L’Hôtel Solvay consacre une exposition retrospective à Ado Chale

Une rétrospective est consacrée à l’artiste belge Ado Chale, 96 ans, célèbre pour ses tables basses enchâssées de minéraux collectés sur tous les continents. Pendant soixante-cinq ans, il prôna « l’art de vivre avec l’art ». Un principe qui inspire encore nombre de décorateurs, de Jacques Grange à Peter Marino.

Bruxelles, début des années 60. L’ancien ferronnier Adolphe Pelsener, alias Ado Chale, est devenu designer par amour, celui qu’il voue à son épouse Huguette Schaal – gemmologue allemande reconvertie en galeriste – et à la minéralogie, une science qu’elle lui a fait découvrir. Il crée alors du mobilier incrusté de pierres semi-précieuses (turquoise, hématite, cornaline et autre malachite), d’ardoise ou de bois fossilisé qui séduit nombre d’architectes.


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Un designer aux pierres rares

L’un d’entre eux, Henri Montois, lui commande notamment 25 tables basses serties de marcassite pour l’hôtel Hilton de Bruxelles. Sa notoriété est telle que le roi Baudouin Ier et la reine Fabiola en offrent un exemplaire en pastilles de malachite au président Georges Pompidou.

Pendant soixante-cinq ans, Ado Chale prôna « l’art de vivre avec l’art ». Une exposition retrospective lui est consacrée à l’Hôtel Solvay, 2024 – IDEAT
Pendant soixante-cinq ans, Ado Chale prôna « l’art de vivre avec l’art ». Une exposition retrospective lui est consacrée à l’Hôtel Solvay, 2024 – IDEAT gilles-van-den-abeele

Ado Chale glane sa matière première dans chacun des pays qu’il visite, l’Inde, l’Afghanistan ou Madagascar, « chinant la nature », selon les mots de sa fille Ilona. De retour dans son atelier d’Ixelles, il coule ensuite « ses joyeuses découvertes », dans de la résine époxy et les associe à des piétements en bronze ou en aluminium, avant de polir délicatement l’ensemble au diamant.

Chacun de ses plateaux est constitué de tesselles de minéraux dont la juxtaposition compose des paysages monochromes aux nuances vertes (le jade), bleu nuit (le lapis-lazuli) ou dorées, comme la frise exécutée par le peintre Gustav Klimt pour le palais Stoclet, qu’il admirait tant.

Une sensibilité artistique

Dans ces mosaïques pointillistes, qu’il baptise Pastilles ou Gouttes d’eau, l’œil se perd avec délice. « Une table Chale est un univers irrationnel dont les forces ont été mises en place par la sensibilité », décryptait l’architecte André Jacqmain, qui rénova l’hôtel particulier abritant la galerie Chale.

Pendant soixante-cinq ans, Ado Chale prôna « l’art de vivre avec l’art ». Une exposition retrospective lui est consacrée à l’Hôtel Solvay, 2024 – IDEAT
Pendant soixante-cinq ans, Ado Chale prôna « l’art de vivre avec l’art ». Une exposition retrospective lui est consacrée à l’Hôtel Solvay, 2024 – IDEAT gilles-van-den-abeele

Cette rétrospective, présentée dans un écrin Art nouveau conçu par Victor Horta, témoigne de la pérennité de l’artiste, dont l’œuvre continue de vivre grâce à son fils Pierre Barbion. Ce dernier crée des pièces inédites d’après les dessins originaux de son père, qui coexistent avec les créations historiques dans un esprit de filiation inspiré.

> Rétrospective Ado Chale. Dans les écuries de l’Hôtel Solvay, avenue Louise 224, 1050 Bruxelles, du 18 octobre au 16 novembre. Tél. : +32 2 640 56 45. Hotelsolvay.be


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