Ils sont libres comme l’air. Anna Trubuhovich et Daniel King-Turner se sont posés à Bali comme deux oiseaux en quête d’un nid, après avoir longtemps voyagé. Depuis ses 15 ans, Daniel parcourt la planète, de tournois en compétitions, atteignant des sommets au classement ATP du tennis mondial. Anna a pratiqué son métier de coach de vie de Londres à Vancouver. Tous deux sont néo-zélandais.
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Le corps et l’esprit
Quand l’heure de la retraite sportive du tennisman a sonné, Bali leur a semblé le spot idéal pour s’installer et fonder une famille. Ils viennent d’y achever une maison à leur image : vaste, sculpturale, naturelle et… consacrée au sport. Voilà sept ans, Anna découvrait les vertus du yoga kundalini, une discipline venue d’Inde qui combine le souffle, les postures, les mantras, la méditation…
Parfaite pour libérer le stress en relâchant les blocages qui empêchent l’énergie de circuler. Une partie de la maison abrite son école de yoga, Freebird Studio. « Freebird, c’est un nom qui nous représente. Il invite les personnes qui viennent ici à enfin ouvrir leurs ailes », dit-elle.
Après avoir acheté un terrain, le couple a fait appel à l’architecte Alexis Dornier rencontré sur l’île grâce à des amis communs. Basé à Bali, cet Allemand d’origine a longtemps travaillé à New York. Son agence, Alexis Dornier Makings, construit des bâtiments futuristes en utilisant des techniques artisanales locales.
Il décrit son style comme un mélange de minimalisme japonais et de modernisme tropical. Le projet qu’il a dessiné pour Anna et Daniel s’inspire de la Glass House de l’architecte Kengo Kuma. Pourvu de baies vitrées rétractables, le salon suspendu s’ouvre entièrement sur un jardin luxuriant et sur les rizières au loin. Flanqué de deux ailes latérales – encore des ailes –, l’habitation aux murs de béton forme un H…
Architecture moderniste
Au centre, une piscine comme une colonne vertébrale passe sous le salon au sol en verre transparent. Les murs sont habillés de paras kerobokan, la pierre locale. Les plafonds sont en bois de bangkirai, une essence typique de l’Asie du Sud-Est.
Deux villas privées, destinées à la location, occupent un peu plus loin le jardin. L’une adopte des tonalités blanches, l’autre, des tonalités noires, comme le yin et le yang. Chacune profite de sa propre piscine. Avant la pose de la première pierre de leur domaine, comme il est de coutume à Bali, les propriétaires ont demandé aux esprits du lieu la permission de s’installer.
L’aménagement a été confié au studio Kosame, une jeune entreprise française située à Bali, qui édite des collections de meubles tout en proposant ses services d’architecture intérieure.
« Nous avons dessiné 95 % du mobilier, raconte Guillaume Devora, le cofondateur. Et également chiné des antiquités et des objets artisanaux. Comme Alexis Dornier, nous sommes influencés par le Japon. Nous aimons le wabi-sabi, un style simple, naturel, qui s’embellit avec le temps. Nous n’employons jamais de plastique ni de couleurs qui n’existent pas dans la nature. »
La maison abrite une grande salle de gymnastique privée, presque aussi vaste que le salon. Sur un sol en fibre de coco est disposé le matériel sportif de la marque allemande WaterRower Nohrd, la Rolls de l’équipement écoresponsable.
Chaque accessoire de fitness, en bois certifié, est fabriqué à la main par des artisans. Les éléments en cuir sont tannés sans produit chimique. Le tapis de course Sprintbok, en bois, acier et caoutchouc, n’est pas motorisé, mais fonctionne à la force des jambes.
Daniel possède une pièce où un simulateur de golf lui permet d’exercer son swing virtuellement sur les plus beaux parcours de la planète. Le reste du temps, il gère ses activités depuis son canapé, car la maison ne comprend pas de bureau.
« La vie de Daniel n’a jamais été conventionnelle », sourit Anna. Elle-même dispense des cours de yoga dans un studio avec entrée privée. Les élèves déposent leurs affaires dans un dressing où les attend leur tapis.
Tout en haut de la maison, un grand espace dépouillé ressemblant à une cage de verre est conçu comme un nid. C’est ici que les pratiquants viennent débloquer leur énergie lors de séances au son du gong, qui finissent dans les chants et les cris de libération.
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