À la fois designer de mobilier, d’objets et de luminaires, commissaire d’exposition, directeur artistique, scénographe et architecte d’intérieur, Nestor Perkal occupe une place singulière dans le design des dernières décennies.
Né en 1951 à Buenos Aires, en Argentine, le jeune homme rêve alors d’un cursus en beaux-arts, mais son père lui réserve d’autres horizons : le développement de l’usine textile familiale. L’architecture apparaît finalement comme un bon compromis entre l’ambition paternelle et les velléités personnelles.
Diplômé en 1977 de la faculté d’architecture et d’urbanisme (FADU), Nestor Perkal quitte son pays un an plus tard. Ses séjours le conduisent à Londres, à Berlin et à Milan, le voient traverser l’Amérique du nord au sud, faire escale plusieurs mois au Mexique avant de se fixer à Paris. C’est là qu’en 1982 il ouvre un lieu hybride.
Une carrière aussi foisonnante qu’insolite
Consacrée au nouveau design international, l’adresse combine galerie et agence d’architecture intérieure, de design et éditrice de mobilier. Pionnière, elle y présente pour la première fois en France le mouvement Memphis, escorté par une pléiade de jeunes designers que Nestor Perkal contribue à faire connaître.
Parmi eux Enzo Mari, Javier Mariscal, Daniel Weil, Pierre Charpin, Nathalie Du Pasquier ou encore George J. Sowden. Polyvalente et transversale, cette expérience infuse une carrière aussi foisonnante qu’insolite, qui embarque dans son sillage une communauté fidèle de créateurs, de designers, d’artistes, ainsi que de fabricants, de commanditaires et de collectionneurs rencontrés au fil des projets.
Parmi les faits d’armes de Nestor Perkal : son bureau Azul et sa chaise Arco, présentés à l’exposition « Vivre en couleur », en 1985, à la Fondation Cartier (et qui ont intégré, depuis, le Fonds national d’art contemporain), « Algorithme » (de 1987 à 1994), une gamme d’argenterie devenue mythique, sans compter le Centre de recherche sur les arts du feu et de la terre (Craft), à Limoges, que l’insatiable Argentin met sur pied et dirige jusqu’en 2009.
Ce parcours se déploie au musée des Arts décoratifs et du Design, à Bordeaux, et dans une monographie signée Jeanne Quéheillard, théoricienne et critique de design que Nestor Perkal a rencontrée pour la première fois à Bordeaux en 1986.
> « Nestor Perkal. Des années 80 à aujourd’hui, une figure clé de la culture du design en France ». Au musée des Arts décoratifs et du Design, à Bordeaux (33), jusqu’au 8 janvier 2023. Madd-bordeaux.fr