Entretien avec Adèle Fremolle, directrice de la Villa Kujoyama

De passage au Japon, IDEAT s'est rendu à Kyoto afin de poser quelques questions à Adèle Fremolle, directrice de la Villa Kujoyama.

En septembre 2022, Adèle Fremolle reprenait la direction de la prestigieuse Villa Kujoyama, à Kyoto. Précédemment directrice déléguée de La Condition publique, à Roubaix, l’historienne de l’art met à profit son expérience dans le domaine créatif pluridisciplinaire pour faire évoluer cette structure de résidences, antenne de l’Institut français du Japon.


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IDEAT : Connaissiez-vous le Japon avant d’arriver à la direction de la Villa Kujoyama ?

Adèle Fremolle : Non, je ne m’étais jamais rendue au Japon avant de prendre mon poste en 2022 ! C’est à travers la découverte d’oeuvres et d’artistes que j’ai abordé la culture de ce pays. D’abord durant mes études, puis lors de mon parcours professionnel. Ce fut le cas, par exemple, avec le photographe Tadashi Ono dans le cadre de l’exposition « Photoquai », au musée du quai Branly en 2009.

Adèle Fremolle, directrice de la Villa Kujoyama depuis septembre 2022, a décidé d’ouvrir l’établissement au public régulièrement.
Adèle Fremolle, directrice de la Villa Kujoyama depuis septembre 2022, a décidé d’ouvrir l’établissement au public régulièrement. © VILLA KUJOYAMA

Avant cela, il y avait eu le film Hiroshima mon amour, d’Alain Resnais, à partir d’un scénario de Marguerite Duras. Ensuite, il y eut le design, avec les lampes d’Isamu Noguchi, l’architecture des bâtiments de Tadao Ando ainsi que les réalisations de figures françaises telles que Charlotte Perriand ou Roland Barthes qui, en allant travailler au Japon, sont devenues des transmetteurs culturels.

IDEAT : Qu’est-ce qui vous a motivée à postuler à la direction de la Villa Kujoyama ?

Adèle Fremolle : J’ai appris la vacance du poste par une annonce publiée par l’Institut français. Or je ne ressentais pas alors l’envie de quitter La Condition publique, à Roubaix, où je me plaisais.

Le bâtiment a été dessiné en 1986 par l’architecte kyotoïte Kato Kunio. Le site à flanc de montagne, dans les hauteurs de Kyoto, était originellement (1926-1927) celui de l’Institut francojaponais du Kansai avant que celui-ci ne soit relocalisé dix ans plus tard, en pleine ville, à proximité des universités.
Le bâtiment a été dessiné en 1986 par l’architecte kyotoïte Kato Kunio. Le site à flanc de montagne, dans les hauteurs de Kyoto, était originellement (1926-1927) celui de l’Institut francojaponais du Kansai avant que celui-ci ne soit relocalisé dix ans plus tard, en pleine ville, à proximité des universités. DR

Et en même temps, depuis que j’avais découvert l’existence de la Villa Kujoyama durant mes études d’histoire de l’art, cette institution me fascinait. À la fois pour ce qu’elle représentait et pour la mission qu’elle mène au Japon. J’ai tenté ma chance…

IDEAT : Parlez-vous de sa mission de résidence ?

Adèle Fremolle : Dans mes précédents postes, cette question a souvent surgi. Que ce soit à « Photoquai », au Frac Grand Large, à Dunkerque, ou à La Condition publique, où l’on s’est structuré de manière à pouvoir accueillir des artistes, des designers, des chercheurs…

La terrasse de la Villa Kujoyama joue le rôle de pièce à part entière. Elle offre une vue quasi unique sur la ville. Dès les beaux jours, elle devient un lieu de rencontre, d’abord entre résidents, mais aussi avec les visiteurs lors des événements.
La terrasse de la Villa Kujoyama joue le rôle de pièce à part entière. Elle offre une vue quasi unique sur la ville. Dès les beaux jours, elle devient un lieu de rencontre, d’abord entre résidents, mais aussi avec les visiteurs lors des événements. Keita Kitagawa

Qu’elle soit de recherche ou de production, la résidence est devenue centrale dans mon approche de l’accompagnement artistique et notamment dans un territoire donné. Or la mission première de la Villa Kujoyama est justement l’accompagnement dans un contexte culturel précis, qui va conditionner un projet.

IDEAT : Peut-on dire que c’est vraiment ce qui caractérise la Villa Kujoyama ?

Adèle Fremolle : Ce qui nous distingue radicalement, c’est l’accompagnement en résidences de recherches d’artistes quand les cinq autres antennes ont des rôles tournés auprès des publics et de la coopération culturelle.

La Villa Kujoyama a été inaugurée en 1992, avec l’ambition qu’elle devienne une Villa Médicis japonaise, à savoir accueillir des artistes, mais aussi des chercheurs, des écrivains ou des musiciens en résidence.
La Villa Kujoyama a été inaugurée en 1992, avec l’ambition qu’elle devienne une Villa Médicis japonaise, à savoir accueillir des artistes, mais aussi des chercheurs, des écrivains ou des musiciens en résidence. DR

Contrairement aux autres, nous n’avons pas de mission linguistique ni d’animations auprès du public japonais, mais nous travaillons ensemble ponctuellement : avec l’Institut français du Kansai, pour leur Nuit Blanche Kyoto; avec l’Institut français de Yokohama pour le Mois de la France

IDEAT : Comment abordez-vous votre mission ici au regard de l’histoire des lieux ?

Adèle Fremolle : La Villa Kujoyama a célébré ses 30 ans en 2022. Durant cette période, le projet a évolué, notamment après la fermeture pour travaux et l’arrivée de la partenaire majeure qu’est la Fondation Bettencourt Schueller. Ce qui ne m’empêche pas d’être souvent en contact avec le premier directeur de la villa, Michel Wasserman, car j’ai le souci que mon activité s’inscrive dans une continuité.

Lors des « Jeudis de la Villa », les studios des résidents sont ouverts au public. Ici, Gérald Vatrin, artisan verrier et lauréat 2023 en métiers d’art, explique son projet de recherche à des visiteurs attentifs.
Lors des « Jeudis de la Villa », les studios des résidents sont ouverts au public. Ici, Gérald Vatrin, artisan verrier et lauréat 2023 en métiers d’art, explique son projet de recherche à des visiteurs attentifs. Keita Kitagawa

Si les modalités de la résidence ont évolué, aujourd’hui, elle n’est pas une retraite pour créateurs, mais une parenthèse de recherche. Son ouverture touche à la fois son fonctionnement et les échanges entre les disciplines et les lauréats. Elle correspond à l’évolution des pratiques artistiques.

IDEAT : Justement, comment se traduit aujourd’hui ce principe d’ouverture ?

Adèle Fremolle : Je trouvais dommage de disposer d’un lieu aussi riche et beau et de le garder fermé, réservé à un petit nombre. C’est pourquoi nous avons mis en place « Les jeudis de la Villa ». Ainsi, depuis un an, un jour par mois, tout un chacun peut s’y rendre. Très vite, le format a fonctionné. Auparavant, la villa n’ouvrait ses portes que trois ou quatre fois par an.

IDEAT : Comment s’articulent les « Jeudis de la Villa » ?

Adèle Fremolle : La programmation se construit avec les résidents, qui sont les moteurs du contenu, sans que cela soit une obligation. Les espaces sont ouverts aux visiteurs de 14 heures à 21 heures, et tout type de formats de présentation est imaginable. C’est aussi l’occasion d’inviter les collaborateurs japonais avec qui les projets sont développés.

La Villa Kujoyama abrite six studios occupés par des résidents qui bénéficieront de séjours allant de quatre à six mois. On compte une quinzaine de lauréats par an.
La Villa Kujoyama abrite six studios occupés par des résidents qui bénéficieront de séjours allant de quatre à six mois. On compte une quinzaine de lauréats par an. Keita Kitagawa

Il s’agit avant tout de montrer une étape de recherche et de valoriser tous ces contacts qui font que la résidence fait sens. Comme la plage horaire est longue, les gens prennent le temps, d’autant que nous proposons une offre de restauration. Ces moments informels ont déjà provoqué plusieurs rencontres, y compris avec des personnes qui sont hors de nos radars professionnels. C’est une manière très efficace de développer l’ancrage, l’échange et la convivialité.

IDEAT : Justement, qui sont ces visiteurs ?

Adèle Fremolle : À 80 %, ce sont des Japonais: des habitués, des amateurs, des professionnels et des gens qui ne sont jamais venus. On diversifie aussi les publics par le biais d’échanges avec l’Institut français du Kansai/Kyoto et avec le lycée français de Kyoto ainsi que des partenariats que nous avons montés avec différentes universités.

Conformément à la volonté de l’architecte Kato Kunio, les studios sont tournés vers la montagne, à la manière d’un lieu de retraite pour celui qui y séjourne. Sans en changer la configuration, les studios comme l’ensemble de la villa ont fait l’objet en 2012-2014 d’un important chantier de rénovation par l’architecte Adrien Petit.
Conformément à la volonté de l’architecte Kato Kunio, les studios sont tournés vers la montagne, à la manière d’un lieu de retraite pour celui qui y séjourne. Sans en changer la configuration, les studios comme l’ensemble de la villa ont fait l’objet en 2012-2014 d’un important chantier de rénovation par l’architecte Adrien Petit. Arnaud Rodriguez

De même, nous organisons régulièrement des interventions, comme lors de la Nuit blanche, dans une boutique Aesop du centre-ville de Kyoto, mais aussi des expositions au sein de l’école des métiers d’art TASK (Traditionnal Arts Super College of Kyoto).

En outre, cette ouverture permet de faire découvrir ce bâtiment emblématique, à la dimension patrimoniale forte, édifié en 1992 à flanc de montagne par l’architecte Kato Kunio. Depuis quelques mois, nous développons une collaboration avec la faculté d’architecture de Kyoto (où il a été professeur) et qui conserve ses archives.

IDEAT : Comment s’organise la vie des lauréats ?

Adèle Fremolle : Nous accueillons chaque année quinze lauréats pour des séjours allant de quatre à six mois. La villa abrite six studios, un salon d’accueil, une salle polyvalente permettant d’organiser des événements, et elle bénéficie d’une vaste terrasse ouverte sur la ville.

Les « Jeudis de la Villa » sont l’occasion pour le public de découvrir les projets de recherche des résidents.
Les « Jeudis de la Villa » sont l’occasion pour le public de découvrir les projets de recherche des résidents. DR

Chacun dispose d’un espace où vivre et travailler et est accompagné dans sa démarche par l’équipe de la villa, soit cinq personnes dont quatre parlent couramment le japonais. Nous n’avons pas d’atelier de production, car il serait difficilement envisageable de répondre à toutes les disciplines.

En même temps, cela oblige les lauréats à travailler auprès des artisans ou des universités partenaires, parfaitement équipés. Notre objectif est d’offrir aux résidents une immersion et non du tourisme culturel. Rechercher, tester, réaliser, mais aussi avoir un quotidien, créer ses propres rituels. Ici, ils sont chez eux.

IDEAT : Comment les résidents sont-ils sélectionnés ?

Adèle Fremolle : Le dépôt des candidatures a lieu en février de l’année précédente. Du fait du numerus clausus, on accepte 250 dossiers. Répartis par discipline, ils sont examinés par un comité d’une quarantaine d’experts, qui étudie la validité du projet et veille à ce qu’il soit adapté au cadre de la villa, car il ne suffit pas d’avoir besoin d’un logement pour obtenir une résidence.

C’est aussi la possibilité d’échanger avec eux, même si la forme et le contenu de ces présentations sont laissés au libre choix des lauréats.
C’est aussi la possibilité d’échanger avec eux, même si la forme et le contenu de ces présentations sont laissés au libre choix des lauréats. DR

Ensuite, 30 à 35 candidats sont retenus et auditionnés fin mai par un jury qui délivre, en juin, la liste des lauréats. Les candidatures en duo n’excèdent pas quatre mois, celles en individuel peuvent aller jusqu’à six mois. Il n’y a pas de quota par discipline; il arrive que, durant une année, certaines ne soient pas représentées.

Il n’y a pas non plus de condition d’âge, seule une véritable reconnaissance professionnelle dans son domaine est requise. Le comité cherche à générer une diversité de pratiques, mais aussi de personnalités, de parcours… de manière à métisser la petite communauté qui va se créer.

IDEAT : Les lauréats doivent-ils avoir un projet exclusivement à Kyoto ou dans le Kansai ?

Adèle Fremolle : Non, pas nécessairement. Les lauréats ont parfois besoin de voyager à travers le Japon. C’est pourquoi nous avons mis en place avec d’autres institutions des temps de résidence plus réduits, de deux ou trois semaines, afin de faciliter les déplacements.

La Villa Kujoyama profite d’un environnement naturel totalement préservé, à seulement vingt minutes du centre-ville de Kyoto. Ce cadre permet aux résidents de rythmer leur séjour de moments de recherche pure avec des temps de rencontres et de découvertes.
La Villa Kujoyama profite d’un environnement naturel totalement préservé, à seulement vingt minutes du centre-ville de Kyoto. Ce cadre permet aux résidents de rythmer leur séjour de moments de recherche pure avec des temps de rencontres et de découvertes. Tomoko Hayashi

Nous avons, par exemple, établi un partenariat avec l’université des arts de Kanazawa (capitale de la préfecture d’Ishikawa, sur l’île de Honshu, NDLR) qui accueille fréquemment nos résidents. Nous étudions la possibilité de deux nouveaux lieux: un à Tokyo et un en milieu très rural, dans la préfecture de Fukui.

IDEAT : Quel est le suivi des recherches une fois le temps de résidence écoulé ?

Adèle Fremolle : Le programme post-résidence est protéiforme. Il s’adapte au projet des lauréats et à leur discipline : ils peuvent prolonger leur séjour au Japon, à Kanazawa, ou revenir faire un projet ad hoc au Japon, mais il n’y a pas de retour possible à la Villa Kujoyama dans les mêmes conditions.

Vue du bâtiment de la Villa Kujoyama.
Vue du bâtiment de la Villa Kujoyama. DR

Une lauréate qui avait séjourné en 2022 pour mener un projet de luminaires en papier washi est revenue en 2023 pour les produire avec un artisan, puis les exposer. Cette proposition fait partie d’une stratégie d’accompagnement en France ou ailleurs, qui peut s’étendre jusqu’à cinq ans.

Il y a, au sein de l’Institut français, à Paris, une équipe dévolue à ce suivi. S’acclimater ici prend du temps et les résidents réalisent vite qu’un projet nécessite un travail plus long que prévu pour aboutir, si bien que son achèvement coïncide rarement avec la fin du séjour, durant lequel on se focalise avant tout sur la recherche.

IDEAT : Accueillez-vous des résidents japonais ?

Adèle Fremolle : Nous pouvons accueillir des lauréats japonais dans le cadre des candidatures en duos : nous en avons eu un certain nombre ces dernières années. Nous avons également déployé un programme de réciprocité.

A l’étage de la Villa Kujoyama.
A l’étage de la Villa Kujoyama. DR

Les Japonais avec qui nos lauréats ont pu travailler peuvent soumettre un projet pour résider en France, dans les mêmes conditions qu’à la Villa Kujoyama et dans un lieu adapté au projet. C’est une manière de valoriser ces artisans et de leur rendre la pareille.

IDEAT : En quoi consiste le mécénat de la Fondation Bettencourt Schueller ?

Adèle Fremolle : La fondation accompagne la villa depuis dix ans, à raison de mandats de cinq ans. Elle assume 50 % du budget de fonctionnement de la structure et est à l’initiative de l’intégration de l’artisanat et des métiers d’art dans ses disciplines. Deux sur quinze lauréats les pratiquent et portent un projet en lien avec l’artisanat japonais.

IDEAT : La Fondation Bettencourt Schueller est bien plus qu’un soutien financier ?

Adèle Fremolle : C’est en effet une chance d’être accompagné par un tel organisme qui déploie une expertise incomparable depuis plus de vingt-cinq ans. La Fondation Bettencourt Schueller attribue notamment le Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main, à la suite de quoi on accueille chaque année deux des lauréats pour un séjour d’un mois.

Présentation de Tony Jouanneau avec Taketoshi Akasaka.
Présentation de Tony Jouanneau avec Taketoshi Akasaka. Keita Kitagawa

De ce fait la Villa Kujoyama a, d’une certaine manière, été précurseur de l’introduction des métiers d’art dans le champ culturel, lesquels sont désormais soutenus par la politique du ministère de la Culture français, mais aussi par les autres villas qui s’inscrivent dans cette dynamique. La fondation est une mécène passionnée, connaisseuse et active, qui a su trouver sa place dans la gestion de l’institution française au Japon.

IDEAT : Il y a une douzaine d’années, l’existence de cette villa a été remise en cause. Cette fragilité est-elle toujours d’actualité ?

Adèle Fremolle : Non, plus du tout. D’ailleurs, il suffit de regarder le nombre de lieux de ce type qui se créent chaque année et l’importance d’une résidence dans la carrière d’un artiste. Une prise de conscience de ce qui se passe dans les villas s’est produite (Villa Médicis, Casa de Velázquez, Villa Albertine…).

Vue de l’un des studios de la Villa Kujoyama.
Vue de l’un des studios de la Villa Kujoyama. Arnaud Rodriguez

À propos de cette période de transition, il faut saluer Pierre Bergé, qui était intervenu de manière significative dans le financement des travaux, ainsi que Saint-Gobain et, déjà, la Fondation Bettencourt Schueller. Les résidences ne sont plus des lieux repliés sur eux-mêmes. Au contraire, ce sont des entités ouvertes qui permettent d’établir des liens et des échanges culturels forts.

Au delà des moments d’accueil du public, nous recevons chaque année quelque 300 visites officielles, c’est dire l’intérêt que la Villa Kujoyama suscite. Aujourd’hui, elle fait partie des sites qui rayonnent dans le monde. Lorsque l’on regarde la liste des 400 lauréats passés par là… l’endroit est devenu mythique et a d’ailleurs souvent marqué leur parcours. Ils disent couramment qu’il y a un « avant » et un « après ».

IDEAT : De nouveaux projets en vue ?

Adèle Fremolle : Nous allons bien sûr célébrer les 10 ans de l’introduction des métiers d’art avec un certain nombre d’événements organisés au Japon et en France. Et du côté des résidences 2025, nous créons un programme réservé aux duos et aux binômes « arts et sciences ».

Cette composante devrait permettre d’accroître les relations avec le milieu universitaire, les laboratoires de recherche et de s’inscrire dans ce type d’interconnexions qui est de plus en plus fréquent.


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