« Le défi était de récupérer les codes du premier Choukran, de les twister pour les rendre peut-être un peu plus modernes », explique l’architecte Juliette Rubel, qui a conçu ce second restaurant. Alors que le premier – 29, rue Saint-Georges (IXe ) – était placé sous le signe de la couleur verte, elle a choisi le rouge pour signature de ce nouveau lieu. Et a dû composer avec une tout autre typologie d’espace: un local long et étroit.
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Le bled au cœur de Paris
Pour attirer les clients vers le fond de la salle sans qu’ils aient l’impression d’être punis, elle y a placé un élément fort. « L’idée a été de lui donner de la qualité en apportant une ambiance qui contraste avec la première partie de la salle, plus traditionnelle, explique Juliette Rubel. Nous avons chiné à Marrakech des caisses de Pepsi et de Coca-Cola, que l’on a empilées et rétroéclairées. »

Pop et lumineux, c’est le point d’attraction qui, depuis la rue, capte le regard. À l’avant, elle a tiré avantage de la longueur pour installer une cuisine ouverte, puis une série de box façon diner américain, lesquels sont bordés par de grands miroirs en arcades.
« Cela permet de séquencer l’espace, de pallier le problème de la linéarité et le fait qu’il n’y ait pas de lumière. Ces arches sont des fenêtres ouvertes sur le décor qui s’y reflète. C’est vraiment un projet autour des matières, et pour lequel on a cherché des éléments traditionnels : le zellige pour les banquettes, le bois pour le plafond avec des poutres et des lattes posées en chevron… mais en les traitant avec des formes plus contemporaines », indique l’architecte Juliette Rubel.
Décor créatif
Un langage sans clichés, qui sied bien à Choukran, comme à toutes ces nouvelles adresses casual de cuisine du monde enrichissant la scène culinaire parisienne avec leurs décors particulièrement créatifs.

« Comme ces restaurants n’ont pas besoin de répondre aux codes qu’impose une offre plus haut de gamme, il y a sans doute plus de liberté, reconnaît Juliette Rubel. Cela s’illustre, par exemple, dans la façon d’installer les gens. Chez Choukran, nous avons conçu des tables qui sont normalement pour quatre, mais si les clients sont cinq et qu’ils veulent absolument se serrer, ce n’est pas grave. On a même prévu des tabourets ! »
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