et du travertin, poursuit Nicolas Roche. Je ne voulais pas d’une simple addition de matériaux, mais que l’un “travaille” l’autre, qu’il y ait interpénétration des deux. C’est ce que l’on peut observer par exemple avec la table, dont le piétement se compose d’un gros bloc de travertin cylindrique scindé en deux éléments, reliés par deux traverses de noyer qui semblent avoir creusé une échancrure de bas en haut. »
Un raffinement à l’italienne
Le designer a mené un travail d’assemblage minutieux, dont il a le secret, proposant des détails subtils, comme des pièces de bois qui épousent parfaitement les formes de la pierre, des inserts de travertin, doucement inclus dans le plateau de la table ou les façades du buffet…
Autre exemple pour ce meuble : le choix du travertin non rebouché (avec un enduit de mortier-joint étalé, comblant les trous), qui conserve ainsi une surface avec des irrégularités et flatte là encore la patte artisanale. Attentif à l’aspect environnemental, Christophe Delcourt précise : « Cette association vient de ce caractère latin que nous avons recherché et de la proximité des sources des matériaux. Les carrières dont le travertin est extrait et les forêts de noyers gérées durablement (FSC) sont proches des fabricants qui les transforment. Si le second possède une noblesse de veinage et de grain inégalable, le premier offre la beauté de l’imperfection : j’apprécie son expression plus retenue que celle du marbre, son élégance simple. »
Pour compléter ce bel ouvrage, le designer décline une série d’assises. La volonté est ici de suggérer le confort en l’exprimant au travers de formes généreuses et rebondies, des canapés et des fauteuils très proches du sol, en écho aux célèbres créations de la maison.
« J’ai utilisé des lignes douces et fluides pour produire une impression de confort, sensuelle et essentielle, indique Christophe Delcourt. Le fauteuil, par exemple, naît de l’idée d’assembler de grands coussins pour en obtenir l’assise, les accoudoirs et le dossier, avec des passepoils vigoureux, aux tracés entrecroisés, qui cheminent autour de ces volumes. » Ils s’habillent d’un tissu Smile contenant notamment 7 % d’alpaga et autant de laine vierge à l’effet bouclette revisité et multiplié en divers coloris.
> Roche-bobois.com / Christophedelcourt.com
À lire aussi : Roche Bobois, « french art de vivre »