C’est après vingt mois de travaux que la façade du Grand Rex a été dévoilée en décembre dernier. Créé par Jacques Haïk, fondateur entre autres de l’Olympia, et inauguré en 1932, le Rex s’est démarqué par son style Art déco et sa salle « atmosphérique », inspirée des cinémas américains des années 20.
À lire aussi : Au cinéma, Barbie ne jure que par le design des années 60
Le producteur et distributeur de films envisageait alors de créer l’un des cinémas les plus grands et les plus innovants d’Europe à Paris.
Pour le réaliser, il fait appel à l’architecte français Auguste Bluysen et à l’Américain John Eberson, qui, ayant conçu 400 cinémas aux États-Unis, est un spécialiste des théâtres atmosphériques.
La décoration intérieure est confiée à Maurice Dufrène ainsi qu’au sculpteur et verrier Henri-Édouard Navarre, qui imagine également les bas-reliefs de la façade. Le Grand Rex est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques par Jack Lang en 1981.
C’est l’un des derniers exemples encore debout de cinéma à l’architecture Art déco et c’est aujourd’hui la plus grande salle de cinéma en activité au monde !
C’est pendant la pandémie de Covid que les récentes rénovations sont envisagées. Pour les architectes Grichka Martinetti et Stéphane Thomasson, il n’était au départ question que de ravaler la façade et d’assurer l’étanchéité des toitures, retouchées dans les années 70… et dénaturées dans les années 80.
À lire aussi : Les 10 décors les plus légendaires du cinéma
Ils font un diagnostic patrimonial et replongent dans les archives. Difficulté, les photographies d’époque sont en noir et blanc. Ils se transforment alors en archéologues. Ils grattent le bâtiment pour observer les strates successives et découvrent que le rouge utilisé dernièrement ne l’avait jamais été avant les années 70 !
Ses couleurs initiales, retrouvées aujourd’hui, étaient le noir et le vert wagon, auxquels s’ajoutaient les tons crème, or et champagne. Le rouge sera juste conservé sous la marquise à l’entrée.
Les architectes ont peaufiné la façade en conservant les écrans publicitaires et soigné les points lumineux à LED dans le style de l’époque. Un élément primordial a été remanié : l’enseigne en haut de la tour. Celle-ci est redevenue rotative, comme en 1932.
Appartenant depuis trois générations à la famille Hellmann, le mythique cinéma réserve encore des surprises, comme un projet de restaurant sur le toit ou encore la transformation de la grande salle en salle de concert debout.
À lire aussi : Bombay, un décor de cinéma grandeur nature