Dans le Piémont, la ferme Amilu allie beauté architecturale et souci environnemental

Dans le Piémont, il existe un endroit unique où développement durable, hôtellerie et design vont de concert. À la ferme Amilu, la pratique d’un certain art de vivre participe au sentiment de faire partie d’un tout.

Montferrat, dans le Piémont. Un sol sacré pour le goût et les traditions, une terre fertile et héritière d’un classicisme qui ravit les bons vivants, les chasseurs de truffes et les amateurs de vins. Fruit de la vision d’un couple franco-américain, Kate Havran et Pierre Lahutte, la ferme Amilu – entourée de collines et de forêts luxuriantes et escarpées – a été imaginée autour d’une approche hollistique qui se concentre sur la biodiversité des écosystèmes, des communautés et des économies.


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Retour à la terre

« Nous avons choisi cette région parce que nous y habitons depuis 2008. C’est ici que nos trois enfants ont grandi. Avant de nous installer ici, nous avons voyagé à travers le monde. En 2015, nous avons pris la décision de vivre à la campagne à temps plein, près de Turin, des montagnes et de la mer. L’endroit parfait pour démarrer un projet ambitieux », explique Kate.

Derrière le projet de la ferme Amilu – un lieu pluriel qui vise notamment l’autosuffisance –, Kate Havran et Pierre Lahutte, avec deux de leurs trois fils Adrian, Milan et Luka.
Derrière le projet de la ferme Amilu – un lieu pluriel qui vise notamment l’autosuffisance –, Kate Havran et Pierre Lahutte, avec deux de leurs trois fils Adrian, Milan et Luka. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

Après avoir suivi des études en anthropologie, l’Américaine s’est en effet toujours adaptée aux changements de situation. Alors, lorsque son mari, français, Pierre Lahutte, exprime son désir de retourner à la nature, Kate saisit l’occasion.

« Ce projet de vie est né du désir de mon mari de retrouver une partie précieuse de son enfance qui puisse inspirer ses fils (Amilu est la contraction de leurs prénoms Adrian, Milan et Luka) et de mon aspiration à créer un havre de paix pour notre famille, tout en m’investissant dans une entreprise stimulante qui pourrait avoir un impact positif sur le monde », renchérit Kate.

La cuisine, l’espace commun et social de la propriété et pièce préférée des propriétaires, offre une superbe vue sur le paysage, en constante évolution.
La cuisine, l’espace commun et social de la propriété et pièce préférée des propriétaires, offre une superbe vue sur le paysage, en constante évolution. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

Et si son mari voyage fréquemment, ici, Pierre Lahutte reconnecte avec la nature, la famille. « Quand il est à la maison, il se transforme en agriculteur amateur. Lui, qui a grandi dans une famille de cultivateurs du nord de la France, revit son enfance à la ferme », poursuit Kate.

Avec ses murs de brique scénographiquement disposés et sa piscine brillante comme un miroir, la ferme Amilu surprend. Ce qui rend la ferme unique, c’est sa nature architecturale: une structure brutaliste, moderniste, qui incorpore du ciment, du bois, de la brique et de la pierre mais loin du cliché de la ferme italienne.

L’espace de vie, vu d’en haut. Canapé Cupcake en cuir (Bretz).
L’espace de vie, vu d’en haut. Canapé Cupcake en cuir (Bretz). MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

Une ferme piémontaise inspirée du Bauhaus et du Corbusier et réinterprétée par l’architecte Luca Gandini – du studio F:L Architetti – qui a utilisé des matériaux de la région pour leur expressivité, leur résistance, mais surtout pour respecter « la recherche éthique souhaitée par les clients ».

Ferme écoresponsable

Dans ce lieu qui vise l’autosuffisance, l’eau de pluie est récupérée, des panneaux solaires ont été installés, les toits ont été végétalisés, assurant l’isolation thermique. Quant aux pratiques agricoles, priorité est donnée à la santé des sols: compostage et diversités microbiennes et des écosystèmes.

Clin d’œil aux fermes plus traditionnelles, l’utilisation de matériaux tels que le bois et la pierre, comme ici dans les escaliers et le couloir.
Clin d’œil aux fermes plus traditionnelles, l’utilisation de matériaux tels que le bois et la pierre, comme ici dans les escaliers et le couloir. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

Dans une volonté de sensibilisation en faveur d’une agriculture et d’un mode de vie régénérateurs, le lieu s’ouvre au public, à l’occasion de visites ou d’ateliers. Mais pas seulement. « Notre but est d’offrir à nos hôtes un espace où ils peuvent se ressourcer, immergés dans la nature », assure Kate.

Et l’architecte Luca Gandini, d’ajouter: « Les propriétaires voulaient construire une ferme organique reliée à leur habitation. Le corps de ferme existant, mal restauré, datait de 1930. Nous avons donc démoli puis reconstruit en conservant l’empreinte de l’ancienne ferme que nous avons esthétiquement enrichie pour créer un mariage harmonieux entre cette ferme ressourçante et un design radical. »

Kate Havran, la propriétaire, de nationalité américaine, a travaillé dans le monde de la création numérique à Londres et étudié l’anthropologie avant de créer la ferme Amilu avec son mari français, Pierre Lahutte.
Kate Havran, la propriétaire, de nationalité américaine, a travaillé dans le monde de la création numérique à Londres et étudié l’anthropologie avant de créer la ferme Amilu avec son mari français, Pierre Lahutte. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

Au premier coup d’œil, si la façade en briques apparentes fait référence aux granges des fermes traditionnelles, la ferme Amilu se distingue par un volume très pur. La partie privée, en revanche, est caractérisée par un volume en ciment blanc.

Brutaliste, le couloir de la partie privée, réalisé par le studio F:L Architetti, est entièrement en béton. Dans les salles de bains, d’anciens mortiers de pierre pour « pesto » sont utilisés comme lavabos.
Brutaliste, le couloir de la partie privée, réalisé par le studio F:L Architetti, est entièrement en béton. Dans les salles de bains, d’anciens mortiers de pierre pour « pesto » sont utilisés comme lavabos. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

« Lorsque nous avons dû réfléchir au projet, nous avons pensé à une intervention architecturale vernaculaire avec l’insertion de volumes et de lignes modernistes. En fait, une réinterprétation de la ferme piémontaise typique », reprend l’architecte.

Dans la chambre principale, pour adoucir l’esthétique radicale du béton gris, le bois a été utilisé pour les portes, le plancher et le lit.
Dans la chambre principale, pour adoucir l’esthétique radicale du béton gris, le bois a été utilisé pour les portes, le plancher et le lit. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

Ainsi, avec le bâtiment principal en retrait, parallèle aux courbes de la colline et au volume de la grange, la zone d’habitation crée un espace protégé, à l’instar d’une ferme moderne. Quant aux multiples ouvertures rondes, elles diffusent ombres et lumières dans la résidence.

Dans la salle de bain, baignoire Egg (Rexa Design).
Dans la salle de bain, baignoire Egg (Rexa Design). MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

Ainsi, l’intensité de la lumière à l’intérieur varie au fil des heures du jour et des saisons. Le soir, l’effet de lanterne est admirable. Sur la façade sud, elles régulent également la chaleur et filtrent la lumière du soleil pour éclairer l’espace de la cuisine. Propriétaires ou visiteurs de passage, la ferme Amilu veut nous réconcilier avec la nature.

> Amilu Farm, Strada della Trinità 39, Gassino Torinese, Piémont, Italie. Plus d’informations ici.


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