Interview : Jean-Baptiste Fastrez, l’audace fusionnelle

Rencontre avec le designer français.

Jean-Baptiste Fastrez est l’auteur d’un design singulier dont il puise l’inspiration dans toutes les cultures, de la plus populaire à la plus pointue. Un art du détournement sur lequel il s’appuie pour choisir les matériaux et les techniques de fabrication de ses projets et qu’il met au service de l’éditeur Moustache et de la Galerie Kreo, deux acteurs incontournables du design contemporain.


IDEAT : À quand remontent vos premiers pas de créateur ?

Jean-Baptiste Fastrez : Petit, j’aimais beaucoup dessiner, je savais bien reproduire Lucky Luke, Tintin ou Son Goku et autres personnages de mangas. J’avais du plaisir à observer une forme et à la copier pour impressionner les copains. À l’époque, j’aidais aussi mon père à faire ses maquettes de bateau, mais l’idée de suivre des plans m’a rapidement ennuyé… J’ai alors commencé à fabriquer mes propres objets. Je bricolais des robots à partir de chutes de maquettes… J’ai voulu être écrivain, j’ai joué dans un groupe de musique, j’ai fait du théâtre, bref j’ai exploré plusieurs formes d’expression artistique.

IDEAT : Quel a été votre premier choc esthétique ?

Jean-Baptiste Fastrez : Mes grands-parents étaient propriétaires d’une maison à Port-Grimaud (Var), dessinée par Daniel Spoerri (plasticien suisse du nouveau réalisme, né en 1930, NDLR). Dans ce projet, il remettait à plat ce qu’était censée être une villa en bord de mer. Une terrasse pouvait se prolonger en marina où amarrer son bateau… À l’intérieur, c’était tout aussi fou : un tas d’objets avaient été chinés dans un esprit cabinet de curiosités : la salle à manger était décorée de cornes de narval ! Cette maison a été déterminante dans mes centres d’intérêt esthétiques et, lorsque je dessine des objets et des meubles d’inspiration animale, je sais que ça vient de là. 

L’exposition « Le Jardin d’hiver », organisée avec Le19M et l’école Camondo, cet été, à Toulon, à l’occasion de Design Parade.
L’exposition « Le Jardin d’hiver », organisée avec Le19M et l’école Camondo, cet été, à Toulon, à l’occasion de Design Parade. Luc Bertrand

IDEAT : Est alors venu le temps des études supérieures…

Jean-Baptiste Fastrez : Après le lycée, j’ai voulu m’inscrire en école d’art, ce qui ne rassurait guère mes parents. C’est l’époque où mon père achetait L’Auto-Journal, j’étais fasciné par l’évolution des formes des phares de voiture et cela m’a donné l’idée de faire du design automobile. Je me suis inscrit à l’Institut supérieur de design de Valenciennes avant de réaliser que cette discipline allait me barber. J’ai alors tenté l’ENSCI-Les Ateliers où j’ai été retenu grâce à mon dossier. J’avais imaginé un système de boîtes gigognes qui laissaient apparaître à la fin un objet, en l’occurrence une marionnette en chaussette. Mon idée était de créer une tension débouchant sur un flop délibéré avec la volonté de faire rire mon auditoire.

IDEAT : Qu’avez-vous appris à l’ENSCI ? En quoi cette école a-t-elle été déterminante pour vous ?

Jean-Baptiste Fastrez : Je me souviens qu’à l’époque l’école s’intéressait beaucoup au design de service. Parmi les projets, on nous proposait par exemple de refaire le Vélib’… Il y avait aussi beaucoup de projets autour de la science, de la cuisine moléculaire… Moi, je voulais produire de la forme, j’étais fan de Konstantin Grcic et de sa Chair One, qui me rendait fou. À l’école, j’ai conçu des projets avec François Azambourg, chez qui j’ai ensuite eu la chance de faire un super stage passé à fabriquer des prototypes pour l’éditeur italien Cappellini. Puis j’ai poursuivi avec un stage chez les frères Bouroullec, qui m’ont présenté le céramiste Claude Aïello avec qui j’ai réalisé mon projet pour le concours Design Parade, en 2011. 

IDEAT : Votre expérience chez les Bouroullec a été une étape importante de votre carrière…

Jean-Baptiste Fastrez : J’ai énormément appris à leur contact. Durant le stage puis mon contrat chez eux, je passais mes journées à produire des maquettes et des prototypes. Je fabriquais environ une chaise à l’échelle 1 par jour. J’ai travaillé sur la chaise Pila (Magis) et le canapé Ploum (Ligne Roset), mais le projet iconique auquel j’ai collaboré, c’est L’Oiseau de Vitra, réalisé sur la base d’un dessin de Ronan. Je l’ai sculpté en pâte à modeler puis en bois avant qu’il ne soit édité sous sa forme définitive. Cette expérience m’a apporté une exigence de résultat et m’a appris à ne pas prendre à la légère le mobilier que je conçois, à accorder de l’importance aux détails et à ne pas trop multiplier les concepts dans un même objet. Je fais aussi très attention aux photos produites autour de l’objet, chaque image est un projet en soi. Souvent je me pose la question : « Est-ce que Ronan accepterait ça ? »

Vue préparatoire de la première exposition monographique de Jean-Baptiste Fastrez, au Kiosque, à Mayenne en 2019.
Vue préparatoire de la première exposition monographique de Jean-Baptiste Fastrez, au Kiosque, à Mayenne en 2019. DR

IDEAT : C’est là, en juin 2011, que vous remportez le concours Design Parade avec des bouilloires électriques obtenues à partir de la greffe d’éléments industriels basiques (poignée, résistance électrique) et de contenants en céramique ou en plastique réalisés artisanalement… Comment envisagez-vous alors la suite ?

Jean-Baptiste Fastrez : Je me dis que je n’ai plus besoin de travailler pour d’autres designers et que je vais pouvoir me lancer seul, car des éditeurs vont m’appeler. La réalité a été légèrement différente… Néanmoins, ce prix a modelé la suite de mon parcours. Grâce à lui, j’ai pu collaborer avec le Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva), à Marseille, avec la manufacture de porcelaine de Sèvres, avec la Galerie Kreo et avec l’éditeur Moustache, chez qui je suis toujours…

IDEAT : Avec Moustache, vous créez alors une applique mythique en forme de visière de moto et dessinez des objets toujours disruptifs. Comment expliquez-vous la longévité de cette collaboration ?

Jean-Baptiste Fastrez : Stéphane Arriubergé, le cofondateur de Moustache, a découvert mes bouilloires à la Villa Noailles et m’a offert de collaborer avec lui. On a d’abord essayé de développer une carafe filtrante avant que je ne lui propose l’applique Moto. Il m’a répondu qu’elle serait invendable, mais que le projet lui plaisait tellement qu’il voulait quand même le produire. Finalement, Moto a été un succès et le début d’une longue collaboration. Stéphane est celui qui me connaît le mieux du point de vue artistique, il sait me diriger. D’ailleurs, ma lampe OLO est une cocréation, un ping-pong entre nous deux. Il vient aussi de me confier l’aménagement de son appartement, où j’ai tout dessiné sur mesure avec une vision expérimentale. Meubles, table de salle à manger, placards, fresque en mosaïque au sol, miroirs… Ce que l’on aime, ce sont ces choses pas forcément agréables au premier coup d’œil, mais qui sont conceptuellement intéressantes. On est tous les deux excités par ce qui peut être un truc un peu vilain au départ, mais qui devient très séduisant et crée la surprise une fois détourné.

IDEAT : En parlant de détournement, c’est aussi celui des matériaux qui guide votre travail. Quel est votre processus créatif ?

Jean-Baptiste Fastrez : Le détournement des matériaux m’a toujours intéressé, beaucoup de mes projets partent de là. J’ai, par exemple, utilisé l’acétate, un matériau propre à la lunetterie, pour les miroirs « Mask » pour Kreo. Je cultive une dimension narrative dans chacun de mes projets dans laquelle trois éléments doivent entrer en synergie pour produire une alchimie : la forme de l’objet, sa matière et sa typologie. C’est le cas de la table Crocodile, toujours pour Kreo : si on modifie le marbre vert ou la forme de son rebord, elle perd tout son intérêt. Idem avec l’applique Moto, dont la réussite réside dans le mariage entre une applique qui a une forme de visière et sa teinte irisée…

Dans la collection « Mask », la console Totem (Galerie Kreo) a été réalisée en acétate et en Corian.
Dans la collection « Mask », la console Totem (Galerie Kreo) a été réalisée en acétate et en Corian. DR

IDEAT : Vos créations sont toujours très référencées. Dans chaque objet transpire une culture aussi populaire que classique. Vous aimez jouer avec l’inconscient collectif ?

Jean-Baptiste Fastrez : Je m’inspire de tout sauf du design pour produire du design. J’aime évoquer et jouer avec les références collectives dans mon travail. Une carrière dans le cinéma m’aurait plu tant j’affectionne le fait de raconter des histoires, d’emmener les gens et de les placer dans un environnement immersif. Par exemple, l’idée des tapis que j’appelle « neon carpets », pour Tai Ping (comme le Rainbow Fighter de l’« Edition Two Collection », NDLR), à la Dan Flavin (artiste minimaliste américain, 1933-1996, célèbre pour ses installations de tubes fluorescents, NDLR), m’est venue parce que je voulais prendre le contre-pied des motifs organiques qui composent le catalogue. J’ai imaginé un néon que l’on piétine comme une parodie d’installation d’art contemporain. D’autres y verront des sabres laser à la Star Wars. Je mélange volontairement des références populaires et plus pointues, classiques et antiques, je mêle le trivial et le sacré, et je convoque des inspirations comme le motif léopard, qui est à la fois vulgaire et bourgeois. J’adore lancer des passerelles fertiles pour faire se rencontrer des mondes qui habituellement refusent de se croiser, car la vie est comme ça, un mélange de tous ces niveaux de culture.

IDEAT : Les noms de vos créations sont aussi soigneusement choisis, évoquant à chaque fois leur inspiration. Comment effectuez-vous ce travail ?

Jean-Baptiste Fastrez : J’aime autant proposer des clés que des embûches. Par exemple, le nom du vase Allpa, pour Moustache, aux formes généreuses, s’inspire de celui de la déesse de la récolte chez les Aztèques. Et contrairement aux apparences et à son nom, mon miroir Zodiac n’est pas un objet gonflé, mais fabriqué en céramique, tout comme la lampe OLO (tous deux pour Moustache) n’est pas en métal, mais également en céramique. En ce moment, je développe des miroirs pour Kreo, à mi-chemin entre l’inspiration cosmique et l’artisanat, des objets aux formes très simples auxquels on a donné des noms de missions spatiales.

IDEAT : Vos créations sont aussi empreintes de fantaisie. Associer humour et design, n’est-ce pas périlleux ?

Jean-Baptiste Fastrez : J’adore lorsqu’on me dit : « Qu’est-ce que c’est ? », « À quoi ça sert ? », « Quel est ce matériau ? » Mes objets posent souvent des questions et portent en eux des énigmes. Ils embarquent parfois plus d’humour que je ne le voudrais, mais au fond, j’adore le décalage et matérialiser les jeux de mots en objets. Je n’oublie toutefois jamais que ce qui compte réellement, c’est que mes créations soient intéressantes et que la blague soit simplement suggérée. 

Le vase Pacha (Moustache) s’inspire de la mythologie inca.
Le vase Pacha (Moustache) s’inspire de la mythologie inca. DR

IDEAT : Depuis vos débuts, vous conjuguez industrie et artisanat. Comment articulez-vous ces deux méthodes ?

Jean-Baptiste Fastrez : Avec mes projets de bouilloire et de sèche-cheveux ou avec mon vase Scarabée (Moustache), je m’inscrivais dans une tradition du design où l’on associe mécaniquement l’industrie et l’artisanat, comme le fait Hella Jongerius avec ses vases en verre et en céramique scotchés. Et puis j’ai compris que la réalité était plus complexe, qu’un vase IKEA en céramique était un objet industriel et qu’une pièce unique en aluminium usiné à la fraiseuse numérique pilotée par un façonnier revêtait une forme d’artisanat. Désormais, j’opère davantage une fusion qu’un collage, je convoque l’une ou l’autre de ces méthodes de façon opportuniste. Le vase Allpa a ainsi été réalisé en impression 3D et la console Totem (Galerie Kreo) en acétate, une matière industrielle que je détourne pour l’utiliser de façon artisanale.

IDEAT : Votre goût pour la narration et des objets à l’esthétique très forte vous détourne-t-il du chemin des éditeurs traditionnels ?

Jean-Baptiste Fastrez : J’ai un goût particulier pour accomplir des choses hors des sentiers battus, pas pour caresser le consommateur dans le sens du poil et lui donner ce qu’il attend. Moustache et Kreo sont pour moi les deux lieux idéals pour m’exprimer et avec qui oser la nouveauté. Les travaux expérimentaux de Hella Jongerius ou de Jerszy Seymour m’ont toujours fait rêver ; le contenu commercial de leurs objets ne prévaut jamais sur le contenu culturel. J’avoue que dessiner un énième canapé scandinavo-rien-du-tout pour un éditeur ne m’excite pas énormément, surtout à l’ère de l’hyperproduction. J’avais consacré mon mémoire de diplôme à la fausse modestie des meubles minimalistes – qui nous font croire qu’ils sont pérennes et vont ainsi traverser les âges, car dessinés sans aucune subjectivité –, à l’hyper-simplification qui mène au raccourcissement de la vie des produits. À mon sens, cette philosophie conduit en réalité au low cost. On conçoit trop souvent des objets génériques et sans saveur pour qu’ils conviennent à tout le monde, auxquels on ne va pas s’attacher et que l’on jettera sans vergogne. Mon rêve serait d’être à la fois pointu et mainstream, comme peuvent l’être le groupe Radiohead en musique ou Konstantin Grcic en design.

IDEAT : Vous vous êtes installé il y a quelque temps à Biarritz où vous avez ouvert votre atelier-galerie. Pourquoi ce choix géographique ? 

Jean-Baptiste Fastrez : Mes revenus étant très irréguliers, si je voulais conserver ma liberté artistique, je ne pouvais me permettre d’avoir un atelier trop grand dans Paris, que je n’aurais pu m’offrir que contre des compromis professionnels importants. J’ai alors préféré déménager et poursuivre mon activité de façon plus personnelle. Ayant des attaches sur la Côte basque, c’était le choix le plus logique et, en une soirée, avec ma femme, nous avons pris cette décision. Nous avons acheté un ancien restaurant au centre de Biarritz, dans lequel nous avons tout refait. C’est désormais un lieu de vie et de travail avec une vitrine sur rue à travers laquelle on peut voir mes objets. Le showroom-atelier est ainsi meublé d’étagères issues du réemploi : des éléments en grillage blanc et en Plexiglas que j’ai récupérés dans une ancienne boutique American Apparel qui fermait.

Les miroirs «Mask» de Jean-Baptiste Fastrez.
Les miroirs «Mask» de Jean-Baptiste Fastrez. DR

IDEAT : Le modèle économique des studios de design est une vraie question : des royalties généralement peu élevées et l’autoédition comme réponse encore balbutiante. Pouvez-vous nous expliquer votre modèle ?

Jean-Baptiste Fastrez : Mes revenus sont une préoccupation quotidienne et un stress permanent. Être designer aujourd’hui, ce n’est pas une situation raisonnable, il faut être vraiment passionné pour trouver cela acceptable. Personnellement, je ne suis pas favorable à l’autoédition, car je crois au dialogue avec les éditeurs, j’ai besoin d’être guidé dans mon travail. En même temps, ceux-ci sont frileux et se concentrent essentiellement sur les rééditions. Accéder à des projets qui vont se vendre et qui sont rémunérateurs lorsqu’on est un jeune designer est quasiment mission impossible, les derniers rogatons vont aux stars comme Patricia Urquiola ou les frères Bouroullec. C’est pour cela que j’ai développé d’autres pratiques comme la scénographie, que j’envisage aussi comme une narration et qui m’offre un grand champ de liberté, la possibilité de faire des choses puissantes.

IDEAT : En 2019 a justement eu lieu votre première rétrospective, « Première communion », proposée par Le Kiosque, à Mayenne (53), dans le cadre historique de la chapelle des Calvairiennes. Qu’avez-vous exprimé lors de cette exposition ?

Jean-Baptiste Fastrez : J’ai d’abord entrepris la même démarche qu’habituellement, c’est-à-dire m’appuyer sur le lieu, en l’occurrence une église, pour construire ma scénographie. J’ai trouvé intéressant de hacker un lieu sacré en installant un temple dans l’église, un projet un peu blasphématoire… Ce temple a alors pris la forme d’une pyramide noire, inspirée à la fois de l’Égypte ancienne, du Louvre et d’une boîte de nuit une fois que j’y avais accroché des appliques Moto. 

La table basse Crocodile est un élément de la collection « Vivarium », développée avec la Galerie Kreo.
La table basse Crocodile est un élément de la collection « Vivarium », développée avec la Galerie Kreo. DR

IDEAT : À la rentrée, vous allez multiplier les projets avec vos deux partenaires historiques, la Galerie Kreo et Moustache, et explorer des typologies très insolites comme la griffe de miroir ou l’échelle… 

Jean-Baptiste Fastrez : J’avais envie de réagir à l’expression « On ne va pas revenir à la lampe à huile », souvent brandie à tort et à travers ces derniers temps ! J’ai trouvé amusant de proposer une lampe à huile pour Moustache, dont l’esthétique serait à la frontière du candélabre classique et du pot d’échappement d’un dragster. Je vais aussi développer des griffes de miroir à visser dans un style boule de pétanque ; un accessoire signifiant qui viendra donner du caractère à n’importe quel miroir acheté chez Castorama. Ce qui me plaît dans ce projet, c’est que chacun peut se l’approprier en l’associant à la forme de miroir de son choix. Puis Moustache m’a proposé une carte blanche à l’occasion de nos dix ans de collaboration. Je vais m’installer à l’avant de la boutique et présenter mes objets dans une installation immersive et sensible… Avant de lancer ma première chaise en janvier 2023 pour eux… Avec Kreo, je participe en septembre à une exposition collective sur les échelles, qui ressemblera à un mix entre une planche de sauveteur en mer et un couvercle de sarcophage égyptien. Au PAD de Londres (principale foire de la capitale pour le design et les arts décoratifs du XXe siècle, NDLR) seront exposés mon nouveau banc Leopard (Galerie Kreo) en métal  et un miroir gainé de tissu d’ameublement… 

IDEAT : Des projets avec d’autres éditeurs ?

Jean-Baptiste Fastrez : Pas pour le moment. Enfoncer des portes, ce n’est vraiment pas dans ma nature.

> Jeanbaptistefastrez.com