OMA/AMO met en scène l’exposition magistrale de Loewe à Shanghai

Jusqu'au 5 mai prochain, au sein du Centre d'Exposition de Shanghai, Loewe dévoile tous ses secrets : sa maîtrise du cuir, ses collaborations nippones et autres inspirations artistiques. Visite guidée - en espérant que l'exposition débarque un jour sur le sol français.

« Crafted World », la toute première exposition publique de Loewe, embarque les visiteurs dans un voyage dans le temps retraçant près de deux siècles d’histoire. Nichée au sein du Centre d’Exposition de Shanghai, bâtiment inauguré en 1955 afin de célébrer l’amitié sino-soviétique, cette manifestation présente une sélection d’archives et de collections de prêt-à-porter récentes de la griffe de mode la plus en vogue du second trimestre 2023 selon le classement The Lyst Index. Visite guidée en compagnie de Giulio Margheri et Ellen van Loon, tous deux architectes chez OMA/AMO, qui ont scénographié l’événement.


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Une première collaboration entre Loewe et OMA/AMO

Chaque salle révèle un pan de l’histoire de Loewe, depuis sa création en 1846 et ses débuts en tant que collectif d’artisans jusqu’à sa consécration en tant que symbole du luxe mondial. L’exposition met en avant les influences variées qui ont nourri la créativité de la marque, entre paysages espagnols, chefs-d’œuvre de Pablo Picasso et films emblématiques de Pedro Almodóvar.

« Crafter World », une immersion totale dans l’univers Loewe. (c) Marco Cappelletti
« Crafter World », une immersion totale dans l’univers Loewe. (c) Marco Cappelletti

De la reconstitution du processus de fabrication du cuir aux looks emblématiques des récentes collections, en passant par des espaces dédiés à ces inspirations artistiques, « Crafted World » propose une plongée immersive dans l’univers de Loewe. Les visiteurs sont invités à découvrir les riches trésors issus des archives de la marque, notamment les créations des finalistes du Prix de l’Artisanat de la Fondation Loewe.

« Il s’agit de la première collaboration entre OMA/AMO et LOEWE, et cela a été une conversation aussi créative qu’intéressante, confiait Giulio Margheri, architecte chez OMA/AMO depuis 2017, à Linda Jiang, rédactrice en chef de l’édition chinoise d’Ideat. En partant d’une « toile vierge », nous avons passé beaucoup de temps à discuter avec des personnes de différents départements de la marque et à faire des recherches. Avec une compréhension complète de l’héritage culturel de la marque, nous avons tenté de mettre en valeur leurs forces et de raconter leur récit à travers un scénario cinématographique. Tout au long du processus, la griffe nous a accordé sa confiance et une grande liberté à la conception. Quant à Jonathan Anderson, il était très ouvert d’esprit. » 

La salle des tapis. (c) Marco Cappelletti
La salle des tapis. (c) Marco Cappelletti

Et Ellen van Loon, architecte associée chez OMA depuis 2002,  de renchérir : « Jonathan est un jeune homme créatif qui est ouvert d’esprit et a toujours beaucoup d’idées et c’est notre travail de tirer partie du meilleur qu’il puisse donner. Cette collaboration s’apparente davantage à une collision d’âmes, et l’exposition « Crafted World » est aussi un agréable voyage de coopération. »

Une impression de grandeur difficile à dompter

Pas facile pour le duo de donner vie et chaleur à une exposition dans ce lieu monumental. À travers des découpes habiles dans les murs, Giulio Margheri et Ellen van Loon ont créé un dialogue saisissant entre le passé et le présent, entre l’architecture originelle du Centre d’Exposition et les installations contemporaines. « Lors de la conception de l’exposition, nous avons injecté une perspective architecturale et écrit un film scénarisé, permettant au public de s’immerger totalement dans les 178 ans d’histoire de Loewe« , continue Ellen van Loon.

Loewe, sous la direction artistique de Jonathan Anderson, a collaboré plusieurs fois avec le Studio Guibli, à qui l’on doit notamment le poétique « Totoro ». (c) Marco Cappelletti
Loewe, sous la direction artistique de Jonathan Anderson, a collaboré plusieurs fois avec le Studio Guibli, à qui l’on doit notamment le poétique « Totoro ». (c) Marco Cappelletti

« Je connaissais peu le bâtiment, avoue Giulio Margheri. Ce n’est que lorsque j’ai fait une excursion sur le terrain que je me suis familiarisé avec lui. Tout est taillé sur mesure autour de cet espace, tant au niveau de ses possibilités que de ses limites. Mais nous avons relevé tous les défis pour en exploiter tout le potentiel. Le lieu jouit d’une personnalité forte et dégage un sentiment de grandeur, mais cette esthétique est particulièrement difficile à adapter à un narration spécifique et aux expositions plus petites. Nous avons donc fabriqué une boîte afin que les visiteurs aient l’impression de se retrouver dans un cocon. Cependant, nous ne voulions pas laisser de côté l’intégralité de ce qui caractérise le bâtiment, c’est pourquoi nous avons décidé d’incorporer à la mise en scène colonnes, lustres et fenêtres, tout en atténuant l’aura forte d’origine. Le contraste entre l’ancien bâtiment et le nouveau récit que nous avons écrit est très intéressant. »

« Je pense qu’il y a une pointe d’ironie et une touche de curiosité dans le travail de Loewe, révèle Ellen van Loon. Qu’il s’agisse de l’artisanat traditionnel du cuir du 19e siècle, des créations en céramique de Picasso ou de l’anime japonais du Studio Ghibli, toutes les œuvres ont été soigneusement sélectionnées pour raconter cette histoire. Il n’y a pas de limites à la mode, ni à l’architecture. Selon moi, la relation entre ces deux disciplines – et entre OMA/AMO et Loewe – , est beaucoup plus étroite qu’elle n’y paraît. » Si l’exposition de Shanghai se termine le 5 mai, « Crafted World » a vocation à voyager dans le monde entier. Et heureusement !


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