S’il n’avait pas été artiste, Miquel Barceló aurait été océanographe. Mais la découverte de l’art le détourne du monde du silence (et de la lecture des ouvrages du commandant Cousteau). Il intègre l’école d’Art et de Design des îles Baléares et sitôt diplômé – après un très bref passage aux beaux-arts de Barcelone – entame cette longue série de voyages qui le mèneront à Paris, à Naples, à New York et finalement à Sangha, au Mali.
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La peinture en apnée
Mais quel que soit l’endroit où il s’installe, la mer reste son unique source d’inspiration. « Chez moi, en majorquin, il y a deux expressions pour désigner la mer […] “la mar”, la haute mer, et “el mar”, un terme générique […] Il y a une mer qui est entre les îles, une mer en soi, puis au grand large vers l’Afrique, une autre mer […] Moi, je les aime toutes. »
La soixantaine de peintures, sculptures, céramiques et aquarelles présentées dans ce parcours est exclusivement consacrée à l’univers aquatique. Au cœur de cet univers liquide et bleuté, scénographié telle une remontée des profondeurs, surgit parfois quelques repères figuratifs: un poulpe, une algue, une barque…
Retour à ses premiers amours
La matière, si généreusement apposée sur les toiles, évoque les premières amours de Barceló pour l’art brut de Jean Dubuffet ou l’expressionnisme abstrait de Jackson Pollock. Elles n’ont ni commencement ni fin comme l’écorce terrestre. C’est dans une ancienne tuilerie de son île natale, dont il a badigeonné les fenêtres d’argile pour filtrer la lumière, que l’artiste crée désormais ses vasques en terre cuite.
Sa technique est toujours la même, celle que lui ont enseignée les potières du Pays Dogon. Certaines d’entre elles – emplies de poissons colorés – sont posées sur une nappe aux motifs marins brodée par sa mère, décédée au printemps dernier.
Nous sommes au troisième niveau de la villa Paloma, qui surplombe la baie de Monaco, de retour à la lumière. C’est là que Miquel Barceló, qui s’est représenté seul dans une barque, attend le visiteur. Tel le passeur du Livre des morts.
> « Miquel Barceló, océanographe ». Au Nouveau Musée national de Monaco, 56, bd du Jardin exotique, 98000 Monaco, jusqu’au 13 octobre. Nmnm.mc
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