On le sait, leur impact environnemental est considérable à l’échelle de la planète. En France, plusieurs millions de tonnes de déchets plastiques sont jetés chaque année, moins d’un tiers d’entre eux seulement étant recyclés. Le Pavé a trouvé la solution pour y remédier.
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Actrice de la transition écologique, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) estime l’utilisation de plastique de chaque Français à 70 kilos par an, plaçant notre pays parmi les plus gros consommateurs d’Europe.
Si l’urgence est de réduire drastiquement sa production, sa valorisation est également un enjeu de taille. Les initiatives se multiplient, dont celle portée par Le Pavé, entreprise française qui considère que « la transition écologique n’est pas une contrainte, mais une réelle opportunité ».
À l’origine de cette aventure, quatre étudiants de l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles. En septembre 2016, ils sont invités à imaginer un campus en plein désert au Kenya à partir des ressources locales aisément disponibles. La découverte d’une décharge à ciel ouvert leur fait prendre conscience de la quantité de ces déchets plastiques, ce qui les conduit à questionner la notion même de recyclage.
Fabriquer du plastique à partir de déchets plastiques, est-ce vraiment une solution ? Le système de recyclage ne permet pas encore la valorisation sur le long terme, ne faisant que repousser le problème. Le quatuor va donc réfléchir à un devenir plus durable pour ces résidus dans un secteur qui leur est cher : celui de la construction, autre domaine extrêmement polluant.
Le bâtiment est aujourd’hui l’un des grands responsables des émissions mondiales de gaz à effet de serre, à hauteur de 37 % en 2021 selon l’ONU. Le recours aux matériaux recyclés pour décarboner le secteur est une des priorités pour les années à venir.
De ce double constat est né Le Pavé, ou comment transformer les déchets plastiques pour en faire un matériau de construction soutenable. Objectif : « Dépolluer le monde d’aujourd’hui, construire celui de demain. »
Convaincus que ces détritus constituent une ressource inexploitée, les étudiants vont d’abord les récupérer dans les poubelles versaillaises. Le début de l’histoire est artisanal : ils vont les trier, les broyer et les chauffer dans un four pour mettre au point le premier échantillon Le Pavé.
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Possibilités multiples
Ce projet étudiant puis associatif est devenu, en 2018, une réalité très concrète et entrepreneuriale. Dans l’usine située à Aubervilliers, la valorisation s’appuie désormais sur un procédé breveté. La technique s’est industrialisée tout en restant 100 % française, depuis la collecte des matières premières jusqu’à leur utilisation par les consommateurs.
S’appuyant sur un réseau de recycleurs engagés, toujours en quête de nouveaux gisements, Le Pavé récupère cette matière broyée, qui est ensuite triée par couleur et mise à disposition en grande quantité. Des panneaux sont réalisés sans résine, composés à 100 % de déchets plastiques.
Ces plaques de 140 x 90 centimètres (et 240 x 135 centimètres en janvier 2024) sont proposées dans des épaisseurs variables de 5 à 15 millimètres et dans différentes textures : Floréale, Minérale ou Blanche. Elles se travaillent comme le bois, tout en conservant les propriétés mécaniques des thermoplastiques.
Le procédé permet en outre de réduire de 70 % les émissions de gaz à effet de serre au mètre carré à produit équivalent. À la fois flexible et résistant, le matériau se scie, se perce, se chanfreine et se ponce. Il est même possible de le thermoformer.
Les possibilités d’usage sont infinies : plan de travail, crédence de cuisine, vasque de salle de bains, pièce de mobilier, luminaire et même manche de couteau ou porte-savon. Ou comment avoir la plus petite empreinte écologique possible en misant sur l’économie circulaire…
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