À l’occasion du PAD Paris 2022, le studio Oitoemponto a scénographié le Studio PAD, et Sandra Benhamou, le restaurant. Organisée aux Tuileries du 5 au 10 avril, cette manifestation, dont le jury est présidé par l’architecte d’intérieur Jacques Grange, met l’accent sur les plus beaux métiers d’art.
Maisonjaune Studio, déclinaison autour de la blondeur
C’est sur la transversalité qu’Élodie et Julien Régnier mettent l’accent pour présenter sur leur stand du PAD Paris 2022, et dans leur galerie, photos, luminaires, mobiliers… Pas d’époque précise ici, mais plutôt un panorama éclectique à travers des thématiques couvrant la couleur (souvent lumineuse), la forme et la matière. La philosophie de ce duo talentueux se fonde sur l’expression artistique, la pertinence et le mélange d’œuvres de toutes sensibilités. Présents au marché Paul Bert, aux puces de Saint-Ouen, depuis dix-huit ans, ils ont créé un nouvel espace dans la capitale en septembre dernier, où ils défendent trois types d’activité : la galerie, l’édition de pièces limitées dessinées par le studio et l’architecture intérieure privée et publique.
42, rue de Seine, 75006 Paris. Tél. : 06 07 09 71 42 et 06 80 68 47 29.
Galerie Matthieu Richard, la poésie de la tôle
Il a découpé la tôle perforée, l’a peinte, pliée comme une feuille de papier, pour en faire des pièces du quotidien, mais aussi des créations sculpturales. C’est ce travail sur l’ennoblissement des matières industrielles défendu par Mathieu Matégot (1910-2001), grande figure du design de l’après-guerre, que Sophie et Matthieu Richard ont mis en scène sur leur stand. Ce focus sur l’inventivité de ce créateur, on le retrouve dans leur espace de Saint-Germain-des-Prés, sans oublier tout l’intérêt qu’ils portent aussi depuis plus de vingt-cinq ans aux arts décoratifs et au design du XXe siècle, années 50 en majorité, avec des créations signées Perriand, Noli, Prouvé…
34, rue de Seine, 75006 Paris. Tél. : 01 56 24 44 87.
Galerie Desprez Bréhéret, éloge de la simplicité
Lorsqu’on se penche sur la vie de Jean Touret (1916 - 2004), on se dit qu’on aurait été fier de l’avoir connu. Tout d’abord pour avoir échappé à son destin d’employé dans une compagnie d’assurances, pour avoir ensuite été prisonnier de guerre et enfin pour avoir découvert la passion du bois lors de travaux forcés forestiers. Mais aussi pour son goût pour le cubisme et le brutalisme, pour la verticalité, synonyme d’après lui de dignité et de courage ; pour la brillante association d’artisans qu’il crée en 1946, à Marolles, dans le Loir-et-Cher et pour la sculpture à laquelle il se consacre à partir de 1964. C’est cet attrait pour « la beauté proche de la pauvreté », disait-il, que la galerie dévoile sur son stand du PAD Paris 2022, parallèlement à l’exposition « Mobilier de Marolles », qu’elle organise jusqu’au 31 avril, en même temps que « Résurrection », à la galerie Yves Gastou. À noter la première monographie consacrée à Jean Touret, par l’historienne Anne Bony et la spécialiste des arts décoratifs Axelle Coty, aux Éditions de l’Amateur (à paraître le 4 mai).
30, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris. Tél. : 06 20 98 66 45 et 06 86 28 31 68.
Maniera, l’optique sculpturale
Fondée par Kwinten Lavigne et Amaryllis Jacobs en 2014, la galerie bruxelloise édite des créations qui relèvent de deux domaines d’expression complémentaires, l’art et l’architecture. Pour leur première présence au PAD Paris, le duo a choisi de mettre en évidence le travail de l’architecte Anne Holtrop, qui présente des lampes moulées dans le sable, et des pièces de Bernard Dubois, réalisées avec Isaac Reina, un « grand bureau » aux lignes imaginées comme un paravent, ainsi que deux chaises en cuir. Figurent également des réalisations du Studio Mumbai et de Lukas Gschwandtner, telle sa Theodora Lounge Chair (photo), que la galerie expose depuis le début et qui font écho à la philosophie défendue par le duo : la recherche formelle, la poésie et l’abstraction, sans pour autant extraire l’acte créatif du réel.
Place de la justice 27, 28, 1000 Bruxelles.
Galerie Rossella Colombari, le chic italien
Il y a toujours beaucoup d’élégance dans les créations que défend l’architecte d’intérieur milanaise, mais également des partis pris décoratifs forts que l’on retrouve au sein d’un univers éclectique présentant, lors du PAD Paris 2022, bibliothèque et tables en bois blond (photo), table basse aux motifs graphiques, appliques géométriques offrant un éclairage tamisé (photo), paravent aux oiseaux cultivant la veine néoclassique, jardinière en marbre aux lignes épurées, salon en rotin teinté d’exotisme, table de salle à manger en verre concentrique jouant les transparences. Des pièces contemporaines, originales et décoratives que Rossella Colombari diffuse parallèlement aux nombreux projets d’architecture intérieure qu’elle réalise, tout dernièrement le Bar Nuvola, à Turin, une résidence privée à Masseria, une maison de campagne à Todi ou encore un appartement à Milan.
Via Pietro Maroncelli 10, 20154 Milan. Tél. : +39 02 2900 1189.
Galerie Achille Salvagni, la fibre des arts décoratifs
C’est toujours la quintessence des plus belles matières et des plus beaux métiers d’art que la galerie promeut. Ce que confirme la rigoureuse sélection des pièces exposées, mélangeant cabinet exceptionnel de Gio Ponti et Piero Fornasetti et peinture d’Ettore Spalletti à des créations que l’architecte et designer Achille Salvagni, le maître du lieu, a dessinées. Ainsi le cabinet Dido (photo) en parchemin et bronze, destiné à la reine Dido de Carthage, le bar Indore en bronze, parchemin et laque, d’inspiration Art déco, ainsi que l’applique Bamboo, en onyx et bambou. Après avoir fondé son agence en 2002, Achille Salvagni ouvre son atelier en 2013, à Rome, spécialisé dans la recherche et la production de mobilier et de luminaires faisant appel à des références historiques et qu’il diffuse aussi à New York et dans son flagship-store londonien depuis 2015, au cœur de Mayfair.
1A Grafton Street London W1S 4FE. Tél. : + 20 7409 0026.
Galerie Gosserez, en lien avec la nature
Dans ses deux espaces ouverts en 2010 et 2018, Marie-Bérangère Gosserez, qui fut autrefois antiquaire et commissaire-priseur, expose des pièces uniques ou éditées en séries limitées, comme le sofa Copper (photo), de Valentin Loellmann. Pour le PAD Paris 2022, la plupart de ses artistes permanents ont réalisé une pièce exclusive. Sa dernière recrue, Diane de Kergal, y présente des luminaires en cocon de soie naturelle. La galerie a dévoilé cette designer en février dernier, lors d’une exposition-vente chez Christie’s, dont la lampe Emergence II a été rachetée en octobre 2021 par le Mobilier national, avec la table basse New Wave, de Lukas Cober. Autre point fort de la scénographie, le parquet en chêne incrusté d’essences de bois diverses, dessiné par Pierre Gonalons et fabriqué par CarréSol.
3, rue Debelleyme et 16, rue de Montmorency (sur rendez-vous), 75003 Paris. Tél. : 09 53 30 10 78.
Galerie Maria Wettergren, vision interdisciplinaire
Des univers singuliers entre design, art, architecture, artisanat et sciences font toujours un peu partie de ce qu’affectionne Maria Wettergren. Sensibilité que l’on retrouve dans du mobilier, du luminaire, du textile, de la verrerie, de la céramique et de la sculpture scandinaves, en grande majorité. Exemples avec le portant Clothes Rack (photo), de Line Depping ; le bougeoir Encased Sunyellow, de la Danoise Tora Urup, en verre massif soufflé et dépoli, et la sculpture Topography III, de la Norvégienne Hanne Friis, en toile teintée avec des plantes. Uniques ou éditées en séries limitées, certaines de ces pièces sont aussi exposées au musée du Design de Copenhague, au Mudac de Lausanne ou encore au Centre Pompidou, à Paris. Et dans la galerie du Marais, que Maria Wettergren a ouverte en 2020, après avoir débuté à Saint-Germain-des-Prés, en 2010.
121, rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris. Tél. : 01 43 29 19 60.
Galerie BSL, le sens de l’inédit
Éditer des pièces uniques ou en séries limitées qui sèment le trouble sur la nature d’une matière, relancent le débat entre l’art et la fonction, telle est la philosophie que défend depuis 2010 Béatrice Saint Laurent, la fondatrice de la Galerie BSL. C’est ce que l’on retrouve avec la chaise Octavia (photo), de Charles Kalpakian, en tissu, bois et laiton ; le fauteuil Kuramura Pollock, d’Ayala Serfaty, habillé d’un tissu en feutre Nuno ; la table basse Ellipse, d’Isabelle Stanislas, en marbre et laiton ; le banc Twist XXX, de Carol Egan, en noyer sculpté main, recouvert de peau de mouton ou de cuir, ou encore la chaise Stardust Side, de Pia Maria Raeder, habillée de 7 000 demi-perles de hêtre, de paille et de tiges de hêtre, le tout sur un revêtement métallisé à base d’argent…
14, rue des Beaux-Arts, 75006 Paris. Tél. : 01 56 81 61 52.
Galerie Philippe Gravier, réflexion architecturale
C’est autour de deux concepts que Philippe Gravier focalise son activité. Small Nomad Houses d’une part, des maisons d’architecte de 35 à 400 m2 – que l’on a vues à Bâle, à La Fiac, à Art Basel Miami Beach – et, d’autre part, Elements of architecture, des déclinaisons de sculptures et de créations de mobilier. L’ensemble étant fabriqué en séries limitées. « Il s’agit de montrer, d’un côté, des folies architecturales dans l’esprit du XVIIIe siècle, dit-il, des constructions pas forcément habitables et, de l’autre côté, de créer des pièces en cinq exemplaires, signées Marino di Teana, Kengo Kuma, Odile Decq et Bernar Venet. Lequel a, en revanche, spécialement dessiné des modèles uniques pour cette session, un canapé, des bougeoirs (photo) et une table. Ce que je propose aussi bien dans la galerie parisienne que dans la maison du Val-d’Oise, c’est une vision globale. » Une immersion totale dans l’univers de la création.
91, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris. Tél. : 01 39 29 41 24.
Galerie Scène Ouverte, la défense de l’artisanat
Artiste et collectionneuse, Laurence Bonnel expose, à Saint-Germain-des-Prés, du mobilier, de la céramique et de la sculpture, en phase avec la passion qu’elle voue aux métiers d’art et à l’artisanat. Ce regard éclectique et sans contrainte qu’elle pose sur la création contemporaine, elle le revendique en présentant des œuvres éditées en séries limitées à huit exemplaires ou en pièces uniques. Spécialement imaginées pour la galerie qui les diffuse en exclusivité, ces réalisations à la fois poétiques, originales et quelquefois surprenantes, sont parfois des commandes. C’est ainsi que voisinent dans une scénographie épurée le cabinet Bijou (photo), de la sculptrice Célia Bertrand, en laiton brossé et porcelaine, l’applique Shroom, de Kostia, en porcelaine et laiton, projetant l’ombre d’un arbre sur le mur, ou encore la lampe Babette, de Léa Mestres, en bronze.
72, rue Mazarine, 75006 Paris. Tél. : 06 03 08 42 25.
Galerie Pierre Arts & Design, sensibilité nordique
Dans ce lieu qu’il a ouvert en 2020, Pierre Raguideau rend hommage au mobilier scandinave des années 50-60 et à des designers et artistes contemporains, italiens, japonais, africains et français dont le travail mêle beauté des matières, fonctionnalisme, intemporalité. « J’expose ici une création typique de Finn Juhl et une autre d’Hans Wegner, comme l’enfilade RY 26 (photo), qui sont restées, à mon sens, fidèles au mouvement moderniste scandinave de cette époque, dit-il. Ce sont deux ensembles à la fois simples dans leurs lignes et leurs proportions et dans l’utilisation de matériaux naturels presque bruts. Il y a aura également des peintures de Jean Dewasne, graphiques et lumineuses, un juste contre-pied à cette épure. »
63, rue de Turenne, 75003 Paris. Tél. : 06 60 30 72 85. Galeriepierreartsdesign.com
> PAD Paris 2022, du 6 au 10 avril aux Tuileries, à Paris. Plus d’infos ici.
