Prolonger les sensations de découverte et de dépaysement grâce au pouvoir des images … Tout un programme ! Des paysages de l’Ouest étasunien à ceux de Normandie, des natures mortes au portrait d’une société sous le joug de la mafia sicilienne… Voici les expos photo qu’IDEAT vous recommande de voir à la rentrée.
« Letizia Battaglia, Chronique, Vie, Amour » à l’Institut Culturel Italien
Dernières semaines pour profiter de l’exposition de l’immense photojournaliste sicilienne Letizia Battaglia, une des premières femmes à avoir exercé le métier. Dans l’hôtel particulier Galliffet, qui sert d’écrin à l’Institut Culturel Italien, ses touchantes photographies associées aux coupures de presse forment un ensemble anachronique avec l’architecture et décoration intérieure des lieux, permettant néanmoins une véritable immersion dans une époque singulière en Sicile, celle des années 70 à 2000.
Loin d’exprimer une vision manichéenne de la vie, le noir et blanc des images tend plutôt à faire ressortir la complexité des événements et comportements humains que la photographe capture avec justesse. Des petites filles jouant dans les rues de Palerme, des corps déchus – principalement victimes des crimes de la mafia -, des familles victimes de l’extrême pauvreté, des couples profitant des bonheurs simples de la vie, des mères pleurant leur défunt fils ou mari… Letizia Battaglia saisit avec constance et intensité le sang qui coule, l’allégresse des mariages ou des jeux d’enfants ou encore la peine occasionnée par les attentats, et relie ainsi visuellement la vie, l’amour et la mort.
> Exposition « Letizia Battaglia, Chronique, Vie, Amour » à voir jusqu’au 29 septembre à l’Institut Culturel Italien (Paris 7e)
« Simon Roberts, Un air de vacances » à la galerie Sit Down
Bien que sa pratique soit essentiellement tournée vers le paysage, il y a chez Simon Roberts un écho certain à celle de l’éminent photographe britannique Martin Parr. Dans une exposition intitulée « Un air de vacances », il présente à la galerie Sit Down, l’une de ses séries réalisée en Normandie, résultat d’une commande passée par le Centre photographique de Rouen.
Dans ses paysages grand format où se mêlent l’humain et le naturel, Simon Roberts poursuit sa réflexion sur l’identité et les relations qui unissent l’histoire d’un territoire et sa culture. Les clichés capturés brossent ainsi le portrait d’une zone géographique riche en histoires, paysages et coutumes. En fin observateur, il saisit tour à tour les fêtes, les commémorations, les loisirs qui peuplent les vies de ces hommes et ces femmes foulant la Normandie.
> Exposition « Simon Roberts, Un air de vacances » à voir jusqu’au 21 octobre à la galerie Sit Down (Paris 3e)
« Maya Inès Touam, Les choses qui restent » à la galerie Les Filles du Calvaire
Dans ses photographies qui ressemblent à s’y méprendre à des peintures, l’artiste algérienne Maya Inès Touam mêle éléments iconographiques de deux cultures : l’Orient et l’Occident. Un fertile dialogue en émane, dans lequel les objets du quotidien retranscrivent les récits traditionnels de leur pays d’origine. Des fruits exotiques aux objets comme le wax, chaque élément qui compose ses photos-tableaux évoque l’art de la nature morte.
Inspirée aussi bien des fauvistes pour le traitement des couleurs que des peintres de la Renaissance, en particulier des flamands, pour l’attention qu’elle porte aux détails, Maya Inès Touam ponctue ses images d’éléments qu’elle s’approprie. Intitulée « Les choses qui restent », l’exposition permet justement une réflexion sur ce qui persiste. Que reste-t-il de la culture dont l’artiste est issue alors même que le monde, hyper connecté, tend à estomper les singularités ? À travers ses mises en scènes hautes en couleurs et chargées de symboles, Maya Inès Touam tente de proposer des pistes de réponses, créant un espace hybride et libre.
> Exposition « Maya Inès Touam, Les choses qui restent » à voir jusqu’au 28 octobre à la galerie Les Filles du Calvaire (Paris 3e)
« Guillaume Zuili, No End in Sight » à la galerie Clémentine de la Feronnière
Connu pour son travail d’exploration des capitales telles que Paris, Berlin ou Prague couplé à la maîtrise de techniques singulières comme la chambre photographique, Guillaume Zuili expose deux séries récemment réalisées aux États-Unis. L’une, intitulée Joshua Tree, est prise dans le fameux parc national de la Californie. L’autre, American Redux, dans les zones urbaines de Los Angeles.
L’ensemble propose un portrait ambivalent de cette zone de l’Ouest étasunien, sublimé par une esthétique inspirée tout autant du pictorialisme (mouvement photographique du XIXe siècle qui utilise des techniques pour que l’image s’approche de la peinture ou de la gravure) que de la straight photography (photographie dite « pure », qui tente de proposer une représentation photographique aussi réaliste et objective que possible). Grâce à la technique de tirage du lith, le contraste et le grain de chaque image sont accentués et le papier se teinte d’une couleur se rapprochant du sépia. En résulte des photographies saisissantes et inspirantes qui évoquent l’atmosphère de films noirs ou de romans policiers.
> Exposition « Guillaume Zuili, No End in Sight » à voir jusqu’au 23 décembre à la galerie Clémentine de la Feronnière (Paris 4e)