La classicisme à la rencontre du modernisme par Timothee Studio

C’est dans une avenue bordée d’arbres de la capitale toscane que ce jeune couple a choisi de s’installer avant la naissance de son enfant. Timothee Studio, cofondé par le frère de la propriétaire, a réorganisé l’espace de l’appartement, opérant une étonnante synthèse entre classicisme haussmannien et modernisme italien.

À chaque pièce, une couleur. Dans chaque coin, un détail élégant. L’appartement florentin que partagent Diletta Bonciani et son compagnon, Gianluca, est un manifeste de sophistication. L’ambiance, bourgeoise et hors du temps, rappelle celle des logis parisiens cossus, comme en rêvaient les propriétaires. Visite de ce pied à terre aménagé par Timothee Studio.


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Un projet chargé en émotions

Diletta Bonciani et son compagnon, Gianluca, les propriétaires.
Diletta Bonciani et son compagnon, Gianluca, les propriétaires. Helenio Barbetta

C’est pour eux et dans cet esprit que Cosimo Bonciani, le frère de Diletta, et Andrea Mascagni, tous deux designers, épaulés par l’architecte Niccolò Antonielli, ont conçu le lieu, singulier à plusieurs titres. « Andrea, Niccolò et moi avions fondé Timothee Studio, et c’est l’un des tout premiers projets que nous avons signés ensemble », raconte Cosimo.

Il se caractérise par des choix chromatiques audacieux et une redistribution des pièces sur mesure, échappant ainsi à un résultat plus conventionnel. La charge émotionnelle est largement présente puisque cette réhabilitation signe l’emménagement en couple de la sœur de Cosimo.

Dans la salle à manger, table avec structure en béton et plateau en verre taillé, design Sergio et Giorgio Saporiti (1972, Saporiti Italia). Chaises des années 50 de Vittorio Dassi. Lustres Fun, de Verner Panton (Verpan). Console Quaderna, design Superstudio (Zanotta), prototype non produit. Dessus, sculptures Brick et Béton (à gauche) et Zuperfici, de Duccio Maria Gambi. Au mur, diptyque Enrosadira, de Lorenzo Brinati (2022).
Dans la salle à manger, table avec structure en béton et plateau en verre taillé, design Sergio et Giorgio Saporiti (1972, Saporiti Italia). Chaises des années 50 de Vittorio Dassi. Lustres Fun, de Verner Panton (Verpan). Console Quaderna, design Superstudio (Zanotta), prototype non produit. Dessus, sculptures Brick et Béton (à gauche) et Zuperfici, de Duccio Maria Gambi. Au mur, diptyque Enrosadira, de Lorenzo Brinati (2022). Helenio Barbetta

« Diletta et moi avons toujours habité ensemble, d’abord chez nos parents, puis en colocation, à Florence, où nous avons suivi nos études. L’idée que cela s’arrête me terrifiait, reconnaît ce dernier. Mais j’aime penser qu’avec cette réalisation j’ai pu laisser une partie de moi ici, dans son appartement. »

Lequel est situé dans le quartier Libertà, à Florence, dans une avenue bordée d’arbres typique de l’une des zones résidentielles les plus populaires de la ville, près du centre historique.

Au fond du couloir, tableaux en toile cousue (1977), Fabbrician. Appliques provenant de la rénovation de l’hôtel Torino Ambasciatori, en 1959.
Au fond du couloir, tableaux en toile cousue (1977), Fabbrician. Appliques provenant de la rénovation de l’hôtel Torino Ambasciatori, en 1959. Helenio Barbetta

Le designer explique : « Le bâtiment date du XIXe siècle et de l’époque durant laquelle Florence était la capitale du royaume d’Italie (1861-1946). L’une de ses principales caractéristiques réside dans la hauteur sous plafond – celle de l’actuelle cuisine est de 4,6 mètres. »

Ce qui se traduit par un volume très ouvert, dégagé. Même si l’appartement avait été rénové peu de temps auparavant et était donc en excellent état, certaines interventions majeures ont dû toutefois être entreprises sans tarder. « Il fallait refaire toutes les finitions. Même l’aménagement intérieur des espaces a été entièrement revu. »

Dans la chambre, lit double signé Timothee Studio, recouvert du tissu Electric Dreams (Dedar Milano). Table de nuit des eighties de Pierre Cardin. Appliques des années 60 Stilnovo. Lampadaire italien des seventies composé de dix globes en verre opalin. Fauteuil des années 60.
Dans la chambre, lit double signé Timothee Studio, recouvert du tissu Electric Dreams (Dedar Milano). Table de nuit des eighties de Pierre Cardin. Appliques des années 60 Stilnovo. Lampadaire italien des seventies composé de dix globes en verre opalin. Fauteuil des années 60. Helenio Barbetta

Thimothee Studio à l’écoute

Diletta Bonciani avait une idée très claire de ce qu’elle voulait. « Elle rêvait d’une maison intemporelle, belle et fonctionnelle, qui pourrait être aussi le digne écrin de sa collection d’œuvres d’art et de design et qui évoquerait l’atmosphère de Paris », se souvient son frère. Pour relever ce défi, les trois designers ont commencé par réorganiser les espaces et les fonctions domestiques.

« Nous avons déplacé la cuisine, qui se trouvait dans le salon actuel, puis avons créé une grande ouverture pour fusionner la salle à manger et le salon en un seul espace. En matière d’aménagement intérieur, l’appartement a été complètement transformé : le sol était en grès cérame, nous avons préféré le remplacer par un parquet à chevrons réalisé avec des planches provenant d’un chêne centenaire, que nous avions récupéré en l’état. Telles des pages blanches, les murs étaient lisses et anonymes : nous avons décidé de les parer de moulures en plâtre aux motifs simples et épurés. Même les salles de bains ont été intégralement repensées », détaille Cosimo.

Dans la salle de bains, armoire Ideal Standard, applique en verre de Murano dans le style Barovier et Toso, et miroir, les deux des années 70.
Dans la salle de bains, armoire Ideal Standard, applique en verre de Murano dans le style Barovier et Toso, et miroir, les deux des années 70. Helenio Barbetta

Aujourd’hui, l’ambiance générale de la maison est délicate, presque éthérée. « Je la définirais comme légère, éclectique, avec des touches fortes, poursuit-il. La palette de couleurs est très lumineuse et neutre dans les espaces de vie, tandis que nous nous sommes délibérément aventurés dans des teintes beaucoup plus sombres et intenses dans la zone consacrée à la nuit. »

Quant à la sélection du mobilier et des objets de design, « c’est le fruit d’un travail à quatre mains entre ma sœur et moi, que nous avons évoqué dès la période de restructuration de l’appartement. Nous habitions encore ensemble à l’époque, et nous avions beaucoup de temps libre à consacrer à cette activité. En plus des pièces qui appartenaient déjà à Diletta, nous en avons acquis d’autres en sillonnant les ventes aux enchères, les marchés et les boutiques », se rappelle le fondateur de Timothee Studio. Les tapis moelleux, les œuvres d’art, les lustres suspendus ne manquent pas. Entre Florence et Paris, entre passé et présent.


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