Le quartier de South Yarra, au sud-est de Melbourne, regorge de bâtiments historiques du XIXe siècle. Construite en 1889 par le cabinet Reed, Henderson and Smart, qui existe encore aujourd’hui sous le nom Bates Smart, cette maison Victorienne est un parfait exemple des pépites que l’on peut apercevoir dans cette banlieue huppée. A deux pas du Royal Botanic Gardens, la bâtisse repensée par Oliver Du Puy, tapissée de plantes grimpantes, se fond dans la nature environnante.
Une maison Victorienne dans l’air du temps
“J’ai tout de suite été frappé par la beauté de la structure d’origine de cette demeure, raconte l’architecte Oliver Du Puy, chargé de la rénovation. Malgré tout, les briques extérieures devaient être remplacées, et l’intérieur était très sombre, humide et froid. Nous avons donc apporté lumière et chaleur. La propriétaire désirant réaliser une extension, nous avons pris soin d’équilibrer l’ancien et le nouveau, de mettre en lumière les éléments propres au style Victorien tout en ancrant la demeure dans l’air du temps. Je voulais explorer le potentiel de cette architecture historique et la confronter à des idées contemporaines d’articulation de l’espace, de lumière et de matériaux.”
Oliver Du Puy, qui a fait ses classes chez Norman Foster à Londres, Kengo Kuma et Junya Ishigami à Tokyo et Paris avant de fonder son studio en 2016, est imprégné du temps qu’il a passé à travailler au Japon. “Le travail de l’architecte nippon Kazuo Shinohara m’inspire beaucoup, notamment la symétrie de ses compositions. Celles-ci sont néanmoins pleines de poésie, unissant surprise et simplicité, l’ordonné et l’inattendu, ce que j’ai cherché à exprimer ici.”
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Des dégradés inspirés des tableaux de Mark Rothko
Les grandes baies vitrées ouvrent le salon sur l’extérieur, le jardin devenant une extension de la maison. Inspiré par les tableaux de Mark Rothko, Oliver Du Puy imagine, en collaboration avec l’architecte d’intérieur Mardi Ola, des dégradés de vert mousse, d’ocres et de roses. Un parti pris coloré appuyé par des matières naturelles dont le marbre, la pierre et le bois dans des tons clairs qui apporte chaleur et sérénité aux 220 mètres carrés, permettant à l’esprit de recharger ses batteries. “La propriétaire, qui dirige une société d’événementiel, désirait un habitat dont émanerait une atmosphère apaisante et dans lequel elle puisse recevoir”, continue le Franco-Australien basé à Sydney.
“Nous ne voulons pas que nos bâtiments servent simplement à nous abriter ; nous voulons aussi qu’ils nous parlent.” L’architecte qui a grandi entre Melbourne et Paris cite volontiers le critique d’art britannique John Ruskin. “Cette phrase résonne en moi car rendre un foyer spécial, personnel, apporter un peu de poésie fait partie de mon travail. Lorsque nous rentrons chez nous stressé de notre journée, notre intérieur nous calme et les moments rituels de la vie domestique, que ce soit prendre un bain ou cuisiner, nous ramènent à l’essentiel.”
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