Fernando Marante dévoile son travail chez Bigaignon

Soucieuse de proposer des expositions photographiques qui interrogent les fondements même de la pratique, comme la lumière et le temps, la galerie Bigaignon met en avant le travail de Fernando Marante centré sur le mouvement et sa décomposition.

Ses oeuvres évoquent autant les dessins de Ronan Bouroullec que les mobiles d’Alexander Calder. Exposé pour la première fois à la galerie Bigaignon, le travail de l’artiste portugais Fernando Marante questionne les effets du temps sur la construction même d’une image photographique. Visible jusqu’au 28 mai, ses images sont mises en relation avec deux sculptures de l’artiste néerlandais Hans Kooi.



Intitulée « Ballet Mécanique » en référence au film expérimental de Fernand Léger construit à partir d’images mécaniques et répétitives, l’exposition joue sur l’idée des mouvements. En partant du postulat selon lequel il n’existe pas de photographie abstraite puisqu’une image part toujours d’un référent ancré dans le monde réel, Fernando Marante développe une pratique qui interroge la construction même du temps et du mouvement.

À l’aide de ventilateurs, de moteurs électriques et parfois même de son propre corps, il créé du mouvement sur des surfaces en papier, en plastique, en verre ou encore des câbles métalliques et attend qu’une image se produise pour la capturer avec son appareil photo. En utilisant le temps comme un outil permettant de multiples variations, Fernando Marante obtient des photographies qui lui permettent de révéler la perception de son processus chez celui ou celle qui regarde les oeuvres.

La sculpture de Hans Kooi (à gauche) répond formellement et conceptuellement aux oeuvres de Fernando Marante. Issue de la série Exercises on gravity, la photographie de Fernando Marante (à droite) réalisée à l’aide de disque de papier mis en mouvement à l’aide de câbles rend compte de la métamorphose aléatoire des formes. Elle rappelle autant des suspensions, que des lampes ou encore des mobiles…
La sculpture de Hans Kooi (à gauche) répond formellement et conceptuellement aux oeuvres de Fernando Marante. Issue de la série Exercises on gravity, la photographie de Fernando Marante (à droite) réalisée à l’aide de disque de papier mis en mouvement à l’aide de câbles rend compte de la métamorphose aléatoire des formes. Elle rappelle autant des suspensions, que des lampes ou encore des mobiles… © Courtesy Galerie Denise René / Courtesy Bigaignon


Un espace qui redéfinit les codes de la galerie

C’est dans l’espace de la rue du Bourg-Tibourg que Thierry Bigaignon a étendu d’une part la surface d’exposition mais également le concept même de la galerie d’art. En la qualifiant de galerie d’art contemporain photosensible, il tend vers une approche plus inclusive de la photographie et la pousse vers ses retranchements. L’exposition « Ballet Mécanique » de Fernando Marante en est l’illustration parfaite puisqu’elle donne à voir des oeuvres qui cherchent à « fixer les images au-delà des limites de l’oeil humain», et qui offrent donc une réflexion poussée sur le médium photographique.

Pour prolonger l’expérience des visiteurs dans la galerie, une librairie curatée tous les 3-4 mois par des personnalités du monde de l’art comme Marc Lenot, Georges Rousse ou encore Catherine Millet permet d’enrichir la visite et de découvrir une sélection d’ouvrages parfois inédits et toujours choisis avec soin. Enfin, le fait d’ouvrir une réserve au public permet d’aller regarder et dénicher des oeuvres pas encore montrées ou des expositions passées.

Spacieux et lumineux, l’espace d’exposition de la galerie permet une déambulation et une appréhension des oeuvres optimales.
Spacieux et lumineux, l’espace d’exposition de la galerie permet une déambulation et une appréhension des oeuvres optimales. © Courtesy Bigaignon


> Exposition de Fernando Marante à la Galerie Bigaignon, 18 rue du Bourg-Tibourg, Paris 4e, jusqu’au 28 mai 2023.