“Le Grand Palais Éphémère, par définition, est éphémère et n’a pas de vocation à rester sur le Champ-de-Mars.” L’affaire est entendue, le Grand Palais Éphémère sera bien démonté comme convenu à partir du mois de novembre 2024, nous confirme la maire Anne Hidalgo. Il y a des principes sur lesquels l’édile ne transige pas, le sujet est donc clos. Érigée initialement pour pallier la fermeture du Grand Palais historique durant sa rénovation et ainsi accueillir divers événements, notamment les épreuves de lutte et de judo aux Jeux Olympiques de Paris 2024, cette structure temporaire de 10 000 mètres carrés conçue par Jean-Michel Wilmotte trône face à la Tour Eiffel depuis 2021.
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Le démontage du Grand Palais Éphémère, une « gabegie » ?
Son propriétaire plaidait cependant depuis quelques mois pour des prolongations, menant une intense campagne de lobbying pour espérer 3 ou 4 années d’implantation supplémentaires sur ce site exceptionnel. Avec pour argument principal la nécessité de maintenir un espace culturel d’envergure à Paris. Selon Christophe Cizeron, Directeur Général de la société d’évènementiel GL Events, les fermetures prochaines du Centre Pompidou et du Palais de Tokyo pour rénovation, créera un déficit de surfaces adaptées à de grands événements. “Il y a une forte demande de lieux de qualité en hypercentre. On sait, mécaniquement, qu’il va y avoir des tensions sur le marché ”, alors que les Jeux Olympiques ont mis Paris en vedette comme destination de tourisme culturel et d’affaires.
Laisser filer des opportunités vers d’autres capitales européennes manque de logique, entend-on en off, n’hésitant pas à parler de “gabegie” au sujet d’un démantèlement d’un bâtiment d’une telle dimension après seulement quelques années d’utilisation. “On trouvera des moyens, nous avons beaucoup d’immeubles vacants, des moyens de réagencer certains sites” afin de palier au déficit de surfaces évènementielle, rétorque un élu de la majorité municipale.
Côté riverains, outre la perspective bouchée sur l’École Militaire, Les Amis du Champ-de-Mars déplorent l’occupation de la surface du jardin. “Le Champ-de-Mars a vocation à être un jardin public pour tous, s’agace Corinne Roy, porte-parole de l’association. Le Grand Palais Éphémère, occupe 11% de la surface parc selon la mairie du 7e arrondissement, mais nous savons très bien qu’il déborde, avec des tentes blanches et de gros tuyaux à l’esthétique très discutable.” Sans compter les nuisances. “Un évènement de 3 jours représente plusieurs semaines d’installation avec autant d’allées et venues de camions et d’agitation pour le montage et le démontage. À force, les pelouses sont ravagées et les sols complètement tassés ce qui est un gros problème pour les arbres.”
Les Parisiens favorables à son maintien ?
Dans sa campagne pour le maintien, GL Events a réalisé en juin dernier une étude auprès d’Opinion Way, qui révèle que les Parisiens sont à 70% en faveur du maintien de la mission du Grand Palais Éphémère. Alors pourrait-il être remonté ailleurs ? Se pose d’abord la question du démontage de la structure, sujet qui ne va pas de soi. Selon le propriétaire, une démolition précipitée du bâtiment rendrait impossible son recyclage ou sa relocalisation, ce qui irait à l’encontre des engagements écologiques pris lors de sa construction.
“Quand bien même il sera démonté, cela prendra du temps pour être fait de manière qualitative, argue le Directeur Général de la société d’évènementiel GL Events. Ce qui n’était pas du tout prévu à la base car nous étions sur un cahier des charges très diffèrent de celui qui nous a été demandé.” Quant au cabinet de Jean-Michel Wilmotte, Wilmotte & Associés qui a conçu le projet, elle botte en touche : “Notre agence n’étant qu’architecte du projet, nous n’avons pas de point de vue à défendre quant au devenir du Grand Palais Éphémère…”
Reste à savoir où il pourrait être réinstallé. “Il y a beaucoup de marqueurs d’intérêt, nous avons quelques pistes, mais rien d’arrêté”, élude Christophe Cizeron. L’hypothèse la plus crédible serait une implantation sur le plateau de Saclay, territoire francilien en pleine mutation, qui pourrait avoir besoin d’espaces culturels et événementiels. Des sollicitations venues de l’étranger ont également été formulées, notamment depuis le Moyen-Orient, mais une telle relocalisation semble peu probable compte tenu des coûts et de la complexité logistique. La ville de Paris n’a quant à elle proposé aucune alternative sur son territoire. Affaire à suivre.
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