Du musée Maillol au Centre Photographique de Rouen, cap sur trois expositions photo qui mettent à l’honneur des artistes majeurs du 20e siècle.
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Le théâtre de la vie
Au musée Maillol, une rétrospective consacrée au travail d’Elliott Erwitt (né en 1928) permet d’appréhender la prolifique carrière de cet éminent photographe. L’exposition aborde son œuvre de la même manière qu’il l’a conçue : les travaux en noir et blanc, issus de projets personnels, sont séparés des images en couleurs, résultant quant à elles de travaux de commande.
Si les séries présentées sont ainsi distinguées, le regard espiègle et tendre qu’Elliott Erwitt porte sur la vie imprègne, lui, la totalité de ses photographies. La multiplicité des sujets capturés dévoile sa volonté de ne pas se spécialiser et de laisser une porte ouverte sur chaque occasion présentée.
Des enfants aux célébrités en passant par les villes ou encore les chiens, à la taille desquels il s’abaissait afin de saisir un point de vue depuis leur hauteur, Elliott Erwitt propose une parenthèse amusante et touchante à travers ses clichés.
> « Elliott Erwitt. Une rétrospective ». Au musée Maillol, à Paris (VIIe), jusqu’au 15 août. Museemaillol.com
Paris, ombres et lumières
Ce qui ressort des images de Frank Horvat (1928-2020), c’est avant tout un esprit libre et curieux. Pour cet Italien exilé qui a parcouru le monde, Paris fut l’une des premières haltes. Objet de l’exposition au Centre photographique Rouen Normandie, la capitale française se révèle à travers des clichés pris dans les années 50, oscillant entre reportage et mode.
Si sa rencontre avec Henri Cartier-Bresson fut cruciale, il s’émancipa rapidement de la conception rigoureuse du maître de l’instant décisif en s’essayant à quelques mises en scène, notamment dans ses photos de mode. Dans l’optique de raconter Paris autrement, Frank Horvat a cherché à capturer des scènes intimes et quotidiennes, des moments suspendus du tourbillon de la vie parisienne. L’exposition pose ainsi la question de la perception et de l’appropriation d’une ville couplée à l’imaginaire du photographe.
> « Frank Horvat. Paris ». Au Centre photographique Rouen Normandie, à Rouen, jusqu’au 2 septembre. Centrephotographique.com
Trésors retrouvés
Il arrive parfois qu’une trouvaille insolite donne lieu à un éclairage nouveau sur l’histoire et la pratique d’un artiste. Lorsque Marco Bischof, le fils du photographe suisse Werner Bischof (1916-1954), découvre dans les archives de son père plusieurs boîtes contenant des centaines de négatifs sur plaques de verre datant des années 40, la question de la justesse de la restitution se pose.
Moins connu, le travail en couleurs de cet illustre photographe est ainsi présenté dans une exposition dont le titre, « Unseen Colour », fait écho à une facette inédite de son œuvre. Prises entre 1939 et 1949 avec trois appareils photo, parmi lesquels le Devin Tri-Color, les images mettent en lumière la capacité de Werner Bischof à exploiter le potentiel de la couleur et à l’intégrer à son processus créatif. En s’appropriant à merveille les techniques photographiques, il signe de surprenants clichés dont se dégage une grande modernité.
> « Werner Bischof. Unseen Colour ». Au MASI LAC, à Lugano (Suisse), jusqu’au 16 juillet. Masilugano.ch
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