Flanquée de ses trois enfants et de son conjoint, sans oublier ses deux chats et son chien, Olivia Stiegler se voit confronter à un challenge de taille quand elle fait l’acquisition d’un bel haussmannien proche de la place de la Madeleine, à Paris. Comment faire de cet appartement à l’apparence et aux fonctionnalités plutôt classiques un terrain de jeu habitable pour une famille nombreuse ? Entre alors en scène l’ingéniosité et le savoir-faire propres aux architectes d’intérieur…
A grands renforts de décloisonnement, Olivia Stiegler modifie la structure de l’appartement. Le couloir disparaît au profit d’une belle pièce à vivre englobant la cuisine et la salle à manger, donnant enfin à l’espace commun une taille qui convient à la tribu qui l’habite. En extérieur, une terrasse se dessine ex-nihilo, mettant à profit les nombreuses fenêtres qui ornent ce versant de l’appartement.
L’optimisation de la surface fut la clé du projet. Placards à chaussures et penderies se dissimulent ça-et-là, encastrés discrètement dans les murs. Les bureaux, dont celui d’Olivia qui travaille à domicile et se devait ainsi de disperser au minimum sa vie d’architecte à la maison, trouvent leur place quasi naturellement. Le sien s’accorde à la pureté du mur sur lequel il prend appui, avec son volume généreux, adapté à la vie d’une créative, sans dénoter avec son environnement pour un maximum de discrétion. Celui des enfants s’installe, lui, dans un renfoncement, comme en lévitation.
Moins glamour mais tout aussi importants, les bacs à linge et litière s’intègrent avec habileté dans les recoins de l’appartement. Rien n’est laissé au hasard pour contrôler les débordements qui incombent bien souvent les familles nombreuses ! Le vieil Haussmannien entre enfin dans son époque grâce à une kyrielle d’enceintes connectées elles aussi cachées avec astuce, dans le rebord en béton de la cheminée et dans les luminaires, par exemple.
L’appartement n’en oublie pas pour autant ses racines et a soigneusement conservé son décor immaculé et ses moulures. Pour le côté contemporain, Olivia a parié sur des partis-pris forts plutôt que sur de l’accumulation : une cuisine ultra moderne tout en marbre et en noir, une salle de bains digne des plus beaux hôtels avec sa belle pierre veinée émeraude et ses reflets dorés, et des meubles taillés sur mesure dans un noyer français. L’arbre entier, trouvé chez son fournisseur de bois (Maréchaux), sur conseil de son ébéniste (Ebène et Tradition), a été utilisé pour créer les bibliothèques et les portes ainsi que le buffet du séjour et les ébrasements de son bureau, dans un souci d’économie de moyens et pour égrener la beauté de son veinage rare.
Olivia Stiegler est architecte DPLG. Elle a fondé son agence So Design en 2009 et travaille depuis sur de nombreux projets résidentiels parisiens.