L’Art Déco fête son centenaire, et plutôt que d’en proposer un hommage figé, les Manufactures nationales rendent un hommage vivant à la figure du décorateur-ensemblier. Installé au cœur du site historique des Gobelins, dans un appartement de 200 mètres carrés transformé en résidence créative, Pavillon donne carte blanche à des designers pour réinventer nos manières d’habiter. Le premier à se prêter à cet exercice de style est le studio GGSV, alias Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard, qui posent un décor inédit en trois actes, sous forme de salons rêvés. Ce théâtre de l’imaginaire où tout, du sol au plafond, devient prétexte à fiction est visible jusqu’à la fin de l’année.
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Un art total en trois dimensions
Chez GGSV, l’imaginaire est une matière première. Et il suffit de franchir le seuil du Salon de réception pour sentir que l’on a quitté la réalité. Les murs semblent peints en perspective, les meubles rejouent les torsades du mobilier Louis XIII, et les jeux de noir et blanc sculptent l’espace comme une illusion d’optique. Rien n’est laissé au hasard : chaque détail est conçu comme un prolongement du précédent.

Dans le Salon de conversation la pièce maîtresse est un grand canapé vert bronze hexagonal qui nous susurre de venir s’y installer pour contempler tableaux, vases, tapisseries et luminaires incandescents sous un disque lumineux qui évoque les mouvements du ciel. Autour tout est feuille, lumière et métamorphose : les cadres textiles inspirés des feuillages sont comme un prolongement du paysage extérieur offert par le bow-window. Nous sommes dans une parenthèse verte, un cocon où le design effleure le paysage et invite à l’échange.
Quant au Salon de lecture, c’est une fresque immersive, où la nature romantique du XIXe siècle s’invite à l’intérieur. Sol, murs, plafond : tout est décor. Rochers et montagnes se fondent dans le mobilier, les bibliothèques deviennent éléments de décor, et les fauteuils de lecture se camouflent dans un paysage pictural qui dilue les frontières entre dedans et dehors.
Un manifeste pour les métiers d’art
Derrière ces décors féeriques, tout un réseau d’artisans œuvre dans l’ombre. Et c’est là que le programme Pavillon prend tout son sens : en réaffirmant que l’innovation passe aussi par la tradition. Marqueteurs, céramistes, tapissiers, miroitiers, designers textiles… ils sont plus d’une dizaine à avoir collaboré à ce premier opus.







Parmi eux, l’atelier ARC du Mobilier national qui signe les lampes et la bibliothèque en bois du Salon de réception, la manufacture de Sèvres pour les vases en porcelaine au décor flamboyant du Salon de conversation ou encore Matthieu Lemarié qui réalise les fresques du Salon de lecture. Le studio GGSV orchestre cette symphonie de talents avec une volonté affirmée de concevoir des pièces durables et modulables.
En faisant dialoguer les arts décoratifs avec les enjeux contemporains, les Manufactures Nationales offrent un terrain de jeu idéal aux agences de design comme GGSV. Cette première édition donne le ton, et invite à rêver plus grand, plus loin, plus beau.
> Exposition « Les Salons imaginaires », de GGSV (ggsv.fr) au Mobilier national, ouverte au public à partir d’octobre 2025 au 42 avenue des Gobelins, Paris 13e.
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