Plus que jamais, Monoprix démocratise le design

Uchronia, Batiik Studio ou encore Pierre Gonalons et Jean-Pierre Garrault : cet hiver Monoprix se lance dans l'édition, démocratisant le mobilier signé grâce à une première collection qui réunit six collaborations avec des designers émergeants et de renom.

Depuis toujours, Monoprix s’attache à rendre le beau accessible à tous. Dans la lignée de Prisunic – racheté par l’enseigne en 1997 -, qui lançait en 1967 sa première collection de meubles, « Monop' » se rêve à son tour éditeur de mobilier accessible de qualité. Une aventure qui s’annonce réjouissante pour les aficionados de design – et l’occasion rêvée de s’offrir une pièce signée Uchronia, Pierre Gonalons, Batiik Studio ou encore Fleur Delesalle à moindre frais… Mais attention, les quantités sont (très) limitées.


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Plein phare sur la démocratisation du design

Chez Monoprix, les collaborations avec de grands noms du design et des créateurs plus confidentiels ou émergeants sont légions, peuvant aller jusqu’à dix par an. India Mahdavi, Margaux Keller, Alexandre Benjamin Navet, pour ne citer qu’eux, se sont notamment prêtés au jeu. Depuis la sortie de la ligne Monoprix Retrospective en 2021, qui regroupait le meilleur des collaborations de décoration de l’enseigne et des pièces cultes éditées par Prisunic entre 1967 et 1976, le design occupe une place de choix dans les collections, sans pour autant en occuper le devant de la scène. Le 4 décembre, l’enseigne ajoute une nouvelle corde à son arc grâce au lancement de Monoprix Design, une ligne centrée sur le petit mobilier. Cette fois, il ne s’agit plus pour les fauteuils et les tables basses d’accompagner ponctuellement le linge de maison, l’art de la table et autres objets pour la maison, mais bien de jouer le rôle principal.

La collection de Batiik Studio pour Monoprix comprend notamment une chaise et un tabouret en bois et une table basse en bois et plateau de céramique.
La collection de Batiik Studio pour Monoprix comprend notamment une chaise et un tabouret en bois et une table basse en bois et plateau de céramique.

« Au départ, nous cherchions un seul nom pour lancer cette première collection, confie Cécile Coquelet, directrice de création chez Monoprix. Et finalement, une fois la shortlist établie, nous n’arrivions plus choisir – chacun d’eux a quelques chose de magique à raconter. » Finalement, ce lancement réunit six studios de design, soit neuf créateurs au total, de tous les âges et de tous les styles. Fleur Delesalle, Julien Sebban du Studio Uchronia, Benjamin Guedj de Bureau Benjamin, Rebecca Benichou et Florence Jallet de Batiik Studio, Pierre Gonalons, Jean-Pierre et Maryvonne Garrault et Henri Delord se sont ainsi frotté à l’exercice.

Benjamin Guedj s’est fait connaître grâce à ses intérieurs joyeux publiés sur Instagram et le duo d’architectes d’intérieur Batiik Studio lançait l’an dernière sa toute première collection de mobilier. Le collectif Uchronia a déferlé la chronique en 2021 quand, alors installé le temps de la Paris Design Week dans les locaux de la Maison Lapparra, orfèvre depuis 1893, il reçoit la visite de Première Dame, Brigitte Macron. Pierre Gonalons multiplie les collaborations, de Moissonnier aux Émaux de Longwy en passant par Renault quand Fleur Delesalle affectionne tout particulièrement les objets tout rond. Quant à feu Jean-Pierre Garrault, ancien directeur du bureau d’étude de Roche Bobois puis designer indépendant, il fait partie de l’aventure Monoprix depuis 2021, réadaptant tous les ans de nouveaux motifs et dessins sortis tout droit de ses archives.

Cécile Coquelet soulève la générosité des designers, prêt à réinterpréter leurs classiques, les rendant ainsi disponibles à des prix beaucoup plus modiques. Uchronia a mixé ses tables basses Flower et Cookie, réinterprété en tabouret son assise Sunny façon crayon gomme et légèrement modifié son banc Cacahuète. « Pour autant, nos clients savent que ce ne sont pas les mêmes modes de production, les mêmes matériaux ni les mêmes finitions. En ce sens, cette collaboration ne concurrence en aucun cas les pièces que nous auto-éditons. »

Même son de cloche du côté de Batiik Studio : « Nous avons toujours voulu rendre nos pièces plus accessibles. Tout le monde ne peut pas s’offrir du mobilier sur mesure et des miroirs à 5000 euros. Nos clients qui le peuvent continueront d’acheter nos pièces. Et puis, nous avons hâte de connaître l’attrait que pourraient avoir nos créations sur un public plus large. » 

« Il fallait pas moins de 7 personnes pour porter le moule de la table basse de Fleur Delesalle », se souvient Cécile Coquelet.
« Il fallait pas moins de 7 personnes pour porter le moule de la table basse de Fleur Delesalle », se souvient Cécile Coquelet.

La démarche est inverse pour Benjamin Guedjqui, limité par ses propres moyens, en a profité pour développer de nouvelles pièces, qu’il compte bien éditer ensuite de son côté. La lampe Bubble est par exemple apparue sur l’Instagram de ce génie de la 3D il y a deux ans, sans jamais entrer en production.

Sortir de sa zone de confort

Les designers poussent les équipes Monoprix dans leurs retranchements tout en étant eux-mêmes confrontés à de nouvelles exigences et processus de fabrication. « Nous n’avions jamais eu à nous questionner sur le poids d’un objet pour qu’il puisse être envoyé par la Poste« , avoue Julien Sebban, fondateur du collectif Uchronia. Chacun d’eux a ses intransigeances. La banc de Benjamin Guedj est une prouesse technique : « Quand nous avons reçu le dernier prototype, nous avons tous été bluffés. Les artisans ont réussi un petit miracle car non seulement la forme en elle-même est compliqué, mais j’étais exigeant quant aux couleurs, à la brillance… »

Benjamin
Benjamin

« Ils nous ont tous beaucoup apporté, nous obligeant à nous dépasser en terme de qualité, continue Cécile Coquelet. Le développement du fauteuil de Fleur a demandé des mois et au moins dix prototypes avant d’arriver au résultat désiré. Elle nous envoyait des images de ses canapés, des gros plans des finitions. Des visios étaient organisées entre les designers et nos équipes sur place, dans les manufactures, afin de vérifier les prototypes et d’assurer un bon échange avec les fabricants. On ne dit jamais non aux designers, on tente de trouver des solutions. Florence et Rebecca tenaient à ce que leurs chaises et tabourets soient en bois massif, Julien voulait quant à lui des laquages pailletés – autant de matériaux avec lesquels nous n’avions pas l’habitude de travailler – et du stuc-marbre, l’une de ses matières fétiches, mais trop coûteuse, que nous avons transformé en une stuc-résine. » 

Une détermination récompensée : « Elles pensaient la résine à paillettes impossible à réaliser, confie Julien Sebban. Mais le résultat est bien plus que simplement satisfaisant. Et puis, au départ, nous n’étions pas convaincus par l’idée de développer une assise : il est très ardu de trouver le bon tissu, surtout à ce prix, et nous tenions à ce rose en particulier. Finalement, elles ont relevé tous les défis. » Le tout en un temps record : moins d’un an et demi aura passé entre le début du projet et le lancement de la collection, le 4 décembre prochain.

L’univers pop et coloré de Uchronia, reconnaissable entre mille, débarque chez Monoprix à petits prix.
L’univers pop et coloré de Uchronia, reconnaissable entre mille, débarque chez Monoprix à petits prix.

De Prisunic à Monoprix : un monde d’inovations

Dépasser ses limites fait partie de l’ADN des équipes. Déjà, en mai 1968, Prisunic révolutionnait la manière de vendre du mobilier en proposant à ses clients le premier catalogue par correspondance de meubles et objets. L’enseigne a multiplié les collaborations avec les grands noms du design, dont Terrence Conran dès 1968, mais également Gae Aulenti, Marc Held et Olivier Mourgue. Lorsque Monoprix rachète la chaîne de magasins en 1997, le premier hérite du bureau de style du second qui s’est fait remarqué, grâce à l’arrivée de Denise Fayolle.

Directrice du style et de la promotion de 1957 à 1967, cette ancienne championne de patinage artistique s’inspire des techniques de marketing en vogue outre-Atlantique, s’entoure de créatifs à l’œil vif dont la décoratrice Andrée Putman et les photographes Guy Bourdin et Peter Knapp, fait courir dans les rues le logo cible, dessiné par Jean-Pierre Bailly en 1965, apposé sur les sacs de course. Le slogan, « le beau au prix du laid« , c’est elle. L’autrice Anne Bony la décrit ainsi : “À coups de design, de logotypes tout neufs, de robes en boîtes et de campagnes qui se voient, elle crée avec le soutien et la complicité de Jacques Gueden [directeur de la Sapac Prisunic, NDLR] le “style Prisu”” (Prisunic et le design, Anne Bony, éditions Alternatives, 2008).

Les créations de Fleur Delesalle, Julien Sebban du Studio Uchronia, Benjamin Guedj de Bureau Benjamin, Rebecca Benichou et Florence Jallet de Batiik Studio, Pierre Gonalons, Jean-Pierre et Maryvonne Garrault et Henri Delord pour Monoprix Design sortiront le 4 décembre 2024.
Les créations de Fleur Delesalle, Julien Sebban du Studio Uchronia, Benjamin Guedj de Bureau Benjamin, Rebecca Benichou et Florence Jallet de Batiik Studio, Pierre Gonalons, Jean-Pierre et Maryvonne Garrault et Henri Delord pour Monoprix Design sortiront le 4 décembre 2024.

Depuis les années 2000, Monoprix continue sa mission de démocratiser le style grâce au lancement de collections créées en partenariat avec des créateurs de renom, dont Terrence Conran, Isabelle Marrant, Paola Navone, India Mahdavi… Cependant, le vrai tournant apparaît fin 2021, quand le Musée des Arts Décoratifs de Paris s’intéresse au sujet Monoprix, parallèlement au lancement de sa collection rétrospective. « Nous n’avions absolument pas la prétention de faire l’objet d’une exposition au sein d’un musée. Mais Olivier Gabet [directeur adjoint du MAD à l’époque, NDLR] était formel : Monoprix et Prisunic font partie du patrimoine du design français et il n’était pas question pour lui d’exposer ailleurs que dans cette institution. Aujourd’hui, certaines de nos pièces sont présentes dans les collections permanentes du MAD. » Une petite consécration.

> Collection Monoprix Design à découvrir en exclusivité au pop-up store du 10 rue de Turenne du 4 au 7 décembre 2024 de 11h30 à 19h30 et le 8 décembre de 12h à 18h. Sur Monoprix.fr et dans une sélection de magasins à partir du 4 décembre.


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