Design Week de Lisbonne, capitale d’un design multiple et indomptable

Des grottes néo-aquatiques aux tabourets baroques en bronze, la Lisboa Design Week 2025 a donné à voir un Portugal du design résolument pluriel, affranchi des étiquettes. Douze créateurs, douze propositions, entre hommage aux gestes ancestraux, hybridation culturelle et expérimentations sensorielles. Résultat ? Une cartographie mouvante, foisonnante, impossible à enfermer dans une seule esthétique.

Si le but initial de Michèle Fajtmann, à l’origine de la Lisbon Design Week, était de créer des quartiers dédiés au design dans la capitale portugaise, elle a atteint son objectif. La liste des lieux à visiter pendant cette édition, qui s’est tenue du 28 mai au 1er juin dernier, est passée du simple au double, pour atteindre la centaine. L’occasion unique de voir à quel point, dans le pays, artisanat et design semblent souvent liés dans les esprits, alors que ce dernier s’est pourtant beaucoup diversifié. Plus contemporain, il reflète le dynamisme créatif d’acteurs singuliers, au point d’être difficile à classer dans une sorte de jeu de sept familles. Petit tour de la Lisbon Design Week 2025 en 12 découvertes qui ont fait battre le cœur de la rédaction.

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1. Kukua

Présentation du label Kukua pendant la Lisboa Design Week 2025.
Présentation du label Kukua pendant la Lisboa Design Week 2025. DR

Kukua, comprendre « grandir », en swahili, est un label de design fondé à Zanzibar (Tanzanie) par le designer français Emmanuel Babled, installé à Lisbonne. Son but est de promouvoir le travail de 600 femmes, également originaires du Rwanda et du Burundi. Elles n’utilisent que des matières naturelles, comme le Sufi (kapok), pour garnir les coussins en batik qu’elles fabriquent avec l’artisan Eazy de Dar es Salam. La clientèle visée est aussi bien privée (internationale) qu’hôtelière et locale. Les collections Pemba et Kizimakazi pour l’extérieur évitent soigneusement le genre « exotique ».

> Kukua.co.tz


2. Le MUDE, le nouveau musée du design de Lisbonne

Le MUDE pendant la Lisbon Design Week 2025.
Le MUDE pendant la Lisbon Design Week 2025. Sirence Studios

Le MUDE, le nouveau musée du design de Lisbonne, a (enfin) ouvert ses portes, après sept ans de travaux. Il a été aménagé dans une ancienne banque construite en 1964 par l’architecte Cristino da Silva. Le design y est présenté en compagnie d’autres disciplines comme la mode, le graphisme et la joaillerie contemporaine.

La collection permanente, au cœur de l’exposition « What are things for ? », invite à s’interroger sur la valeur profonde des objets du quotidien entre culture, science, technique, arts et économie. C’est également l’occasion de découvrir le design portugais historique à travers des figures comme Victor Palla, auteur d’une superbe étagère-séparation en bois de 1956 destinée à un salon de coiffure. Autre pépite : ce bar sur pied en forme de ski de Paul Dupré Lafon (1937) qui trône au milieu du design contemporain.

> Mude.pt/musee-du-design


3. AB + AC Architectes : totémique

AB + AC Architectes présentait sa nouvelle collection de, Alma Mater, au Locke de Santa Joana.
AB + AC Architectes présentait sa nouvelle collection de, Alma Mater, au Locke de Santa Joana. Sirence Studios

Clou de la Lisbon Design Week 2025, la performance calme du duo d’architectes AB + AC Architectes (l’Italienne Arianna Bavuso et l’Américain d’origine libanaise André Chedid) introduisant leur nouvelle collection, Alma Mater, dont les sculpturaux chandeliers circulaires prodiguaient une sorte d’élévation de l’esprit au moyen de bougies parfumant l’air de la salle d’exposition de l’ancien couvent reconverti en hôtel, le Locke de Santa Joana.

> Abacarchitects.com


4. Branca : de l’assise

Marco Sousa Santo présentait « Chairman », une exposition retraçant quinze années de son travail pour son propre label de design, Branca.
Marco Sousa Santo présentait « Chairman », une exposition retraçant quinze années de son travail pour son propre label de design, Branca. Sirence Studios

Marco Sousa Santo présentait « Chairman », une exposition retraçant quinze années de son travail pour son propre label de design, Branca. Un impressionnant défilé de chaises soulignant le rapport entre la forme et les matériaux utilisés.

> Branca-lisboa.com


5. Nini Andrade Silva : grotte aquatique

L’architecte d’intérieur Nini Andrade Silva immergeait les visiteurs dans un garage transformé en grotte aquatique.
L’architecte d’intérieur Nini Andrade Silva immergeait les visiteurs dans un garage transformé en grotte aquatique. DR

L’architecte d’intérieur Nini Andrade Silva immergeait les visiteurs dans un garage transformé en grotte aquatique, parsemé de dolmens en mousse imitant la pierre. Cette collaboration avec le sculpteur João Parrinha du label Soft Rock invitait à s’asseoir dans un fauteuil taillé dans la roche et pourtant confortable.

> Niniandradesilva.com


6. Diogo Amaro : le bois vif

L’ébéniste Diogo Amaro.
L’ébéniste Diogo Amaro. ©FranciscoAscensão_09

Au concept store Banema Studio, fondé à Lisbonne en 2020, l’ébéniste Diogo Amaro présentait une table et un tabouret en disques de bois avec plateau tournant, soulignant tout l’aspect artisanal de son travail. Ce meuble, évitait l’écueil du mobilier techniquement parfait mais au style emprunté.

> Diogoamaro.com


7. Joana Astolfi : à s’en arracher les cheveux

L’exposition « Tangled Narrative ».
L’exposition « Tangled Narrative ». Bardo Creative Ground

« Tangled Narrative » (comprendre « récits enchevêtrés »), une exposition sur le cheveu, a été ourdie par Joana Astolfi, architecte, designer et artiste portugaise, en duo avec la designer Inès de Camara, venue de Stockholm. Dans le théâtre du Thiago Novaes Hair Studio, un véritable salon de coiffure, trente artistes et designers exprimaient leur vision : Sam Baron, le studio Oficina Marques ou encore la céramiste Bela Silva. Nature morte ou tableau, personne ne se demandait si c’était trop arty ou pas dans le cadre d’une design week.


8. Oficina Marques : célébrer les matériaux

Gezo Marquès et José Aparicio Gonçalves de Oficina Marques.
Gezo Marquès et José Aparicio Gonçalves de Oficina Marques. Mário Ambrozio RawStudio

Dans leur galerie d’art et de design, Gezo et José célèbrent le design, la décoration, les matériaux et les techniques, à travers un foisonnement d’objets dont l’inspiration renvoie aux mythes et à l’histoire des styles. Dans le cadre de leur exposition « Arcadia », ouverte jusqu’au 2 août 2025, la cerise sur le gâteau, c’était ce temple cubique pavé de céramique ouvragée, blanche à l’extérieur et verte à l’intérieur. Un esprit riche mais pas kitsch.

> Oficinamarques.pt


9. Maison Intègre, bronzer doré

Maison Intègre.
Maison Intègre. DR

Maison Intègre, une fonderie de bronze fondée par la Française Ambre Jarno à Ouagadougou (Burkina Faso), révélait ses nouveaux Paysages de cire, des panneaux muraux en bronze doré de différents formats dont la surface est aussi froissée qu’un tissu. C’est à la suite d’un accident survenu dans l’atelier, lors d’un renversement de cire fondue sur du plastique, que l’idée et la technique de ces éléments décoratifs sont nés. Maison Intègre exposait également les tableaux textiles de Narcisse, créateur béninois dont l’univers rappelle les longues fresques textiles de l’ancien Royaume du Dahomey, figurant la généalogie des rois du pays, incarnés par des animaux symboliques.

> Maisonintegre.com


10. Flores Textile Studio, tissus d’ici

Flores Textile Studio.
Flores Textile Studio. DR

Flores Textile Studio ne travaille que des tissus portugais en fibres naturelles, tous portugais, toujours teintés sans chimie et selon des techniques ancestrales. Poufs ou portes d’armoires, la nouvelle collection de l’ Italienne Valentina Pilia et de la Franco-Suisse Emma Pucci recourt aussi bien aux motifs végétaux pour les premières qu’aux colorations en dégradé sur les portes des secondes.

> Florestextilestudio.com


11. Hamrei, en toute liberté

Hamrei.
Hamrei. DR

Chez Hamrei, le label du jeune designer anglo-suisse-brésilien éponyme, design rime avec haute facture, sans se restreindre à un registre. Table en bronze doré aux pieds en forme d’allumettes, chaise avec pied en bronze mat au bas évasé, tout flirte avec le néo-baroque sans conclure. Hormis ce tabouret aux formes arrondies et douces en patchwork de bois. À Lisbonne, l’heure est peut-être tout simplement à la liberté de création.

> Hamrei.com


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