Sorti de terre pendant les swinging sixties, revu et corrigé par le fils du propriétaire dès 1975 puis racheté par le groupe hôtelier Jumeirah en 2019, le Jumeirah Capri Palace écrit une nouvelle page de son histoire. Cet été, le mythique bâtiment blanc dévoile 5 nouvelles suites imaginées par Patricia Urquiola. Soit un savant mélange d’héritage et de dolce vita toujours tourné vers l’avenir. Visite guidée.
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Entre ciel, mer et légende hôtelière
« Une tragique histoire d’amour dans un décor merveilleux« , scandaient en cœur Brigitte Bardot et Michel Piccoli dans la bande-annonce du Mépris (Jean-Luc Godard, 1963). Soixante ans plus tard, le paysage est toujours aussi idyllique à Capri, quand jaune citron et mer d’un bleu profond tranchent avec les bâtiments tout blanc. Au début des swinging sixties, la belle immaculée séduit son monde et la jet-set qui y défile, de Grace Kelly à Jackie Kennedy.

À cet instant sort de terre, surplombant la Piazza dela Vittoria d’Anacapri, sur les ruines d’un palais romain édifié par l’empereur Auguste puis embelli par Tibère, l’hôtel qui deviendra par la suite l’un des plus emblématiques de l’île. Situé au pied du Mont Solaro, le mythe du Jumeirah Capri Palace (connu d’abord sous le nom de Europa Palace puis de Capri Palace) se construit dès 1975, une fois les rênes remises aux fils du propriétaire après le décès prématuré de ce dernier. Tonino Cacace réduit le nombre de chambres et réinvente l’hospitalité à grand renfort de spa médical ultra pointu et de suites avec piscine privée (concept qu’il introduit en Europe dans les années 80).
Dans le giron du groupe dubaïote éponyme depuis 2019, le Jumeirah Capri Palace continue de faire honneur à sa réputation et à l’héritage de Tonino Cacace, entrepreneur passionné qui avait constitué dans l’hôtel une collection d’œuvres digne d’un musée – et même, il paraît, installé une chambre noire. Une remise en beauté s’imposait tout même, notamment pour marquer cette passation. Un exercice périlleux pour qui reprend un si grand nom tout en en conservant le ton.
Capri l’éternelle
Pas étonnant que Patricia Urquiola ait ainsi été chargée de revoir et corriger 5 suites parmi les 72 que comprend la bâtisse, 1er gros chantier depuis la réouverture en 2020. Le but de l’exercice ? Saupoudrer le Jumeirah Capri Palace d’une pointe de modernité tout en célébrant ses racines, le tout sans tomber dans le pastiche ni s’adonner aux clichés. Un coup de frais dans la continuité de ses chambres blanc et bleu à l’esprit caprese.















La courbe est omniprésente, même au plafond, ondulant comme le mouvement régulier des vagues s’écrasant sur les falaises de la petite île. Un léitmotiv repris aussi sur les têtes de lit, réalisées en Cimento, un matériau breveté à base d’agrégats minéraux mixés à un liant de ciment. Canapés galets, arches et lignes serpentines complètent le décor, apportant aux espaces des airs de cocon apaisant.
Par les fenêtres, la Piazza dela Vittoria, cœur névralgique d’Anacapri. Et contrairement à son voisin, colonisé par les boutiques de luxe, le village a conservé son pittoresque et son charme d’antan. Ici, pas de it-bags griffés, mais du citron sous toutes ses formes : en sorbet givré, en mini savon et en motifs sur les cabas et les tabliers. L’équivalent s’il en est de Sénéquier et de la plage des Salins à Saint-Tropez.
« J’ai voulu rendre hommage à l’âme d’Anacapri »
Les matériaux célèbrent aussi cette oasis italienne, des carreaux Vietri faits à la main dont les motifs ont été spécialement conçus pour l’occasion, au sol de style palladien, qui court du balcon au salon, créant une unité entre dehors et dedans. Depuis la terrasse, quelques marches mènent discrètement à la piscine de l’hôtel que colorent les bains de soleil de couleur miel, fraîchement transformée elle aussi par Patricia Urquiola.
« Pour la rénovation des suites [baptisées Mariorita, Ndlr], de la piscine et du bar extérieur du Jumeirah Capri Palace, j’ai voulu rendre hommage à l’âme d’Anacapri, à son essence lumineuse, à son élégance organique, à son histoire, confie l’architecte Patricia Urquiola. Chaque suite est pensée comme un microcosme serein, où les matériaux tactiles, la lumière naturelle et les formes fluides évoquent à la fois le confort et la sophistication méditerranéenne. La relation entre l’intérieur et l’extérieur est continue. La piscine et le bar extérieur prolongent ce dialogue, fusionnant l’architecture et le paysage, offrant aux hôtes un moment suspendu entre ciel et mer. Ce projet visait à honorer l’esprit du lieu tout en créant de nouveaux souvenirs grâce au design. » Bien heureusement Capri, ce n’est pas fini.
> Plus d’informations sur la nouvelle collection de suites Mariorita du Jumeirah Capri Palace et réservations ici.
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