L’un des rares avantages de la pandémie, qui rend les voyages compliqués, c’est qu’on redécouvre combien notre pays est magnifique, notre façade maritime – du Touquet à Menton – probablement la plus belle du monde, et qu’il existe en France des merveilles nichées dans des jardins paradisiaques, avec vue féerique, service d’un autre âge et classe absolue. À l’instar du palace qui nous intéresse à Saint-Jean-Cap-Ferrat, à quelques kilomètres de Nice. Une adresse enchanteresse…
Les senteurs méditerranéennes
Vous quittez Nice et sa promenade des Anglais dans la Fiat 500 électrique que vous avez louée à l’aéroport. Il fait un temps magnifique ! Au volant, vous voilà sur la basse corniche (en silence…). Vous traversez Villefranche-sur-Mer, la vue est époustouflante et la présence des yachts de la rade confirme que l’endroit est recherché pour sa beauté. Le vent vous effleure le visage, les senteurs de la Méditerranée vous saisissent : celle des pins, des orangers et des eucalyptus.
Vous laissez Beaulieu-sur-Mer à votre gauche et débouchez sur le cap Ferrat. Un détour dans le village ou plutôt dans le petit port de pêche où le temps semble s’être arrêté… Ici, pas un bruit, ni klaxon ni sirène de police. On comprend que les rois belges aient investi le cap pendant des générations pour trou- ver la tranquillité et un luxe non ostentatoire, ultra-chic, ultra-simple. La voiture arrive devant une grille élégante. Une fois votre identité déclinée au portier, tout le personnel de l’hôtel vous appellera par votre nom : au bar, à la piscine, au spa ou au restaurant, comme si vous étiez un habitué. Quel plaisir de savoir que vivent encore des établissements de ce niveau! Pas étonnant que l’hôtel ait été élu par le magazine Condé Nast Traveler, en 2017, « meilleur hôtel de bord de mer de toute l’Europe ».
Grand-Hôtel du Cap-Ferrat grandiose
La Fiat 500 part dormir dans son garage et vous découvrez le lobby – décoré, comme l’ensemble de l’hôtel, par Pierre-Yves Rochon – ainsi que la splendide rotonde, dessinée par Gustave Eiffel en 1909, qui offre une vue éblouissante sur la mer. Les tons sont clairs, apaisants : marbres de Perse ou Calacatta et lin blanc renforcent la luminosité. Il est temps de monter dans votre chambre. La baie vitrée est ouverte et le balcon vous tend les bras. Sept hectares de jardins extraordinaires s’étendent de l’entrée de l’hôtel jusqu’aux falaises.
Ils sont l’œuvre du célèbre paysagiste Jean Mus. Le bâtiment historique compte 33 chambres et 16 suites spacieuses. Elles sont décorées de reproductions d’œuvres d’anciens clients : Picasso, Cocteau, Matisse, Chagall, Modigliani ou encore Rodin. Sur le côté de l’établissement, La Résidence, à l’architecture et au mobilier plus contemporains, accueille des familles et des clients qui souhaitent plus de tranquillité encore avec, notamment, une piscine devant la chambre, à l’abri des regards, et un service à la carte.
Une ambiance décontractée
Direction la piscine du « Club Dauphin », accessible grâce à un téléphérique digne d’un James Bond – Roger Moore avait d’ailleurs ses habitudes à l’hôtel depuis le tournage d’Amicalement vôtre dans la région. Le grand sourire de Johann Burgos vous y accueille. Ambiance décontractée pour déjeuner, sauf que le chef qui a signé la carte est Yoric Tièche, que vous retrouverez le soir, au gastro. L’homme puise son inspiration dans ses racines méridionales et dans la mer. Salades divines, tempuras, shiso, ceviche, burrata, houmous, keftas… Un festival où malgré tout le végétal domine. Jetez quand même un coup d’œil aux poissons du jour !
Autour de la piscine olympique, 180 chaises longues et 19 cabanas (terrasse équipées de toits de toile) vous permettent de vivre en mode slow toute la journée… qui passe vite… Apéritif au bar, à l’ombre des pins d’Alep, avec vue sur la mer et ambiance jazzy. Dans quelques minutes, on va venir vous chercher pour vous installer à la table du Cap (une étoile Michelin) pour savourer, donc, la cuisine du talentueux Yoric Tièche (42 ans). Débuts à Aix-en-Provence, chez Jean-Marc Banzo, puis Courchevel, l’île Maurice, Le Negresco, à Nice, l’Hôtel Belles Rives, à Juan-les-Pins et, depuis 2017, le Grand-Hôtel du Cap-Ferrat.
Festival de saveurs
Le cadre est exceptionnel. Vous avez l’impression d’être seul au monde sous les pins et devant le jardin méditerranéen, qui vous inonde de sa beauté et de ses parfums : citrus, bougainvilliers, citronniers, figuiers de Barbarie… Yoric Tièche, fort d’un parcours classique, ne cherche pas à vous en mettre plein la vue. Ses plats sont clairs, lisibles, évidents, fluides mais techniques, avec du caractère, gorgés de fraîcheur et de vie: un festival de saveurs des meilleurs produits de l’arrière-pays ou de la mer, comme ces couteaux et coques au naturel rafraîchis aux algues et agrumes, avec bavaroise de fenouil ; ces filets de rouget à la pulpe d’olive, cuits sous le grill, avec cœur de tomate au basilic et jus d’arêtes « tomaté » ; ou ces pointes d’asperges en gelée de thym frais. Désarmant de simplicité.
Des desserts signés Florent Margaillan
Un dîner au Cap ne peut s’envisager sans dessert. Car c’est là que Florent Margaillan (formé chez Yannick Alléno) intervient. Oh ! le vacherin glacé aux framboises ! Le parfait de noix de coco et crémeux de coriandre! Le chocolat « criollo » ou le croustillant aux noisettes du Piémont-crème glacée ! La cave est splendide avec, à sa tête, un grand sommelier: Joël Rolland. Laissez-vous guider par sa science en lui donnant des indications très précises sur ce que vous voulez ressentir… Il s’occupe du reste.
Le lendemain, ne ratez pas le petit déjeuner sur la terrasse de La Véranda. L’ambiance y est feutrée et vos désirs y sont des ordres. C’est, hélas, l’heure du départ. Il faut libérer la chambre et quitter cette vue magnétique qui va vous rester en tête. Votre jolie 500 est avancée. Les bagages sont déjà dans le coffre, le moteur ne fait aucun bruit, la grille s’ouvre lentement, Spotify vous câline avec la BO de La Grande Bellezza (The Beatitudes, de Vladimir Martynov)… Vous roulez au pas, et vous quittez le cap tranquillement en doutant d’être venu, puisque tout s’est passé comme dans un rêve.
> Grand-Hôtel du Cap-Ferrat, +33 4 93 76 50 50. Fourseasons.com
