C. TORALDO DI FRANCIA/ SUPERSTUDIO / ARCHIVIO FILOTTRANO

L’intimité domestique en Occident dévoilée au MAD Paris

Le MAD Paris retrace l’évolution de l’intimité domestique en Occident, du XVIIIe siècle à l’ère numérique. Au travers d’une scénographie qui raconte les usages et les modes de vie de chaque époque, « L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux » nous autorise à regarder par le trou de la serrure.

L’exposition aux 470 objets conçue par l’équipe du MAD Paris et par Fulvio Irace, grand expert italien du design, débute par un immense panneau blanc percé d’une serrure. Celui-ci fait partie des nombreuses surprises de l’installation de « L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux », signée des architectes transalpins Italo Rota (1953-2024) et Alessandro Pedretti.


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Au cœur de nos jardins secrets

Tout au long du parcours, les accessoires reflètent les usages et les modes de vie, comme le miroir à main créé vers 1925 par l’orfèvre Jean Puiforcat (1897-1945) et le smartphone contemporain, dans lesquels on peut se mirer. Objets, tableaux, meubles ou images, tout interpelle.

La Mamma, de Gaetano Pesce (1969).
La Mamma, de Gaetano Pesce (1969). Les Arts Décoratifs

À l’exemple de ce documentaire de l’INA réalisé en 1967 lors du Salon des arts ménagers, intitulé Comment distraire une « femme d’intérieur », au cours duquel les propos des hommes interviewés dégagent un machisme assumé.

Boîtes à mouches, armoire coiffeuse signée Eileen Gray ou bourdaloues (urinoirs portatifs utilisés par les femmes au XVIIIe siècle), le genre conditionne à n’en pas douter l’intimité. Quant aux fragrances, le créateur de parfums Francis Kurkdjian invite à humer sa sélection, tels l’iconique Tabac blond, de Caron (1919), l’envoûtant Opium, d’Yves Saint Laurent (1977), ou le plus populaire Brut, de Fabergé (années 60).

Deux salles, deux ambiances

Dans la grande nef du MAD Paris, c’est le design culte façon cocon qui défile, du fauteuil Feltri, de Gaetano Pesce pour Cassina, au lit clos des frères Bouroullec. Après le thème de l’intimité en situation de précarité, vient celui des réseaux sociaux et de la vidéosurveillance. Enfin, des panneaux bleus du label de mobilier italien UniFor encadrent des alcôves habillées d’acajou.

Flacon à parfum datant du XVIIIe siècle. Cristal, or, émail.
Flacon à parfum datant du XVIIIe siècle. Cristal, or, émail. Les Arts décoratifs ; Jean Tholance

Dans ces espaces, c’est peut-être le lit de jour XVIIIe , tendu de velours cognac, qui se révèle plus suggestif que la vitrine des sextoys optimisés par des designers, de Matali Crasset à Matteo Cibic. D’un côté, une petite scène de théâtre à l’ombre du tableau Le Verrou, de Fragonard, de l’autre, des outils. Faites vos jeux !

> « L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux ». Au MAD Paris, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris, jusqu’au 30 mars 2025. Madparis.fr


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