Philharmonies européennes : quand l’architecture donne le « La »

De Paris à Hambourg, les philharmonies européennes se rêvent en superstars. Perchées, sculptées, vitrées ou pixelisées, ces salles de concert ne jouent plus seulement des symphonies : elles redessinent le paysage urbain, imposent une esthétique et flattent les egos culturels des villes. De véritables temples laïques du beau son... et du beau geste.

D’hier à aujourd’hui, de Paris à Hambourg en passant par Barcelone, les philharmonies européennes rivalisent d’audace architecturale. Écrins spectaculaires, alliant à merveille technologie de pointe et design singulier, elles sont signées des plus grands : Jean Nouvel, Herzog & de Meuron, Olafur Eliasson ou encore Christian de Portzamparc. Conçues comme des lieux de vie à part entière, elles redéfinissent le paysage urbain et reflètent les ambitions culturelles des cités qui les accueillent. En voici cinq incontournables, où se balader et se restaurer même en dehors des heures de live.


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1. Philharmonie de Paris : 340 000 oiseaux et 1 chef d’orchestre plus près que jamais

Après la DR Koncerthuset de Copenhague et son volume central suspendu dans un cube, le starchitecte Jean Nouvel s’est attelée à la réalisation de la Philharmonie de Paris, inaugurée en 2015 et culminant à 52 mètres de hauteur. Minéral et aux allures de butte parfaitement intégré au parc de la Villette, le bâtiment arbore une robe singulière composée de 340 000 oiseaux d’aluminium et de diverses teintes de gris.

Philharmonie de Paris : 340 000 oiseaux et 1 chef d’orchestre plus près que jamais
Philharmonie de Paris : 340 000 oiseaux et 1 chef d’orchestre plus près que jamais DR

À l’intérieur, la grande salle Pierre Boulez se distingue par une asymétrie harmonieuse qui offre au public une proximité exceptionnelle avec les musiciens, le spectateur le plus éloigné se trouvant à seulement 32 mètres du chef d’orchestre. L’ensemble repose sur le concept de « boîte dans la boîte », garantissant une insonorisation optimale. Mais le site n’est pas réservé qu’aux mélomanes, les fin-gourmets se donnent rendez-vous au sixième étage, au restaurant L’Envol et les « after-workers » au Belvédère qui surplombe, du haut de ses 37 mètres, la ville lumière.

> La Philharmonie de Paris, 221 Av. Jean Jaurès, Paris 19e.


2. Luxembourg : une boîte à musique cachée derrière un rideau d’acier blanc

Avec sa façade composée de 823 colonnes en acier immaculé évoquant un rideau de lumière, la Philharmonie Luxembourg impressionne. Inauguré en 2005, ce joyau sort tout droit de l’imaginaire de l’architecte français Christian de Portzamparc. Surnommée le « diamant du Kirchberg », plateau sur lequel elle est implantée au sein de Luxembourg-Ville, elle crée un dialogue subtil entre fragilité et solidité, transparence et opacité, qui résonne aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur.

Luxembourg : une boîte à musique cachée derrière un rideau d’acier blanc
Luxembourg : une boîte à musique cachée derrière un rideau d’acier blanc Evi Van Hoof

Le grand foyer évoque une cathédrale d’arbres monumentaux, baignée de lumière naturelle le jour et, la nuit, illuminée par des éclairages colorés qui lui confèrent un certain dynamisme. Surplombant cet espace, le Foyer Ciel Ouvert se révèle parfait pour les retrouvailles de fin de journée. Enfin, conçu selon le principe de la « boîte à chaussures », le Grand Auditorium figure parmi les dix meilleures salles de concert classique grâce à son acoustique exceptionnelle. Une petite philharmonie qui a tout d’une grande.

> La Philharmonie Luxembourg,  1 Pl. de l’Europe, Clausen Luxembourg.


3. Elbphilharmonie : cacophonie budgétaire, symphonie visuelle

Inaugurée en 2017 et surnommée « Elphi », l’Elbphilharmonie (qui signifie Philharmonie de l’Elbe, en français) est implantée sur un ancien entrepôt en brique du port de Hambourg, construit entre 1963 et 1966 pour stocker des fèves de cacao. Son architecture se distingue par son étonnant sommet de verre, évoquant à la fois une vague océanique et une onde sonore. Cette symbolique forte a été imaginée par le bureau suisse Herzog & de Meuron, mais le projet, initialement estimé à 77 millions d’euros, en aura finalement coûté près de 789 millions, en raison de désaccords entre le Sénat et les entrepreneurs.

 

Elbphilharmonie : cacophonie budgétaire, symphonie visuelle
Elbphilharmonie : cacophonie budgétaire, symphonie visuelle DR

Nichée à 37 mètres de hauteur, la Plaza, une plateforme de 4000 mètres carrés, assure la transition entre les deux parties bien distinctes de l’édifice. Outre deux salles de concert de 2 150 et 550 places, le bâtiment abrite un hôtel, 45 appartements de luxe, des commerces et offre un sublime panorama circulaire sur toute la ville – au point d’en faire (presque) oublier la raison première de la visite : la musique.

> Elbphilharmonie, Platz d. Deutschen Einheit 4, Hamburg, Allemagne


4. The Glasshouse : musique douce et géométrie radicale sur la Tyne

Situé sur les rives de la Tyne, à Gateshead, dans le nord de l’Angleterre, mais au sud de Newcastle, The Glasshouse a été conçue par le prestigieux cabinet Foster and Partners et achevée en 2004. Sa silhouette fluide, faite de verre et d’acier, évoque un nuage et reflète ceux du ciel dans un jeu de miroirs poétique, apportant à l’ensemble une légèreté étonnante.

 

The Glasshouse : musique douce et géométrie radicale sur la Tyne
The Glasshouse : musique douce et géométrie radicale sur la Tyne DR

À l’intérieur, trois salles de concert distinctes – 1 700 places, 450 places et une plus petite dédiée aux répétitions – structurent l’espace. La plus grande, baptisée Sage One, s’inspire du Musikverein de Vienne, tandis que Sage Two se présente comme étant la seule salle de concert décagonale au monde. Cette géométrie inédite favorise une diffusion optimale du son et crée une intimité précieuse entre artistes et spectateurs. Un atout unique.

> The Glasshouse, St Mary’s Square, Gateshead, Royaume-Uni


5. Palau de la Música : Barcelone joue les divas modernistes

Situé dans le quartier Saint-Pierre à Barcelone, le Palau de la Música Catalana est l’un des joyaux du modernisme catalan, dont l’architecte Lluís Domènech i Montaner fut l’un des plus brillants représentants. Achevée en 1908 et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997, cette salle, ou plutôt, ce véritable palais mêle avec virtuosité sculptures, mosaïques, vitraux et ferronneries.

À l’époque, ses impressionnants murs-rideaux témoignaient d’une audace architecturale rare. Toujours en activité plus de cent ans après, s’y rendre est l’occasion unique d’admirer, le temps d’un concert, chaque recoin de ce chef-d’œuvre vibrant d’art et de lumière.

> Palau de la Música, 4-6, Ciutat Vella, Barcelona, Espagne


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