Si d’aventure vous décidiez d’inviter votre amoureux(euse) aux Roches blanches, un minimum de ruse s’impose : repérer l’heure du coucher du soleil et s’arranger pour arriver une virgule avant. 100% de chance de récolter, à l’instant d’ouvrir les rideaux de la chambre, l’un de ces sourires éblouis qui marquent une vie.
Face à vous, le Cap Canaille, géant de roches rousses au nez busqué plongeant dans les flots. Il ne varie jamais, continue de flamboyer comme une torche au lever du soleil et d’illuminer de sa gifle pyrotechnique les soirées des hôtes des Roches blanches. L’hôtel, lui, a encore changé.
Les Roches Blanches s’offrent une extension
C’était notre coup de cœur il y a trois ans. Nous avions partagé le réveil, au sortir d’un ambitieux chantier, de cette adresse iconique posée à la sortie du port de Cassis. Au début du siècle, l’imposante maison de maître fin XIXe fut le rendez-vous de la jet-set des Années Folles et des starlettes de la génération Pagnol. Elle continuait d’accueillir le gratin marseillais pour des réunions de famille, un peu essoufflée…
Au terme d’un titanesque chantier de revamping confié à l’architecte Monika Kappel, la grande villa blanche est devenue une élégante retraite les pieds dans l’eau, en tête-à-tête avec la Méditerranée.
Chance : la bastide voisine se libérait, Monika Kappel vient donc de se remettre à sa table à dessin pour offrir un visage à cette nouvelle donne. Pari réussi. Le nouvel hôtel semble avoir toujours existé. Un cordon ombilical, abritant des suites avec rooftops, relie désormais les deux villas.
Caroline Blanc signe la décoration d’une nouvelle suite
L’une des suites, dotée d’une des vues XXL sur le Cap Canaille, porte la signature de Caroline Blanc, digne héritière du regard de son père, l’éditeur et fondateur des magazines IDEAT, The Good Life et Dim Dam Dom. Caroline a respecté l’esprit des lieux en y apportant ses couleurs.
Un somptueux jaune safran pour les deux canapés Julep de chez Tacchini, parfaites virgules posées face à la mer dans le salon ovale du rez-de-chaussée. À l’étage du duplex, coiffeuse, fauteuils et table d’appoint du bleu des profondeurs, sont siglés Maison Dada, pour l’esprit Art déco, mais pas trop. Un nid d’aigle stylé pour séjour exclusif en amoureux.
Une nouvelle villa qui embrasse l’esprit Riviera
Quant à la nouvelle magnifique villa « Cala Bianca », elle se niche au bout de la propriété et abrite désormais deux appartements prêts à être privatisés (quatre chambres, deux salons avec cuisines et salles à manger, hammam, salle de fitness et indispensable salle de massages !), pour une discrète échappée entre amis.
Experte à se faufiler entre les volumes, Monika Kappel a décaissé, exploré les combles, et transformé cette banale bâtisse du Sud en un espace lumineux de 290 m² décliné en blancs crémeux et beiges, réponse à la roche calcaire des calanques.
La physionomie de l’hôtel évolue, mais son esprit Riviera demeure. Le plaisir d’y séjourner reste inchangé : ouvrir sa baie vitrée le matin pour respirer les effluves piquants montant du jardin, mélange de maquis et d’iode, sentir l’air pétiller comme du soda, flotter au ras du panorama dans l’une des piscines, partir pique-niquer sur une île grâce au « pointu » de la maison, paresser dans le jardin, s’offrir une expédition shopping à Cassis… Et surtout annexer l’une des nombreuses terrasses pour admirer sans jamais se lasser le crépuscule enflammer le Cap, tellement Canaille. Le paradis sur terre.
> Les Roches Blanches. 5*. 45 chambres et suites. 9, avenue des Calanques, Cassis. Tél. : 04 42 01 09 30. Site Internet.