L’hôtel Janu, à Tokyo, l’aîné d’une nouvelle famille en devenir. Nouvelle marque du groupe Aman, qui signe certains des hôtels les plus beaux au monde, ce premier rejeton s’implante dans 13 des 54 étages de l’une des plus hautes tours du nouveau quartier d’Azabudai Hills, et est l’œuvre d’un Belge : Jean-Michel Gathy.
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IDEAT : Vous êtes intervenu sur des adresses Aman. En quoi l’architecture des hôtels Janu est/sera différente de sa grande sœur ?
Jean-Michel Gathy : Les hôtels Aman sont conçus en mettant l’accent sur l’intimité et la confidentialité alors que Janu représente un « style de vie », avec de nombreux espaces F&B, des activités et un spa dynamique. Son identité est encore jeune mais elle porte en elle une partie de l’ADN d’Aman, en particulier dans l’inspiration contemporaine et asiatique. Pour être plus précis, cette nouvelle marque est plus audacieuse, avec des couleurs plus vives, davantage de motifs et de textures. La marque présente également des œuvres d’art modernes.
Que raconte l’histoire du Janu Tokyo ?
J.-M. G. : La colline Azabudai s’est développée en intégrant et en fusionnant un parc verdoyant dans le plan d’urbanisme. Ce développement massif et a été une source d’inspiration pour notre équipe de design d’intérieur. L’ensemble des œuvres d’art est le plus représentatif de cette inspiration. En parallèle, la plupart des espaces F&B sont d’influence européenne. Janu est un subtil mélange d’ambiance européenne dans un décor japonais complété par une ambiance de jardin.
Beaucoup d’éléments sont hérités de la tradition japonaise. Lesquels ?
J.-M. G. : A première vue, le style traditionnel japonais prédomine mais il est enrichi de touches occidentales. Les chambres des hôtes sont l’exemple le plus représentatif du mélange occidental et japonais. La base est très japonaise dans son essence et semble l’être, pourtant, chaque détail a un twist occidental, parfois évident, parfois très subtil et raffiné. Par exemple, lorsque les lampes de chevet des chambres sont éteintes, il s’agit d’un abat-jour carré minimal très discret composé de tissu blanc et de fines boiseries. Et lorsque la lumière est allumée, une autre couche apparaît sous le tissu plissé en forme de cône, typique de la culture occidentale et française. Le côté traditionnel japonais apparaît à première vue mais finalement pas tout à fait.
Avez-vous dessiné le mobilier de l’hôtel ? Si non, quelles marques avez-vous choisies ?
J.-M. G. : Tout le mobilier tel que les armoires, tables, consoles… a été conçu en interne, mais la réglementation nous a imposé de travailler différemment pour toute les assises (chaises, fauteuil, canapé). Notre sélection s’est principalement portée sur Stella Artworks, RH, Billiany, Pedrali et, pour l’extérieur, nous avons opté pour Tribu et Fermob.
Quel est votre espace favori et pourquoi ?
J.-M. G. : Nous les aimons tous, mais nous avons tout de même deux coups de cœur. Le salon après la réception, un espace qui possède un plafond haut et très étroit. Cet espace est mis en valeur par des jeux de miroirs et des demis abat-jours massifs se reflétant dans les miroirs avec un mobilier lumineux. Tout ce travail donne beaucoup de caractère à l’espace. Et la pâtisserie, au rez-de-chaussée, qui est aussi un espace au plafond très étroit et haut, mais sans fenêtre vers l’extérieur. Nous avons utilisé le puits de lumière et l’avons souligné avec une lampe surdimensionnée, d’inspiration occidentale et ombragée, dans le ton de la lumière du jour. La palette de couleurs est très féminine avec du marbre rose et des planches de bois de chêne clair, associées à une banquette à longues bandes, pour un salon de pâtisserie franco-italien intime très rafraîchissant.
Janu Tokyo est une incarnation d’un luxe ultra moderne. Quels éléments avez-vous pensé afin que cet hôtel reste actuel longtemps ?
J.-M. G. : Janu est définitivement un hôtel moderne et branché, mais le dit l’adage : « Ce qui est à la mode se démode rapidement ». Le mélange de toile japonaise traditionnelle comme fond avec des détails occidentaux modernes et classiques permet à Janu d’avoir un pied dans deux univers, modernes et classiques qui lui permettront d’avoir du cachet dans son époque tout en restant intemporel.
L’aventure Janu ne fait que commencer. Comment voyez-vous l’avenir ?
J.-M. G. : Sans vouloir parler pour le groupe Aman, nous imaginons Janu se développer principalement dans un environnement urbain de grandes capitales avec un style de vie qui accompagne ces environnements, ou en resort que nous serions heureux d’accompagner.
> Hôtel Janu Tokyo, 1-chōme-2-2 Azabudai, Minato City, Tokyo. Site internet.
